Redécollage très progressif à Lyon-Saint-Exupéry après trois mois d’arrêt presque total
Pendant près de trois mois, il y a eu 200 vols seulement à Lyon-Saint-Exupéry (sanitaires, cargos, ou rapatriements de l’étranger), soit l’équivalent d’une journée moyenne de vols. Profitant de la phase 2 du déconfinement, l’aéroport s’ébroue lentement : 4 vols lundi 8 juin ; une cadence qui va s’étoffer progressivement : neuf compagnies sur la soixantaine opérant sur l’aéroport ayant déjà annoncé la reprise de leurs vols. Un redémarrage indispensable au redémarrage de l’économie du fait du poids prépondérant de la plateforme.
Ils ne s’y attendaient sans doute pas. Masques sur le visage, les premiers passagers à fouler à nouveau le tarmac de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry ont été accueillis au petit matin du lundi 8 juin, par les caméras de télévision.
Il s’agissait à 8 h 25 du premier vol, AF1482 à destination de Nantes, opéré par Air France.
36 000 emplois induits
Une navette aérienne banale qui avait cette fois une connotation inhabituelle puisqu’il s’agissait du 1er vol commercial en près de trois mois, depuis le début du confinement, le 17 mars qui avait vu l’aéroport se figer brutalement dans une très longue attente. Une attente inédite depuis son inauguration en 1975.
Un vol aussi qui illustre l’impatience du monde de l’entreprise.
L’aéroport Lyon-Saint-Exupéry, avec ses 5 600 salariés directs, ses 36 000 emplois induits, ses 130 destinations constitue la tête de pont de l’économie régionale.
La reprise va cependant être progressive, a reconnu Tanguy Bertolus, le président du directoire d’Aéroports de Lyon.
Quatre vols seulement signés Air France pour l’Hexagone étaient inscrits sur le tableau des départs pour ce premier jour de redécollage, onze d’ici la fin de la semaine ; puis une montée en charge progressive.
Pas moins de neuf compagnies aérienne (Air France, KLM, Transavia, Volotea, Lufthansa, easyJet, Wizz Air, Air Corsica et Chalair Aviation ) ont déjà annoncé qu’elles reprenaient leurs vols. Peu en réalité pour l’instant puisque près d’une soixantaine de compagnies opérent sur l’aéroport qui propose en période normale près de 130 destinations.
Vingt-sept destinations
“Vingt-sept destinations sont déjà programmées au cours des semaines à venir, dont dix-neuf sur la France et huit vers l’Europe”, précise le responsable de l’aéroport (voir la liste ci-dessous).
Mais le rythme pourrait bien s’accélérer. Tanguy Bertolus, reconnaît que pour l’instant c’est l’incertitude qui domine.
Depuis le 17 mars, seul le Terminal 2 suffit pour le fonctionnement de l’aéroport qui n’a jamais fermé. Pendant le confinement, près de 200 avions se sont posés sur ses pistes. L’équivalent en deux mois et demi d’une journée de trafic où s’opèrent en moyenne près de 200 vols.
“Les compagnies aériennes adaptent leur programme de vols aux ouvertures des frontières, au jour le jour”, détaille Tanguy Bertolus.
“En fonction du trafic nous rouvrirons le Terminal 1 ; au cours de l’été, voire, lors de la rentrée de septembre”, reconnaît-il. Un redécollage dans le brouillard, donc.
Mais avec des mesures sanitaires strictes, avec obligation dans l’aéroport et bien sûr dans les avions du port du masque, avec 46 points de distribution de gel hydroalcoollique ; disséminés dans les bâtiments et un siège sur deux supprimés pour permettre la distanciation sociale.
5 000 kits de protection
Voulant inscrire la santé dans les nouveaux gènes de l’aéroport, 5 000 kits de protection (contenant masque, lingettes et flyer de sensibilisation) vont ainsi être distribués aux premiers passagers.
Il a été calculé que l’activité de l’aéroport génère un PIB de 1,8 milliard d’euros dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Le nouvel envol de l’aéroport devrait donc marquer une accélération de la reprise économique.
Reste que le coût de cet arrêt brutal va être important pour les finances de l’aéroport géré par le groupe Vinci. “ Il est trop tôt encore pour calculer précisément le manque à gagner, tout dépendra du rythme de reprise des vols”, explique Tanguy Bertolus.
Ce dernier chiffre néanmoins les pertes à plusieurs dizaines de millions d’euros…
Reste à savoir quand l’aéroport retrouvera son trafic d’avant la crise, alors qu’il connaissait une vivre croissance avec 11,7 millions de passagers l’année dernière. Il s’apprêtait à passer la barre des 12 millions. Ce sera bien moins cette année avec un recul qui devrait se révéler très sensible et probablement moins de 10 millions de passagers. Un sacré retour en arrière…
(Photo Eric Soudan)-Embarquement du 1er vol de la réouverture de Lyon-Saint Exupéry, lundi 8 juin.