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Offrant une alternative low cost à RhônExpress, la nouvelle navette GoAirport est en butte à l’hostilité du Département et du Sytral

L’une des critiques les plus fréquentes concernant RhônExpress, la liaison tramway lancée en 2010 reliant la Part-Dieu à l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry, concédée au privé, est le prix excessif du billet. Ce qui a donné l’idée à un ancien salarié de la ligne gérée par Véolia, de créer sa propre société de transport dans l’esprit low cost. Avec des objectifs modestes, 30 000 passagers par an, elle devrait débuter ses navettes dans trois semaines, mais elle se heurte à l’hostilité à la fois du Département du Rhône et au Sytral, l’autorité organisatrice des transports dans le Grand Lyon.

 Richard Villeret fait partie de ces nombreux Français qui, confrontés au chômage, ont décidé de créer leur propre emploi en lançant leur entreprise.

 Le sien bénéficie d’une plus grande médiatisation, car ce Lyonnais vise tout bonnement à concurrencer la ligne RhônExpress qui chaque année draine deux millions de personnes entre la gare de la Part-Dieu à Lyon et l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry.

 Un ancien salarié de RhônExpress

 Une liaison que Richard Villeret connaît bien : il y a travaillé pendant deux ans, comme agent chargé d’accueillir et de renseigner les passagers sur cette liaison qui se veut premium. Bénéficiant d’un CDD, reconduit un an, Richard Villeret s’est ensuite retrouvé sans travail. C’est cette expérience qui lui a donné l’idée de créer une offre concurrente à celle de RhônExpress.

 « En tant qu’agent d’accueil, j’étais en permanence confronté aux récrimination des passagers qui trouvaient le tarif trop élevé pour se rendre simplement de Lyon à l’aéroport », explique Richard Villeret. Le tarif est en effet de 15 euros l’aller simple (13,50 euros sur Internet) et de 26 euros l’aller et retour (24,50 euros sur Internet).

 Il crée donc une entreprise au capital de 10 000 euros, baptisée « GoAirport », avec un partenaire, Stéphane Chal qui met aussi au pot et frappe à la porte d’une banque, en l’occurrence la Banque Populaire Loire Rhône qui lui fait confiance, au vu de son business plan et lui octroie sans difficulté un prêt de 60 000 euros.

 Il contacte l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry qui ne fait aucune obsctruction et lui concéde la possibilité de s’arrêter devant les Terminaux pour un coût de 365 euros par an pour chaque véhicule.

Le Département et le Sytral voient GoAirport d’un mauvais œil

 Ce n’est pas le cas du Département du Rhône et du Sytral, l’instance organisatrice des transports qui voient le nouvel arrivant d’un mauvais œil.

 « Disposant des caractéristiques d’une ligne régulière de transport public de voyageurs (arrêts localisés, tarifs définis, horaires arrêtés et affichés), GoAirport devrait donc disposer d’une convention avec le Département du Rhône ou le Syndicat Mixte des Transports du Rhône, ce qui n’est pas le cas », dénonce le Département et le Sytral.

 Selon eux, ce service doit bénéficier : « d’une autorisation du Sytral de stationner sur le Parc Relais de Meyzieu ZI, ce qui n’est pas le cas. »

 Et d’ajouter : « D’autre part, GoAirport utilise le plan du réseau TCL et la signalétique TCL pour se positionner à l’échelle de l’agglomération. Or l’utilisation de ces images appartient au Sytral. »

 Le Syndicat Mixte des Transports du Rhône, et le Département du Rhône, en tant qu’autorités organisatrices des transports, « vont donc saisir les services de l’Etat sur l’aspect réglementaire de la desserte, et vont se rapprocher des services de l’aéroport pour clarifier la question du positionnement des arrêts sur la plateforme. » Une sérieuse mise en garde, donc.

 Pas de concurrence pour les taxis

 Pas de risque d’obstruction, en revanche du côté des taxis. Richard Villeret qui est aussi ancien chauffeur de taxi à Lyon a lancé un message auprès de ses ex-confrères pour expliquer que le concept qu’il met en place ne constitue pas pour eux une forme de concurrence qui pourrait être déloyale dans la mesure où il ne dépose pas le client à l’endroit qu’il désire. Le message a été semble-t-il reçu cinq sur cinq.

 S’il n’y avait cette mise en garde conjointe du Département et du Sytral, les conditions seraient réunies pour qu’il puisse lancer sa société de transport : GoAirport doit en principe débuter ses activités le 1er décembre.

 La liaison, si elle est in fine autorisée, se fera via deux véhicules Renault Trafic climatisés de huit places, mais non pas de la gare de la Part-Dieu à l’aéroport, comme RhôneExpress, mais de la station Meyzieu Z.I, le terminus du tramway T3, soit un trajet d’une dizaine de minutes.

 « Le tramway permettra ensuite aux clients de rejoindre le centre-ville de Lyon à la station Vaulx-en-Velin la Soie avec le métro ligne A ou la gare Lyon Part-Dieu et son centre d’affaires », explique Richard Villeret.

 Il précise : « Il s’agissait là de la possibilité la plus courte et la moins onéreuse. ». Et ajoute : « Mais contrairement à RhônExpress qui dépose les voyageurs à la gare ferroviaire de Saint Exupéry et qui ont ensuite besoin de sept minutes pour rallier les terminaux, nous, nous les déposerons au parking dépose minute, devant la porte 17 du terminal 1. »

 Le service devrait fonctionner, à raison d’une navette toutes les 40 minutes, de 5 h 40 à 23 h 30. En revanche, la société dotée de seulement deux salariés, n’effectuera pas de service le samedi et les jours fériés.

 Quatorze euros l’aller et retour

 Un concept qui permet des tarifs moins onéreux que RhônExpress : 7,50 euros l’aller simple, 14 euros l’aller-et-retour, et des tarifs étudiés pour les moins de 25 ans et les plus de 65 ans : 6 euros l’aller simple et 11 euros l’aller-et-retour.

« Nous visons une clientèle d’étudiants et de retraités et en fait de tous ceux qui dans un voyage font très attention à leurs frais : ils sont nombreux en cette période de crise !», s’exclame Richard Villeret.

Cette nouvelle concurrence qui constitue tout de même une véritable alternative, ne représentera, si elle est effective, en fait qu’une piqure d’épingle face aux 2 millions de passagers de RhônExpress : tablant sur 180 000 euros de chiffre d’affaires en année pleine, Richard Villeret escompte trente mille passagers par an.

Si, du moins, le Département du Rhône et le Sytral n’empêchent pas la nouvelle navette de voir le jour…

-Si elle débute comme prévu le 1er décembre, il sera prudent de réserver préalablement sur Internet avant d’utiliser cette nouvelle navette : goairport.lyon@gmail.com