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Face à l’explosion des besoins liés à l’électrification des usages, la filière des réseaux électriques – représentée par Enedis, RTE, la FNTP, le SERCE, le SNER, le GIMELEC et le SYCABEL – alerte sur un besoin massif de recrutements : 43 000 postes sont à pourvoir d’ici 2030, sur des métiers techniques aujourd’hui en tension. Une mobilisation d’ampleur qui impactera fortement les entreprises, les organismes de formation et les territoires.

Une filière industrielle structurée et en mutation

La filière des réseaux électriques regroupe 1 600 entreprises réparties entre gestionnaires de réseau, fabricants d’équipements, installateurs, prestataires techniques. Ensemble, elles pèsent près de 100 000 emplois en France. Les leaders du secteur, Enedis et RTE, prévoient 200 milliards d’euros d’investissements d’ici 2040 pour adapter les infrastructures aux défis climatiques, au développement de la mobilité électrique et à l’intégration des énergies renouvelables.

Cette transformation suppose un déploiement massif de compétences techniques, dans un environnement concurrentiel où les métiers de l’énergie, du numérique et du génie électrique s’entrecroisent. C’est tout un pan de l’industrie française qui s’organise pour répondre aux besoins d’une transition énergétique pilotée à l’échelle des territoires.

43 000 recrutements nécessaires en six ans

Selon une étude menée par PwC pour le compte de la filière, 43 000 personnes devront être recrutées entre 2025 et 2030, soit près de 7 000 par an, pour pourvoir les postes dits « métiers cœurs » (chargé de projet électricité, monteur de réseaux, technicien d’affaires, chef de chantier, etc.).

Cela représente une croissance de 61 % du volume d’emploi sur ces fonctions, avec des tensions plus fortes dans certaines régions comme l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine, la Normandie ou l’Île-de-France. La région Auvergne-Rhône-Alpes est également concernée, avec plusieurs chantiers stratégiques en cours ou à venir, notamment autour de la rénovation des infrastructures haute tension, des smart grids et de la couverture des zones rurales.

Une opportunité pour les PME du BTP et de l’électrotechnique

Cette perspective constitue une opportunité concrète pour les TPE et PME régionales qui interviennent déjà comme sous-traitants ou partenaires de la filière : entreprises de travaux publics, installateurs électriques, bureaux d’études techniques, fournisseurs d’équipements.

Mais la montée en compétences attendue impose aussi une adaptation rapide des dispositifs de formation professionnelle, tant en matière de volume que de spécialisation. Le BTS électrotechnique, le Bac Pro MELEC, ou les cursus d’ingénierie devront intégrer des contenus nouveaux sur la gestion des réseaux intelligents, la cybersécurité industrielle ou encore la maintenance prédictive.

Le programme « Écoles des réseaux » comme levier de structuration

Pour répondre à cette urgence, la filière a lancé en 2023 le programme des Écoles des Réseaux pour la Transition Énergétique, en partenariat avec les ministères de l’Éducation nationale, du Travail et de l’Enseignement supérieur. Plus de 150 lycées professionnels en France y sont aujourd’hui impliqués, avec :

  • 30 % de contenus spécialisés réseaux,

  • 18 semaines de stage en entreprise,

  • des visites de sites industriels,

  • et des interventions de professionnels en classe.

Ce programme ambitionne aussi de favoriser la reconversion professionnelle via des partenariats avec France Travail et les organismes de formation continue. Objectif : diversifier les viviers de recrutement, et réduire la dépendance à un nombre restreint de profils techniques.

Des freins persistants : attractivité, féminisation, formation

Malgré l’élan, plusieurs obstacles freinent encore l’accélération nécessaire : faible féminisation des métiers (moins de 10 % de femmes sur les postes techniques), déficit d’image auprès des jeunes, concurrence avec d’autres filières industrielles (nucléaire, ferroviaire, data centers).

L’étude préconise donc une campagne offensive de valorisation des métiers dès le collège, le développement de spécialisations post-bac plus lisibles, et l’augmentation significative des capacités d’accueil dans les établissements formateurs.

Une aventure industrielle de première ligne

Les représentants d’Enedis et RTE l’ont rappelé : les volumes d’embauches attendus sont comparables à ceux du nucléaire ou du ferroviaire. En ce sens, la filière des réseaux électriques devient un pilier stratégique de la réindustrialisation française et de la décarbonation des usages.

Les entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes, particulièrement bien positionnées dans l’électrotechnique, les systèmes embarqués, ou les solutions d’énergie intelligente, ont une carte à jouer dans cette dynamique nationale.