Pour Christophe Rollet, Directeur général de Point S (siège à Lyon) : « Les fermetures d’usines de pneus ne sont pas dues à une surproduction ou à la concurrence chinoise mais aux surcoûts et taxes qui pénalisent trop les entreprises ! »
« Aujourd’hui, on parle de Bridgestone à Béthune, il y a quelques mois, c’était Michelin à la Roche-Sur-Yon… Les annonces de fermetures d’usines de pneus se succèdent en France. Parmi les principales raisons avancées par les manufacturiers : une surproduction et la concurrence chinoise. Ces arguments ne sont pas valables !
En effet, les manufacturiers évoquent des surcapacités de production. Il y aurait des milliers de pneus en stock qui ne trouvent pas de clients… Ce n’est pas la bonne raison ! Chez Point S, qui achètent des millions de pneus par an, nous avons au contraire du mal à nous faire livrer, et nous ne sommes pas les seuls. Il y a sans cesse des pénuries de pneus chez les fabricants de pneus premiums, notamment depuis début 2020.
Le marché du pneumatique en France est stable, à environ 30 millions de pneus. Ceux qui évoquent une chute abyssale du marché due à la crise sanitaire se moquent du monde ! Les Français n’ont d’ailleurs jamais autant utilisé leur voiture pour partir en vacances cet été. Avec 570 centres spécialisés dans le pneumatique et l’entretien auto en France, nous mesurons bien le rebond de l’activité depuis le déconfinement.
Les manufacturiers évoquent également la concurrence des pneus chinois sur le marché français. Chez Point S, nous n’en vendons pas ! Le marché du pneu en France est un marché majoritairement premium, les pneus chinois low cost ne représentent pas la majorité des volumes écoulés, pas de quoi ébranler des leaders du secteur.
Les vraies difficultés des industriels aujourd’hui en France sont tout autres.
Les entreprises sont étouffées par la pression fiscale, que ce soit sur les charges salariales ou l’impôt sur les sociétés qui n’est toujours pas au taux promis! Le taux d’imposition est beaucoup trop élevé et empêche les entreprises d’investir, d’embaucher, de mieux rémunérer… ou de sauver des emplois. Les manufacturiers ne vont pas réduire leur production, ils vont la délocaliser dans des pays, pas forcément très éloignés, pour réduire leurs coûts.
Quand on entend certains politiques s’agiter pour dénoncer des « fermetures scandaleuses et inacceptables », il serait plus profitable qu’ils travaillent à construire un nouveau modèle économique qui permette aux entreprises de produire en France. La pression que subissent les entreprises n’est plus acceptable, qu’elles soient des ETI ou de gros groupes. Il est temps que l’Etat gère mieux ses dépenses et leur donne plus de maniabilité et pour investir, et pour rémunérer à sa juste valeur le travail de leurs salariés. Moins de fiscalité, moins de charges sociales entrainera plus d’investissement et de redistribution salariale. Une vraie politique sociale et salariale passe obligatoirement par les sociétés qui les emploient, il est temps de ne plus opposer les deux. »