La liaison tram/train reliant le quartier de la Part-Dieu concédée à Véolia Transport est sur les bons rails, deux ans après son lancement. Son trafic qui a progressé de 6 % en 2011 passera cet été la barre des deux millions de passagers. Le déficit d’exploitation s ‘élève comme prévu à 800 000 euros, mais en 2013, la ligne devrait arriver à son point d’équilibre. La suspension de la liaison ferrée pour travaux pendant un mois en octobre ne devrait pas peser sur les comptes…
« Trop chère, elle n’attirera pas suffisamment de voyageurs ! » Lors de sa mise en service, le 9 août 2010, Rhônexpress, la liaison tram/train qui relie la Part-Dieu à la gare ferroviaire de Lyon-Saint Exupéry, avait essuyé de nombreuses critiques.
D’autant que le Conseil général du Rhône, l’instance concédante avait été clair : s’il finançait les infrastructures dont il reste le propriétaire, pas question de mettre un centime dans l’exploitation. D’où l’obligation pour l’exploitant, Véolia-Transport vainqueur de l’appel d’offres et concessionnaire pour trente ans, d’instaurer un tarif relativement élevé.
Au point d’être dissuasif ? Au bilan, non, puisque le trafic est celui escompté dès le départ : autour du million de passagers par an, soit en moyenne, 2 850 par jour. Ce trafic a crû de 5 % en 2010, puis de 6 % en 2011. Il devrait encore croître de 8 % cette année, avant de trouver un profil probablement plus stable. Le franchissement de la barre des 2 millions de passagers est attendue pour le 20 juillet prochain.
Qui sont ces passagers ? A hauteur de 13 % du trafic, il s’agit d’une partie des cinq mille salariés de l’aéroport, pour 39 %, des passagers affaires et enfin, pour 48 % d’entre eux, par des particuliers allant prendre pour l’essentiel l’avion, mais aussi le train.
Le concessionnaire, en l’occurrence Véolia Transport admet ne pas regretter l’obtention de la concession. La perte financière de 800 000 euros enregistrée l’année dernière sur un chiffre d’affaires de 10,8 milions d’euros HT, en 2011 «était programmée. Nous avions prévu d’attendre trois ans avant d’arriver à l’équilibre », reconnaît Yves Perillat, le président de Rhônexpress.
Cela n’empêche pas l’équipe de Rhônexpress de tenter de doper le trafic avec toute une série d’initiative commerciales portées par un budget de communication de 60 000 euros : tarifs moins cher si le billet est acheté sur le Web (14 au lieu de 15 euros pour un aller-simple), promo à travers des ventes flash à 7 euros l’aller simple, actuellement ; tarif aller et retour à moitié prix pour une famille de quatre personnes, etc.
Mais, précise bien Yves Perillat, il n’est pas question de baisser le prix du billet qui croîtra chaque année au rythme de l’inflation.
Cela n’obère pas la satisfaction générale des clients (hormis le prix : 31 % seulement de taux de satisfaction !) qui selon une enquête effectuée par Rhônexpress, se situerait pour le reste à un haut niveau : 95 %, avec 96 % des clients ambivalents, car prêts à recommander la liaison. Yves Perrillat met aussi en avant l’amplitude du service : de 0 h 40 à 5 h, mais aussi sa ponctualité : 1 % seulement des trajets, assure-t-il, subissent un retard de plus de cinq minutes.
Reste tout de même une mauvaise nouvelle qui risque de faire baisser, un temps du moins, ce bon taux de satisfaction. Pendant quatre semaines, en octobre, le trafic de Rhônexpress sera totalement interrompu et remplacé tous les quarts d’heures par des bus, aux départs de la Part-Dieu, mais aussi de la Soie à Vaulx-en-Velin et de Meyzieu.
Le responsable n’est pas le concessionnaire, mais le Sytral, l’instance organisatrice des transports dans le Grand Lyon qui doit effectuer sur l’ancienne ligne des chemins de fer de l’est, d’importants travaux. Ceux-ci visent à la fois à préparer-enfin !- l’arrivée du Tram T3 au centre d’expositions d’Eurexpo en novembre, juste avant l’ouverture du plus important salon de l’année : Pollutec.
Le Sytral en profitera aussi pour préparer l’arrivée du tramway, non seulement au futur Grand Stade de Décines, mais aussi à son futur parking de 1 500 places. Une interruption qui coûtera cher à Rhônexpress, reconnaît Yves Perillat qui compte bien se retourner vers le Conseil général pour payer la facture. Quitte à ce dernier à se tourner ensuite vers le Sytral, ce qu’il ne manquera sans doute pas de faire…
Photo (DR)–Avec ses aménagements, son hôtesse d’accueil, Rhônexpress veut donner un avant-goût de l’avion : d’une longueur de 22 km, la ligne est parcourue en trente minutes.