Président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes, Patrick Martin prêt à officialiser sa candidature à la succession de Pierre Gattaz
Un candidat d’Auvergne-Rhône-Alpes, bref, un homme de région et de terrain va-t-il succéder à la tête du Medef à Pierre Gattaz ?
Or, l’on sait que Pierre Gattaz ne remettra pas son mandat en jeu le 1er juillet prochain. Ce qui a rapidement aiguisé les candidatures.
Geoffroy Roux de Bézieux, Thibault Lanxade et Alexandre Saubot, patron de l’UIMM et de la Ligérienne Haulotte, ou encore Jean-Dominique Sénard, président du groupe Michelin et co-président de l’agence économique de la région Auvergne Rhône-Alpes, ont déjà exprimé leur intérêt pour une telle candidature. Le nom de Viviane Chaine-Ribeiro, présidente de Syntec, figure également sur cette liste qui devrait encore s’agrandir.
Un sixième prétendant a habilement aussi montré qu’il caressait l’idée d’être candidat le 1er janvier prochain, date officielle du dépôt des candidatures : Patrick Martin, président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes.
Il l’a fait savoir lors de l’Université d’été du Medef, en août dernier, à Jouy-en-Josas. Il a sauté sur l’occasion : cette année, c’était la région Auvergne-Rhône-Alpes qui était l’invitée d’honneur du campus patronal estival.
Candidat des territoires
Lors de l’ouverture de cette Université d’été, les participants ont pu lire dans « l’Opinion » distribué sur le campus, une interview de Patrick Martin dans lequel il déclarait notamment : «Un candidat des territoires à la présidence du Medef ? Nous en discutons sérieusement . » Et ce candidat des territoires, ce pourrait bien être lui.
Lors de sa conférence de presse de rentrée, à Lyon, le patron rhônalpin, Pdg de Martin Belaysoud (700 millions d’euros de chiffre d’affaires, 2 700 salariés), a explicité sa démarche.
« On le voit bien avec la recomposition qui s’opère actuellement notamment sur le plan politique, la donne a changé. Les vieux schémas volent en éclat. Or, le Medef n’a jamais été présidé par un territorial. A chaque renouvellement, c’est une compétition entre les métiers des services et de l’industrie. Or, le Medef est de plus en plus interprofessionnel ! »
Et d’insister : « Je pense qu’un président du Medef issu des territoires, départementaux et régionaux, irait dans le sens de l’Histoire : la décentralisation est de plus en plus importante au niveau de nos territoires : je pense que le Medef serait plus puissant s’il donnait la parole à nos territoires ! Ce qui nous donnerait plus d’autonomie encore et plus de liberté de manœuvre… »
Au final, beaucoup de candidat pour un seul poste. Lors de cete élection qui se déroulera en 2018, ce sont les 570 membres de l’assemblée générale qui feront pencher la balance.
Patrick Martin, s’il va jusqu’au bout de sa démarche et pose officiellement sa candidature a-t-il une chance ? Même si elle est faible, s’il arrive à entraîner avec lui les présidents des Medef territoriaux (170 voix) , mais aussi nécessairement au-delà, il devrait pouvoir peser. Suffisamment ? Toute la question est là.
Coup de griffe à propos de la bascule du CICE
Au passage, même si, sur la conjoncture ou encore la loi Travail, Patrick Martin a jugé favorablement l’action économique d’Emmanuel Macron, il a néanmoins mis le doigt sur un dossier qui reste quelque peu en travers de la gorge du patronat : la fin du CICE et son remplacement par des baisses de charge.
« De manière assez sournoise le gouvernement, va comme nous le demandions transformer le CICE qui va passer dès 2017 de 7 à 6 %, en baisse de charges directes. Là où le bât blesse, c’est que l’on va, avec cette opération, augmenter l’assiette fiscale. Cela signifie que les entreprises vont devoir payer au fisc, près de 7 milliards d’euros supplémentaires, selon nos calculs ! »
Pas de quoi cependant faire basculer le patronat dans le camp des opposants irréductibles à la politique d’Emmanuel Macron !