Rachat de la très rentable allemande WMF : star de la semaine, SEB s’envole en Bourse
Thierry de la Tour d’Artaise, le Pdg de SEB vient de mettre la main sur une pépite allemande, leader mondial des machines à café professionnelles. Un créneau lucratif où les marges sont très confortables. Une belle opération malgré son prix élevé : 1,7 milliard d’euros
Une hausse de 10,71 % à plus de 105 euros l’action. C’est peu dire que le rachat de l’Allemand WMF par le Lyonnais SEB a été bien accueilli par la Bourse. C’est bien simple, le titre du spécialiste du petit électroménager d’Ecully (Rhône) a affiché mardi 24 mai la meilleure performance de l’indice européen STOXX 600. Son cours est en hausse de 11 % depuis le 1er janvier et de près de 30 % sur un an.
Pourquoi ce rachat a-t-il été particulièrement salué alors que la société dirigée par Thierry de la Tour d’Artaise a réalisé un certain nombre d’emplettes ces derniers temps ?
Une opération à 1,7 milliard d’euros
En fait, il s’agit cette fois d’une grosse, voire d’une très grosse opération, à 1,7 milliard d’euros, mais aussi d’une véritable pépite germanique, riche de potentiels. : le prix payé est de 1,020 milliard auxquels s’ajoutent une reprise des dettes pour 565 millions et 125 millions au titre des engagements de retraites et de pré-retraites.
Et c’est beaucoup plus que le rachat d’une autre pépite, chinoise, celle-là, Supor. SEB n’avait alors déboursé « que » 240 millions d’euros pour s’emparer du Chinois, en 2007. Une opération qu’il n’a pas eu à regretter depuis. En sera-t-il cette fois de même ? Probablement au vu des chiffres.
WMF, racheté auprès du fonds KKR dans le giron duquel il se trouvait depuis 2012, à côté du petit électroménager, est le leader mondial incontesté de la machine à café professionnelle avec 28 %, loin devant le n°2. Un leadership et une réputation qui en fait une entreprise très rentable. « Une formidable opportunité d’entrer par la grande porte sur le marché très attractif des machines à café professionnelles », se félicite Thierry de la Tour d’Artaise.
Son ebitda était de 118 millions d’euros en 2015. Il devrait être de 140 millions cette année. Le Groupe germanique a connu l’année dernière une croissance de 4,3 %.
Gagné face aux grands du secteur
SEB a emporté une victoire qui n’était pas gagnée d’avance. Parmi les autres candidats au rachat, on peut citer quelques poids-lourds de l’envergure du Suédois Electrolux, de l’Italien Delonghi, du Chinois KingClean ou de l’Américain Middfeby.
Ce qui a pu faire pencher la balance : le groupe lyonnais était le seul à être présent sur les deux métiers de WMF, en l’occurrence le petit électroménager et donc les machines à café professionnelles.
La reprise de WMF par SEB permettait d’éviter de scinder en deux cette belle société allemande, bien représentative du « Mittlestand germanique », ce tissu de solides ETI : 6 000 salariés pour un chiffre d’affaires de près de 1,1 milliard d’euro en 2015. A comparer avec le chiffre d’affaires de SEB : 4,8 milliards d’euros, l’année dernière, en hausse de 12 %.
Une belle opération donc pour Thierry de la Tour d’Artaise, le Pdg de SEB, qui va pouvoir «élargir son portefeuille de marques haut de gamme, à l’instar de Lagostina, celles qui connaissent la plus forte progression.
De surcroît, en s’installant désormais avec un poids non négligeable sur le créneau des machines à café professionnelles, SEB est assurée de gonfler son résultat net. Les marges avoisinent les 20 % dans ce secteur, contre une moyenne de 8 % dans le petit électroménager.
Deux cents magasins
Ce rachat va naturellement permettre à SEB d’augmenter ses parts de marché en Allemagne où WMF compte pas moins de deux cents magasins en propre, mais aussi en Suisse et en Autriche. Le tout, en ouvrant d’intéressantes perspectives aux USA, mais aussi en Asie.
L’opulente Allemagne est finalement une belle cible pour SEB. Cette opération de croissance externe fait suite à celle, la semaine précédente, de la société allemande EMSA, spécialisée dans les ustensiles de cuisine haut-de-gamme
Une société, elle, spécialisée dans la conception, la fabrication et la commercialisation d’articles et d’accessoires de cuisine et dont le cœur de métier s’articule autour de trois catégories : les carafes et bouteilles isothermes, les ustensiles de cuisine et les boîtes de conservation.
Une marque, comme WMF, dont Thierry de La Tour d’Artaise, le Pdg de SEB veut faire une marque mondiale, avec pour corollaire une croissance des ventes. Un exercice qui réussit plutôt bien au patron de SEB ces dernières années. C’est ce qu’a voulu saluer la Bourse !