Saint-Etienne : première Biennale du design « métropolisée »
Deuxième plus grande manifestation en France consacrée au design, la Biennale 2010 qui se déroulera du 20 novembre au 5 décembre à Saint-Etienne, devrait drainer près de 85 000 personnes, professionnels venus de toute l’Europe, mais aussi particuliers. Elle possédera une double caractéristique cette année : ce sera à la fois la première à prendre place dans la nouvelle Cité du design et à se dérouler dans le cadre de la Grande Métropole composée de Lyon, Saint-Etienne, la Capi et Vienne. Lyon servira de cadre à des manifestations intégrant la gastronomie et de grands chefs autour du design culinaire.
Qui pense design, pense souvent mobilier ou objets de la maison. Or, historiquement Saint-Etienne, berceau régional du design grâce à son école des Beaux Arts devenue l’Ecole supérieure d’art et de design, a depuis l’origine vu ses designers se tourner vers l’industrie : les armes, mais aussi les rubaniers et autres passementiers. Depuis, elle a pris l’habitude de travailler avec tous les grands industriels de la région.
Ceci explique qu’une nouvelle fois, lors de cette septième édition, la Biennale du design sera à nouveau particulièrement tournée vers l’industrie.
Elle bénéficiera cette année d’un nouvel écrin : la Cité du design, installée sur le site de l’ancienne manufacture d’armes, à l’architecture très contemporaine, inaugurée il y un an et demi par Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture.
Pour explorer de nouveaux territoires du design, Elsa Francès, directrice générale de la Cité du design a choisi une commissaire : Constance Rubini une historienne, spécialiste du design. Pour elle, « Il s’agit une nouvelle fois de réinventer la Biennale, de fournir de nouveaux regards »
Le thème de cette édition est assez surprenant au premier abord : la téléportation. Il ne fait pas référence à la science fiction, mais à la virtualité du Web et à la mobilité, signe de notre époque.
On pourra ainsi découvrir lors de cette Biennale neuf expositions différentes. Intitulée « Comfort », l’une d’elles sera élaborée par Constantin Grcic, l’une des plus importantes stars européennes du design. Seront également présents, Dune et Raby, un couple de designer anglais très en vogue, créateurs du « design critique » : ils voient les objets comme des outils critiques de notre époque.
On pourra aussi noter la présence de la Française Claire Fayolle (« Demain c’est aujourd’hui ») qui réunira une forte proportion de designers autour de « produits concepts » de différents secteurs industriels (automobile, électronique, médical, énergie), en provenance du monde entier. Les Ecoles de design seront aussi représentées. L’une d’entre elles mettra en scène une entreprise virtuelle.
Les designers de cinq pays seront cette année mis en avant : ceux d’Espagne, Belgique, Finlande, Japon et Chine. Au total, cette Biennale affichera 450 designers et 150 entreprises au compteur.
Seconde innovation cette année : à l’instar de la Biennale de la danse de Lyon, du Festival Cirque de Bourgoin-Jallieu ou l’été prochain, de Jazz à Vienne, cette Biennale sera « métropolisée ». Cela signifie que les villes devenues sœurs soutiendront non seulement la manifestation, via notamment des campagnes d’affichage, mais l’accompagneront aussi en organisant des manifestations connexes entrant en résonance avec elle.
Ce sera le cas à Lyon. L’occasion de mettre en avant deux autres formes de design, celui de la mode à travers la Cité de la Création à la Croix Rousse, mais aussi… culinaire, à travers un parcours « Lyon design en ville » : treize designers mettront en scène des dîners d’une douzaine de personnes réalisés par de grands chefs, chacun d’entre eux étant sponsorisé par une entreprise.
Se voulant de véritables performances, ces dîners seront animés par un(e) journaliste et filmés par TLM (Télé Lyon Métropole). Un dîner de ce type rassemblera ainsi le designer lyonnais Bertrand Barrré, Philippe Gauvreau, le chef étoilé de la Rotonde et les meubles Grange. Sur un autre site, les convives du dîner créé par Philippe Marguin, président des Toques Blanches Lyonnaises et se déroulant chez un spécialiste de la literie mangeront …allongés !
Une Biennale qui devrait se révéler assurément créative, voire même parfois décalée.
Photo : Elsa Francès, directrice générale de la Cité du design, à l’origine de la Biennale et François Gourbeyre, adjointe à la culture de Saint-Etienne. Le budget de 3,5 millions d’euros de la Biennale est pour une bonne part assuré par la municipalité stéphanoise et Saint-Etienne Métropole.