Reprise d’entreprise : près d’un millier d’emplois sauvegardés en Auvergne-Rhône-Alpes
Le C.RA (Cédants et Repreneurs d’Affaires) a fait le point sur l’actualité de la reprise d’entreprise en Auvergne-Rhône-Alpes. L’organisme qui met en relation cédants et repreneurs a notamment expliqué la difficulté des premiers à se faire connaître ou les parcours semés d’embûches des seconds.
La reprise d’entreprise : le crédo du C.R.A en Auvergne-Rhône-Alpes
De l’expérience au service de la transmission. Voilà comment on pourrait résumer l’activité du C.R.A. La semaine passée, l’organisme de formation des Cédants et Repreneurs d’Affaires a fait le point sur l’actualité de la reprise d’entreprise en Auvergne-Rhône-Alpes.
L’occasion d’y croiser des délégués qui ont tous pour point commun d’être d’anciens dirigeants retraités. Des bénévoles, comme Gérard Rigoulet, ancien directeur international du groupe Lafuma.
« La transmission d’entreprises est un sujet un peu oublié », a expliqué le délégué CRA de la région. « Nous souhaitons faire connaître un peu plus les activités du CRA qui permettent de pérenniser le tissu économique local », a-t-il ajouté.
Une activité qui existe pourtant depuis 1985, avec près de 72 délégations en France, dont 9 en Auvergne-Rhône-Alpes. « On compte chaque année 1300 candidats à la reprise et près de 600 affaires à céder », précise Gérard Rigoulet.
Un chiffre qui illustre bien la difficulté qu’ont les cédants à se faire connaître. Pourtant, le CRA propose de nombreux accompagnements pour permettre cette convergence d’intérêts. Chaque délégué bénévole peut parrainer et accompagner les repreneurs dans les étapes d’une transmission. L’organisme apporte aussi de la formation à travers plusieurs modules plus ou moins longs, allant d’une journée à trois semaines.
Une reprise d’entreprise de plus en plus « jeune » en Auvergne-Rhône-Alpes
Dans les chiffres, la reprise d’entreprise présente une évolution relativement stable. En Auvergne-Rône-Alpes, on dénombre une cinquantaine de reprises chaque année. Le C.R.A accueille 120 candidats à la reprise et en moyenne 2 stagiaires sur 3 mènent à bien leurs projets.
Le marché de la transmission représente 668 000 sociétés de 1 à 249 salariés pour 45 000 cessions par an. Sur ce nombre, 45 % des transmissions se déroulent en externe au marché du C.R.A. Un marché où le repreneur moyen a 46 ans et concerne à 93 % des hommes. « On observe un rajeunissement ces dernières années », détaille Philippe Trémeau, délégué C.R.A.
Reste que ce marché n’est pas accessible à n’importe qui. En moyenne, il faut un capital et un apport personnel allant de 100 000 à 500 000 €. Le chiffre d’affaires moyen des entreprises concernées par des reprises est de 1 650 000 €. Ces dernières comptent des effectifs moyens de 13 personnes et présentent 800 000 € de valorisation. La tendance est d’ailleurs à la hausse.
Du côté des motifs de cession, le principal concerne à 70 % des départs à la retraite, à 20 % des raisons de santé et à 10 % une réorientation. Actuellement, la délégation Auvergne-Rhône-Alpes du C.R.A compte 463 adhérents.
Côté résultats, le C.R.A revendique 85 % de réussite dans la reprise d’entreprise en Auvergne-Rhône-Alpes. L’échec est aussi moindre dans la transmission par rapport à la création. Près de 80 % des entreprises sont pérennes à cinq ans. Au total, le C.R.A estime à environ un millier le nombre d’emplois sauvegardés par la transmission d’entreprise.
La reprise d’entreprise : un « parcours du combattant »
Généralement, le temps pour reprendre une entreprise se calcule sur du long terme. Entre 6 et 12 mois en moyenne, et parfois bien au-delà.
C’est l’une des premières difficultés à laquelle se retrouvent confrontés les repreneurs. « L’écosystème de la transmission regroupe un grand nombre d’acteurs », approfondit Gérard Rigoulet. Chambres de commerce, banquiers, franchises, avocats, notaires, experts comptables… aujourd’hui un repreneur doit convaincre et passer par beaucoup d’intermédiaires. « C’est un peu un parcours du combattant », concède Philippe Trémeau.
« Le point fort du C.R.A est d’avoir un vivier de repreneurs préparés, formés ou accompagnés. C’est ce qui fait notre force », affirme Gérard Rigoulet.
Un accompagnement qui, s’il permet aux repreneurs de rencontrer les bonnes personnes, ne substitue pas au travail des professionnels. « Nous sommes là uniquement pour faire de la mise en relation », prévient le délégué.
Les cédants non plus ne sont pas exempts d’une certaine forme de préparation. « Souvent, ils ne se préparent pas du tout », déplore Gérard Rigoulet. « Ils ont besoin de se préparer 2 à 3 ans l’avance minimum. Le C.R.A s’emploie à faire passer ce message », ajoute-t-il.
AGG PRINT et Denis Ochanine, un exemple de mariage réussi
Pour ceux qui parviennent à aller au bout du processus, la réussite est néanmoins souvent au rendez-vous avec la préparation adéquate.
C’est le cas de Denis Ochanine. Issu d’une formation d’ingénieur, ce dernier a repris il y a un peu plus d’un an la société d’imprimerie AGG PRINT, basée à Villeurbanne. Un processus mûri depuis son départ de chez Pernod Ricard.
« Travailler dans ce groupe m’a permis de constituer des fonds », explique-t-il. « Ma démarche de reprise faisait sens et était sous-jacente à l’idée d’être à mon compte. C’est la première motivation d’une reprise selon moi », ajoute-t-il.
Peu de temps après avoir suivi une formation auprès du C.R.A en 2017, Denis Ochanine a eu ce qu’il appelle un « coup de coeur » pour AAG PRINT. « Je suis allé sur un salon à Villefranche où l’entreprise avait un beau stand et j’ai trouvé de la personnalité chez ses représentants. C’est aussi la taille d’entreprise que je visais », raconte-t-il.
Si les gérants n’étaient pas automatiquement cédants, ils y réfléchissaient. Et Denis Ochanine a fini par convaincre ces derniers d’entreprendre ce processus. « J’ai ressenti que les dirigeants choisissaient les repreneurs », développe-t-il. « Le premier rendez-vous est essentiel et il faut de l’humilité face à des gens qui ont développé une entreprise », prévient-il.
Aujourd’hui, AGG PRINT est en bonne santé. L’entreprise de Denis Ochanine présente un chiffre d’affaires de 4 500 000 € et un effectif de 35 personnes. « J’en ai recruté trois dernièrement », glisse-t-il, pour illustrer de son développement continu.