Reprise de Photowatt : ce sera bien EDF Energies Nouvelles
Sans surprise, EDF Energies Nouvelles, la filiale de l’énergéticien tricolore reprendra dès le 1er mars l’usine Photowatt de Bourgoin-Jallieu, seul fabricant français intégrant toute la chaîne de la fabrication de panneaux photovoltaïques. Cette société procédera à l’embauche de 355 salariés sur 425, les autres étant repris par EDF dans un rayon de 60 km. Un investissement très lourd pour une entreprise de 400 salariés, d’une taille similaire à celle reprise. EDF Enr aura sans doute besoin de s’adosser à terme à un industriel du secteur : à cet égard, le nom de ST-Microelectronics est à nouveau évoqué…
Nicolas Sarkozy avait annoncé que ce serait EDF. Sans surprise, ce sera bien EDF, à travers sa filiale EDF Energies Nouvelles qui sera le seul repreneur de Photowatt, en redressement judiciaire depuis novembre dernier.
La filiale de l’énergéticien français devra pour ce faire libeller un premier chèque de 75 millions d’euros pour répondre aux fonds de roulement et aux investissements de l’usine berjallienne au cours des deux prochaines années.
Le Grenoblois ECM et le Lyonnais Solarezo, les deux entreprises outsiders restant en lice, avaient, le mardi 21 février, quitté l’audience du Tribunal de Commerce de Vienne, cinq minutes après y être entré : les conditions suspensives qu’elles avaient posées n’avaient pu être remplies.
Le plan social présenté par la filiale d’EDF était sans conteste le meilleur : 355 des 425 salariés encore présents au sein de Photowatt sont réembauchés avec engagement de ne procéder à aucun licenciement collectif au cours des douze prochains mois.
EDF prend en outre « l’engagement ferme de redéploiement » au sein du groupe EDF des 70 salariés non repris et donc licenciés : ils auront une priorité de réembauchage de 24 mois avec application du statut social en vigueur à ce jour au sein du groupe EDF. Et ce, dans un rayon de 60 kilomètres autour de Bourgoin-Jallieu.
L’énergéticien national va faire rapidement repartir l’entreprise, actuellement à l’arrêt, en rachetant les panneaux photovoltaïque produits. Il va également investir dans les cellules photovoltaïques de nouvelle génération : le second volet de cet investissement au sein de PV Alliance, la structure de Recherche & Développement a été évalué à 41,1 millions d’euros la première année pour atteindre ensuite 10,53 millions d’euros la seconde et 6,7 millions, la troisième.
A compter du 1 er mars, EDF Enr deviendra également propriétaire de 100 % de PV Alliance. Cette structure de R&D, dont il était un des membres fondateurs, travaille sur les cellules du futur et en particulier les produits les plus prometteurs à hétérojonction (à haut rendement) dont il récupère l’intégralité de la propriété industrielle, en l’occurrence de nombreux brevets. Le CEA, qui détenait 20 % de ce consortium, devrait être associé sous une forme qui ne sera plus capitalistique.
C’est sur ces futurs panneaux à haut rendement que devrait être basé l’avenir de Photowatt. On sait néanmoins, en fonction des déclarations des délégués syndicaux CFDT et FO à la sortie de l’audience, qu’EDF ne s’est engagée qu’à moyen terme, pas à long terme. « Il manque un projet industriel » ont regretté les responsables syndicaux à la barre du tribunal.
Quelques chiffres illustrent la problèmatique rencontrée par cette reprise. EDF Enr (400 salariés et 228 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011) dont la spécialité est d’installer des panneaux photovoltaïques sur les toitures double à cette occasion de taille et se voit chargée d’un chantier pour lequel elle n’est pas outillée, son métier n’étant pas industriel.
Cette filiale d’EDF ne peut donc afficher une stratégie industrielle de long terme, contrairement au projet proposé par un des deux autres repreneurs : la société grenobloise ECM associé aux fonds privés Abscia/Phoenix qui était préférée par les salariés.
C’est à ce stade du dossier qu’on constate que dans cette reprise, il manque un opérateur industriel accompagnant dans cette aventure EDF Enr. Celui-ci pourrait bien être St-Microelectronics qui avait affiché dès le processus de reprise des « marques d’intérêt » et qui pourrait revenir au cours des mois à venir par la petite (ou la grande) porte dans ce dossier loin d’être clos.
Photo (DL) : Vincent Bès, directeur général de Photowatt, à la sortie de l’audience du Tribunal de Commerce de Vienne, le mardi 21 février.