Recyclage et valorisation des déchets du BTP : la région AURA « exemplaire »
Plusieurs institutions du BTP ainsi que la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la Préfecture de région ont présenté les chiffres du recyclage des déchets du secteur hier. Alors que le gouvernement souhaitait atteindre un taux de 70 % de valorisation des déchets inertes, la région présente un taux de performance de 88 %. Cette dernière entend favoriser le maillage territorial en déchetteries et carrières pour favoriser l’économie circulaire.
Avec 88 % de taux de valorisation des déchets du BTP, AURA montre l’exemple
Tiens, revoilà l’économie circulaire ! Jeudi, la Région Auvergne-Rhône-Alpes présentait, conjointement avec la Préfecture et des institutions du bâtiment, les chiffres du recyclage et de la valorisation en région. L’événement se tenait au sein de la carrière CMCA à Mions. La plus grande de la Métropole lyonnaise avec 250 000 tonnes traitées par an.
Après l’inauguration du centre métropolitain de traitement des déchets du bâtiment à Saint-Priest mardi, ce concept vertueux semble devenir la norme dans le BTP. Un secteur qui représente à lui seul près de 3/4 des déchets produits en France.
Il faut dire que l’Etat a mis la barre haute pour passer d’un modèle linéaire à un modèle circulaire. « Dans le code de l’environnement un objectif de 70 % de valorisation de ces matières a été fixé », a détaillé Christine Mesurolle, secrétaire générale adjointe aux affaires régionales SGAR à la Préfecture.
Un défi plus que relevé par la région au vu des chiffres, puisque cette dernière affiche un taux de performance de la filière 88 %. Les fédérations régionales de la FRTP, la FFB, l’UNICEM et le CERC, ne cachent pas l’importance de leur collaboration pour atteindre cet objectif.
« La filière s’organise depuis longtemps sur la valorisation et le recyclage », a expliqué Philippe Puthod, président délégué de la FRTP Auvergne-Rhône-Alpes. « L’entrepreneur des travaux publics a dans les gènes ce besoin de recycler et d’optimiser. Plus de 30 % des terres et matériaux non pollués sont déjà réutilisés sur site, sans même quitter le chantier », a-t-il ajouté.
Un meilleur maillage espéré pour limiter les dépôts sauvages
Néanmoins, tous les indicateurs ne sont pas forcément au vert. Avec un taux de recyclage et de valorisation de 62 % des déchets inertes du BTP, la région se situe en dessous de la moyenne nationale (80 %).
Idem pour le taux de couverture des besoins en granulats (24 % en région contre 28 % en France). Des progrès à faire qui passeront par plusieurs pistes.
« On travaille dans l’accompagnement des entreprises grâce à une application qui géolocalise les lieux où elles peuvent déposer leurs déchets », a notamment dévoilé Gilles Courteix, président de la FFB Auvergne-Rhône-Alpes.
« Nous organisons aussi des réunions BtoB avec des structures de traitement des déchets pour nouer des relations et des partenariats », a-t-il poursuivi.
Selon Gilles Courteix, près de 80 % des entrepreneurs aujourd’hui se déclarent intéressés par ce type de collaboration.
Des solutions qui devraient permettre aussi de limiter les cas de dépôts sauvages. Une problématique face à laquelle l’Etat s’apprête à faire des propositions de loi. « On veut renforcer le pouvoir de contrôle et de sanction des autorités locales », a précisé Christine Mesurolle.
L’Etat n’écarte pas la possibilité d’installer de la vidéosurveillance, même si cela s’avère compliquée en campagne. Mais la solution qui emporte l’adhésion reste celle d’un meilleur maillage territorial.
« Il faut amplifier ce maillage pour faciliter la mise en dépôt », a affirmé la représentante de la Préfecture.
Recyclage et valorisation : un modèle économique « sensible »
Et si le problème de ces dépôts sauvages était une question de prix à l’entrée des décharges ? Dominique Delorme, lui, ne le croit pas. « C’est un écosystème très sensible« , commente le Secrétaire Général de l’UNICEM Auvergne-Rhône-Alpes. « A la tonne, en coûts d’évacuation et en coûts d’entrée, ça va de 0 à 10 € soit à peine 1 centime le kilo », ajoute-t-il.
Le modèle nécessite aussi une proximité vitale pour fonctionner, et donc un maillage territorial fort. « Il s’agit de déchets lourds qui nécessitent des appareils coûtant relativement cher », développe Dominique Delorme.
« On ne peut pas transporter sur 30 ou 40 km ces déchets car vous vous retrouvez avec un prix de matériaux équivalent à celui du prix de transport », ajoute-t-il.
Pour l’UNICEM, éviter les décharges publiques est avant tout une affaire de pédagogie. « Les cas de décharges sauvages sont souvent le fait de petits artisans », dévoile-t-il. « Ils ne connaissent pas nos plateformes et il y a donc tout un travail à faire auprès de ces petites entreprises pour leur apprendre à bien trier », précise-t-il.
Le tri serait-il donc la clé ? « Dans le recyclage, tout se fait en amont », évoque de son côté Michel Zablocki, président de la commission Recyclage de l’UNICEM. « Nous sommes en bout de chaîne, et quand on arrive ici (ndlr : en carrière), le mal ou le bien est fait. »
Renforcer le maillage serait donc la solution privilégiée par les acteurs du secteur. Aujourd’hui, la région Auvergne-Rhône-Alpes compte 732 lieux de dépôt pour les déchets du BTP selon le Schéma Régional des Carrières.