Retour à la case départ ? Frédéric Chesnais, un vétéran d’Infogrames… à la tête d’Atari
Frédéric Chesnais, un spécialiste des jeux vidéo qui fut dirigeant et directeur financier d’Infogrames entre 2001 et 2005 à la grande époque de Bruno Bonnell et Pdg d’Atari Interactive, va tenter une opération de la dernière chance pour sauver Atari. Il a été nommé Pdg du groupe, les anciens actionnaires, le fonds anglo-saxon Bluebay ayant bradé ses actions et passé le témoin. La solution de la dernière chance.
Frédéric Chesnais qui vient de prendre la tête d’Atari va tenter l’opération de la dernière chance.
Cet expert-comptable, passé par la banque Lazard, fut dirigeant et directeur financier d’Infogrames entre 2001 et 2005, lorsque Bruno Bonnell était encore à la tête de la société, appelée alors Infogrames; puis il fut Pdg d’Atari Interactive.
Ce spécialiste qui a, au cours de sa carrière, lancé de nombreux jeux vidéo va-t-il réussir à redresser l’entreprise qui a perdu 2 millions d’euros en 2012 ?
Une rémunération de 1 000 euros par mois
Il a été nommé Pdg de la maison-mère du groupe en pleine déconfiture, avec une rémunération de 1 000 euros par mois…
Il s’agit pour lui de tenter l’ultime sauvetage de l’entreprise créée par Bruno Bonnell et qui était entraînée ces derniers mois dans une spirale infernale, amenant le dépôt de bilan, à la fois des trois filiales américaines, puis de la maison-mère française.
« Malgré l’arrivée de nouveaux actionnaires et soutiens financiers, Atari se trouve dans une situation délicate et complexe. Nous allons travailler dur pour revoir chaque option envisageable et chercher à obtenir le financement nécessaire pour Atari SA et pour le Groupe Atari au vu des circonstances actuelles », reconnaît Frédéric Chesnais, bien conscient qu’il ne dispose que de « quelques semaines » pour sauver l’entreprise. « Quand j’ai eu connaissance de la situation, je n’ai pas hésité une seconde« « , déclare-t-il dans un long communiqué diffusé le jour même de sa nomination à la tête d’Atari.
Petit retour en arrière pour bien comprendre la situation. Le fonds anglo-saxon BlueBay, qui avait repris Atari, écartant Bruno Bonnell de la société baptisée alors Infogrames, jette l’éponge se révélant incapable de remettre sur pied une société qui fut l’un des plus grands acteurs français et européens des jeux vidéo..
25,23 % du capital pour…400 euros
Le fonds d’investissement Ker Ventures possédé par Patrick Chesnais rachète à Bluebay, pour 400 euros… 25,23 % du capital d’Atari SA, la société-mère cotée en bourse, ainsi que certaines obligations remboursables en action ou en numéraire.
Il est accompagné dans cette opération de sauvetage par un fonds américain, Alden, qui vient aussi à la rescousse d’Atari en se cantonnant au rôle de partenaire financier : ce dernier acquiert le prêt senior BlueBay d’environ 21 millions d`euros. Il met aussi la main sur les autres titres financiers convertibles détenus par BlueBay.
Au total, Alden détiendra 3,95% du capital déjà émis, mais pourrait monter à 44,2 % avec la conversion de toutes les ORANE (obligations avec option de remboursement en actions ou en numéraire).
En contrepartie, le fonds Alden apporte 5 millions de dollars dans le cadre d’un financement dit « debtor in possession ».
Le financement des filiales américaines assuré jusqu’à l’été prochain
Le financement des filiales américaines d’Atari par Alden est ainsi assuré jusqu’à l’été prochain, soit jusqu’à l’issue des procédures de faillite (dite chapitre 11, selon la loi américaine) dans lesquelles elles sont engagées.
En voie de conséquence, le représentant de BlueBay quitte son poste d’administrateur d’Atari SA, tout comme Jim Wilson, qui avait été nommé directeur général, suite à l`annonce par BlueBay.
Ce dernier conservera néanmoins son poste de directeur général d`Atari Inc, la principale filiale opérationnelle américaine, tandis que le conseil d`administration a nommé Frédéric Chesnais et Erik Euvrard un membre indépendant, en tant que nouveaux administrateurs de la société.
Le nouveau conseil d’administration d’Atari est ainsi composé de Frédéric Chesnais (Pdg), Frank E. Dangeard (administrateur indépendant, président du comité d’audit), Erik Euvrard (administrateur indépendant), Alexandra Fichelson et Tom Virden (administrateur indépendant, président du comité des nominations et des rémunérations).
Frédéric Chesnais est aussi nommé au poste de directeur général d`Atari SA, la maison-mère française.
Seule certitude dans la situation complexe et difficile dans laquelle se trouve désormais Atari : l’avenir de la société dépendra largement de l’issue de la procédure de faillite aux Etats-Unis, puisque « la majorité des employés et des actifs valorisables » s’y trouvent.
Frédéric Chesnais a en parallèle décidé de retirer les demandes d’ouverture d`une procédure de sauvegarde en France.
Reprise de la cotation ?
Le nouveau patron d’Atari annonce qu’il va essayer de faire reprendre le plus tôt possible la cotation des actions Atari, société cotée en Bourse ; et ce, après la publication du chiffre d`affaires pour le trimestre clos le 31 décembre 2012.
Il faudra néanmoins attendre le déroulement des premières audiences de la procédure de faillite américaine, qui seront déterminantes pour l’avenir d’Atari. Ce qui représente un délai de quatre à six semaines. Cruciales.
On en est là. Baroud d’honneur ou enfin, l’amorce d’un renouveau ? A suivre…