Rhône-Alpes Création 2 : un fonds de 21 millions d’euros pour les entreprises innovantes
Créé il y a vingt-deux ans par Alain Mérieux pour financer les entreprises innovantes, Rhône-Alpes Création repart de l’avant. Un deuxième fonds de 21 millions d’euros vient d’être lancé : il est destiné, à travers une alliance public/privé, à financer au moins une cinquantaine d’entreprises innovantes rhônalpines au cours des cinq prochaines années.
C‘est devenu une évidence qu’il convient de marteler : dans le cadre de l’environnement économique actuel, dans notre pays, la croissance des entreprises ne peut passer que par l’innovation. Une innovation pas obligatoirement technologique, mais qui peut être marketing, sociale, sociétale, etc. Regardez Seb avec sa friteuse sans huile qui fait un tabac ou la PME lyonnaise Babolat qui a réussi à se hisser au rang de n°2 mondial des raquettes de tennis, en ajoutant sans arrêt de la valeur ajoutée dans ses produits.
Seul problème : l’innovation coûte cher. Et le capital-risque est comme son intitulé l’indique un sport particulièrement…risqué. C’est la raison pour laquelle, Alain Mérieux que l’on ne peut qualifier d’étatiste à tout crin, avait lancé il y a 22 ans un Fonds dédié aux PME de la région Rhône-Alpes, dans le but d’accompagner et de dynamiser les jeunes entreprises innovantes.
Il ne s’agissait pas de concurrencer les dispositifs financiers et bancaires classiques, mais d’aider les entreprises dont les besoins financiers étaient mal couverts.
Le premier fonds Rhône-Alpes Création (RAC) présidé par Guy Rigaud s’est traduit par un vrai succès. Il a permis de déployer près de 37 millions d’euros au capital de 220 entreprises au cours de ces vingt dernières années. Sans lui, sans doute, des sociétés qui ont désormais pignon sur rue comme Genoway à Lyon (souris transgéniques), AdThink Média (régie publicitaire sur Internet) ou Prismaflex (panneaux publicitaires) n’auraient pu voir le jour.
A la clef, il a permis de créer près de 3 000 emplois directs, ce qui est loin d’être négligeable. Ce premier fonds qui a encore 63 entreprises en portefeuille va s’éteindre de sa belle mort au cours des prochaines années, permettant à la Région Rhône-Alpes et à ses partenaires de récupérer une bonne part de la mise initiale (A ce jour, RAC a généré 15 millions d’euros de plus values sur les sorties). Et ce, malgré un taux de sinistre élevé : près de 40 % des entreprises dans lesquelles le fonds a investi ont disparu. Tel est est le prix à payer en matière de capital-risque.
Vu la situation générale de l’économie et les difficultés des jeunes entreprises à trouver des financements, il est apparu à la Région Rhône-Alpes qu’il fallait impérativement relancer un nouveau fonds, baptisé RAC 2.
Celui-ci vient d’être porté sur les fonts baptismaux : il bénéficie à la fois d’un capital de 21 millions d’euros, mais aussi d’un nouveau directeur : Sébastien Touvron qui est notamment passé au cours de sa carrière par le groupe de capital-investissement régional Siparex, mais aussi Sudinnova, mais encore par Rhône-Alpes Création.
Le capital de ce nouveau Fonds RAC 2 est le fruit d’un partenariat public/privé. Avec 6,9 millions d’euros, la Région représente 33 % du capital. Elle est accompagnée de la Banque Populaire Loire et Lyonnais (3,8 millions d’euros), de la Caisse des Dépôts Rhône-Alpes (3,435 millions d’euros), du Crédit Agricole ( 2 millions d’euros), mais aussi d’entreprises, telles qu’Apicil (550 000 euros), Sanofi Pasteur (400 000 euros) ou Merial (200 000 euros).
Ce capital pourra être porté à 30 millions d’euros.
Pour son nouveau président, Sébastien Touvron, qui prend la tête d’une équipe de sept personnes, « notre ambition est de maintenir un rythme de participations annuelles et être le premier acteur régional pour financer de jeunes entreprises lors des étapes d’amorçage, de création ou de 1er développement : et ce, dans tous les secteurs de l’industrie et des services. »
Les premiers investissements démarreront dès septembre prochain. Les tickets investis, en compagnie des banques locales ou de business angels peuvent s’élever jusqu’à 1 million d’euros pour un premier tour de table
On parle actuellement beaucoup de capitaux patients en opposition à la folie financière du retour sur investissement échevelé que l’on a pu connaître dans le passé. Ce Fonds répond à cette définition : il s’est fixé un cycle de 14 ans (2012/2026), ce qui à vrai dire est long, voire même quelque peu hors normes.
Photo (DL)-Sébastien Touvron, le nouveau président de Rhône-Alpes Création.