Nouveau centre commercial de la Confluence: le démarrage risque d’être lent
De l’aveu même de Guillaume Poitrinal, Président du directoire d’Unibail Rodamco, son promoteur, le rythme de croisière du nouveau centre commercial de la Confluence, inauguré mercredi 4 mars, devrait être lent. Encore peu peuplé, le quartier n’est encore qu’en gestation, les possibilités de parkings sont relativement restreintes, malgré les 1 500 places affichées et le concept de centre commercial ouvert sur la ville qui fait la part belle aux loisirs et aux restaurants, est plutôt novateur. Mais c’est peut-être cette volonté haut de gamme, multipliant les offres ludiques qui pourrait faire son succès. A terme.
Centre commercial quatre étoiles. Courant dans l’hôtellerie, ce type de classement apparaît désormais dans l’univers des centres commerciaux. Au côté d’un Novotel quatre étoiles implanté à même le site, le nouveau centre commercial de la Confluence à Lyon affichant une superficie deux fois moindre que celle de la Part-Dieu (53 000 m2), affiche fiérement des l’entrée ses quatre macarons tout neufs.
Ce centre quatre étoiles est le nouveau concept issu du cerveau fertile de Guillaume Poitrinal, président du directoire d’Unibail-Rodamaco, PME du CAC 40 avec ses 1 600 salariés seulement, le promoteur et gestionnaire du nouveau centre commercial lyonnais, inauguré le mercredi 4 mars en grandes pompes.
Le centre commercial de la Confluence est le second en France après le Carré Sénart, dans la région, à arborer ce label qui devrait désormais être celui des centres commerciaux du 21ème siècle.
Un nouveau concept qui devrait être étendu à une vingtaine de centres en Europe. Il veut répondre aux menaces qui pèsent sur la distribution à l’ancienne, face aux nouvelles habitudes de consommation et notamment au e.commerce qui chaque année gagne un peu plus de terrain.
Contrairement à la Part-Dieu, boîte hermétique fermée, le nouveau centre commercial est largement ouvert sur la ville, en l’occurrence le quartier encore embryonnaire de la Confluence. Pas de climatisation. Ses larges terrasses truffées de restaurants donnent sur le quartier et sur la Saône.
Il s’agit certes d’abord d’un lieu de shopping avec une centaine d’enseignes dont un certain nombre de nouvelles, tels l’Américain Hollister, voire le Japonais Muji ou encore les Espagnols A Loja do gato et Suite Blanco. L’AppelStore qui a lui ouvert ses portes sur 1 800 m2 devrait drainer les applemaniaques en nombre, même s’il s’agit de la seconde cathérale Apple de ce type à Lyon, après la Part-Dieu. On y trouve enfin un Carrefour de 4 000 m2, une superficie inusitée pour cette enseigne.
Mais, en réalité Confluence n’est pas seulement un centre commercial car pour attirer au mieux le chaland aux côtés de ses boutiques, il offre d’autres bonnes raisons de sy rendre. On y trouve un spa, un mur d’escalade, un cinéma UGG de 14 salles, soit 3 500 sièges, mais il propose aussi une large place laissée au jouet sous toutes ses formes.
Le Ludopôle, déjà évoqué par Lyon-entreprises, comme l’immense « Village » du distributeur n°1 français Joué Club, le plus grand de France, devrait amener les enfants à s’instaurer premiers prescripteurs de ce centre de nouvelle génération.
Mais surtout la présence massive de dix-sept restaurants dont beaucoup au dernier niveau avec de larges terrasses donnant sur les collines de Saône et le quartier, devrait pour le promoteur, constituer une autre raison de se rendre dans ce centre commercial new look. Même si avec les trois immenses restaurants déjà installés non loin, à trois cents mètres de là-Rue le bec, Domo et Docks 40-l’offre peut apparaître pour l’heure disproportionnée…
Guillaume Poitrinal réputé pour la qualité de son intuition a-t-il vu juste ? Ce nouveau concept de centre commercial séduira-t-il ? Il faut le reconnaître, le retour d’expérience en la matière est encore faible.
Il s’agit même d’un pari. Il faut savoir qu’effrayé par l’enjeu, le premier promoteur candidat à ce centre avait jeté l’éponge. Seul ensuite, Unibail Rodamco récupéré par Gérard Collomb a accepté de se lancer dans l’aventure.
Le président du directoire d’Unibail- Rodamco reconnaît lui-même que le démarrage de la Confluence sera lent : « Il n’y a pas de raisons pour qu’il ne marche pas, mais cela devrait bien prendre deux ans. Il faut donner du temps au temps !»
Il faut y ajouter les difficultés probables en matière de circulation : le centre est pour l’heure dans un cul de sac. La Part-Dieu affiche 4 500 places. Même s’il d’une superficie moitié moindre, le centre commercial de la Confluence n’offrira que 1 500 places.
Certes, d’autres parkings provisoires vont être installés autour, ajoute Gérard Collomb, portant l’ensemble des places de parkings disponibles à 3 800, mais reste à savoir si les chalands accepteront de marcher plusieurs centaines de mètres pour se rendre à ce centre commercial.
Même s’il est desservi par des bus et le tramway-et plus tard par un arrêt ferroviaire-il est fort probable que la clientèle visée, notamment celle du Sud et du Sud Ouest de Lyon, jusqu’à Givors, ne pourra que se déplacer en voiture.
Reste que Guillaume Poitrinal sera très attentif aux premiers pas de son dernier né : « Tous va se jouer dans le premier mois », assure-t-il. La période où le bouche à oreilles fonctionne à plein.
La vitesse de croisière de ce nouveau centre dont le slogan est « Bienvenue à bord » devrait porter sa féquentation annuelle à 7 à 8 millions de visiteurs pour un chiffre d’affaires d’ici trois ans de 250 millions d’euros. Si tout se passe comme l’espère Unibail-Rodamco.
C’est dans l’imaginaire du consommateur que se jouera ou non le sort de ce nouveau centre commercial qui décrochera ou non alors ses étoiles en trouvant son public. Un enjeu de poids : les 1 250 emplois nouveaux suscités par cette création…