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Numérique  et emploi: une entreprise sur deux éprouve des difficultés à attirer des talents

Si la situation est un peu moins grave qu’en région parisienne, le développement de la filière numérique de la région est obéré par la guerre des talents. Toutes les entreprises peinent à recruter, notamment des développeurs, mais pas seulement. Pour 61 % des acteurs de la filières, cette pénurie d’informaticiens constitue un vrai obstacle à leur développement…

Il n’y a pas un chef d’entreprise dans ce secteur qui ne se plaint pas. On savait que la filière numérique avait des difficultés à embaucher. La situation est encore pire que ce que l’on pouvait imaginer.

 Désormais, des données précises permettent d’appréhender la situation de l’emploi au sein de la filière numérique d’Auvergne-Rhône-Alpes.

 Le Clust’R Numerique et le cabinet EY viennent en effet de dévoiler les conclusions du tout premier observatoire de la filière numérique de la région (*).

 Croissance de 9 % des effectifs

Avec une croissance de 9 % de ses effectifs entre 2010 et 2014, trois fois supérieure à celle de son homologue d’Ile de France, la filière numérique d’Auvergne Rhône-Alpes consolide sa deuxième place au palmarès des régions françaises avec 57 141 emplois et une proportion de CDI supérieure à 90 %.

Mieux, chez les chefs d’entreprises de la filière, l’optimisme est de rigueur cette année : 65 % d’entre eux tablent sur un chiffre d’affaires en hausse et deux tiers prévoient même de créer de nouveaux postes. Peu de secteurs peuvent se prévaloir d’une progression aussi encourageante.

 Mais cette croissance pourrait être encore plus importante : 45 % de ces mêmes entrepreneurs déclarent avoir des postes non pourvus, dont plus de la moitié dédiés à des développeurs informatiques !

 Les acteurs de la filière demandent de nouvelles formations

 Une entreprise sur deux se trouve démunie : elle reconnaît éprouver des difficultés à « attirer des talents » et à trouver des salariés bien formés.

 Un chiffre sans appel : pour 61 % des dirigeants interrogés, cette pénurie constitue le principal frein au développement de leur société.

 Il existe donc incontestablement un problème de formation : les universités et écoles publiques et privées ne forment pas assez de développeurs, d’ingénieurs…

 A la question de savoir quel est le critère le plus important pour favoriser le développement de leur entreprise, sans barguigner, les chefs d’entreprise de la filière mettent d’abord à 53 % en avant « la présence de talents et la formation ».

 Alors que le tapis d’écoles et d’universités formant des informaticiens est pourtant déjà fort étendu dans la région, 38 % des acteurs de la filière demandent la création de formations spécialisées.

Là où le bât blesse

 Pour Jean-Michel Bérard, Pdg d’Esker et président du Clust’R Numérique, « Nous avons la chance de disposer d’excellentes universités et écoles d’ingénieurs dans notre région, pour autant, il faudrait que celles-ci puissent au moins doubler les effectifs de leurs promotions pour répondre à la demande de talents. »

 Il précise : « A l’heure actuelle, les entreprises cherchent à recruter principalement deux grands types de profils : les développeurs Web, généralement diplômés bac+2/3 et les développeurs informatiques issus pour la plupart des écoles, avec des niveaux de diplômes Bac+4/5 qui attestent de réelles aptitudes en modélisations mathématiques. »

 En ce qui concerne la première catégorie de diplômes recherchés, les initiatives privées ont permis de réduire les besoins explique le président du Clust’R : « la création d’écoles à Lyon comme Simplon, Epitech ou celle de LDLC ont permis de former des développeurs, mais c’est dans la deuxième catégorie que le bât blesse vraiment. »

 « L’idée d’un futur campus numérique est une solution intéressante. »

 Pour lui, dans ce cadre, la création d’un Campus des métiers du Numérique apparaît pertinente : « Qu’il s’agisse d’augmenter le nombre d’étudiants, de renforcer pour cela les moyens des écoles et plus globalement, de redonner leurs lettres de noblesses aux formations d’ingénieurs, l’idée d’un futur campus numérique est une solution intéressante. »

 Et d’ajouter à ce propos, « Quelques-uns des administrateurs du Clust’R se sont d’ailleurs impliqués dans la réflexion autour de ce projet. »

 Même son de cloche de la part de Patrick Bertrand, directeur général de Cegid et président de Lyon French Tech: « La formation est la base de tout pour développer et ancrer les talents dans la région. Il est essentiel qu’elle se positionne clairement comme  « the place to be » en France, pour se former aux nouveaux métiers du digital. »

 Pour l’instant ce n’est pas vraiment le cas. Un simple exemple, l’Insa-Lyon sur le campus de La Doua qui est l’une des plus grandes écoles d’ingénieurs de France, riche de douze filières de formation ne met actuellement sur le marché de l’emploi pas plus d’ingénieurs informaticiens qu’il y a vingt ans, soit 120 seulement par an.. !

(*) Enquête réalisée auprès de 117 entreprises de toutes tailles, mais aussi par recoupement de différents fichiers emplois.

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