Saint Exupéry : après un envol du trafic en 2011, atterrissage annoncé pour 2012
S’il n’y avait pas la grève des agents de sûreté pendant onze jours et le printemps arabe qui a détourné la clientèle du Maghreb, et de l’Egypte, l’année 2011 aurait été une année de rêve pour l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry. Malgré ces aléas qui lui ont fait perdre plus de 200 000 passagers, l’aéroport rhônalpin a réalisé la plus forte croissance l’année dernière de tous les aéroports de province : + 5,7 %, soit très précisément 8 437 141 passagers transportés. Ce qui lui permet de conforter sa deuxième place, après Nice, des aéroports hors Paris.
On aurait pu penser que l’aéroport régional aurait atteint, là, sa vitesse de croisière lui permettant de continuer son vol à cette altitude, grâce à l’annonce de nouvelles lignes (*). Philippe Bernand, son directeur ne le prévoit pas. ll pronostique même pour cette année « des prévisions extrêmement modestes en matière de trafic. »
Les raisons ne tiennent pas à la conjoncture, mais d’abord aux turbulences que traverse actuellement Air France qui perd 1,5 million d’euros par jour.
Pour pallier ces difficultés, le transporteur national a décidé-entre autres actions- de décentraliser son fonctionnement et de baser des avions, des pilotes et des équipages dans quelques aéroports de grandes villes dont Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nice, dès cette année.
Lyon qui bénéficie déjà d’un hub d’Air France aura aussi sa base aux couleurs tricolores, mais pas avant l’année prochaine. Cela signifie que la compagnie nationale qui réalise 40 % du trafic total de Saint Exupéry ne devrait pas développer outre mesure son trafic cette année.
Le problème, même s’il est moins sensible, est identique pour Easy Jet qui s’est installée aussi à Marseille et Nice, ce qui pourrait poser la question du maintien des six avions de la compagnie britannique présents actuellement sur le tarmac lyonnais.
Mais pour Philippe Bernand, cette année 2012 qui s’annonce un peu difficile, ne devrait constituer qu’une parenthèse. Selon lui, la perspective de l’installation d’une base d’Air France à Lyon dès l’année prochaine devrait permettre un développement du trafic court et moyen courrier de la compagnie qui aurait alors digéré ses difficultés.
Quid des lignes intercontinentales dont rêve depuis longtemps le directeur de l’aéroport ? Elle sont toujours d’actualité pour Philippe Bernand. « Des lignes vers les Etats-Unis, les pays du Golfe et la Chine sont à l’étude. Mais nous pensons qu’il faut déjà densifier les courts et moyens courriers, avant de développer les longs courriers. » Il table pour ce faire sur Air France, Easy jet et Lufthansa.
Il compte aussi sur Rhônexpress, le nouveau tram-train qui relie Lyon-Part-Dieu, à l’aéroport et qui, selon lui « est une vraie réussite et constitue un critère très important amenant les compagnies aériennes à choisir Lyon. »
Dans cette perspective, l’aéroport entend bien maintenir les très lourds projets de développement de ses infrastructures, à commencer par la modernisation de ses terminaux 1 et 3, avec une extension de 40 000 M2 dès 2016, année de l’Euro de football, avec à la clef, 12 000 m2 de centre commercial et six postes d’avions moyens et gros porteurs supplémentaires sur le tarmac. Coût de l’investissement : 200 millions d’euros.
Un investissement qui sera autofinancé : l’aéroport a rétabli ses comptes et diminué sa dette ramenée à 104 millons d’euros.
La hausse du trafic a permis l’année dernière à son chiffre d’affaires de croître de 5,3 % à 147 millions d’euros, ce qui lui a permis de dégager un résultat net en hausse de 18 % à 11 millions d’euros.
Philippe Bernand est donc persuadé qu’à terme l’aéroport va pouvoir développer des liaisons long courrier. Mais il compte procéder progressivement, par étape pour se donner cette fois les moyens de la réussite. Rappelons que par trois fois, l’aéroport a dû suspendre une liaison avec New York. Il s’agit désormais de se donner tous les atouts pour qu’un nouvel échec se révèle impossible.
Illustration : Les projets de transformation et d’extension des Terminaux 1 et 3, pierre angulaire d’un programme d’investissements de 200 millions d’euros à cinq ans.
(*) Les nouvelles lignes de la saison printemps/été 2012 au départ de Lyon Saint Exupéry : Vueling, nouvelle compagnie low cost : Barcelone 5 fréquences à 6 en juillet et août ; Palma de Majorque, 2 fréquences à 3 en juillet et août.
EasyJet : Ajaccio, 3 vols par semaine du 7/07 au 01/09/2012 ; Palerme, 2 vols par semaine du 8/07 au 02/09/2012.
Camair-Co : Yaoundé / Douala, 1 fois par semaine depuis le 1er février dernier.
Aigle Azur : Funchal (Madère), 1 fois par semaine à compter du 5 avril. prochain ; Tlemcen (Algérie), 1 par semaine du 29 mars au 25 octobre.
Air Algérie : Tlemcen (Algérie), 1 fois par semaine à partir du 28 mars.
Air France : Naples, 1 fois par semaine du 30 juin au 1er septembre ; Southampton, 1 fois par semaine.
Lufthansa : Berlin (nouvel aéroport de Berlin Brandebourg International), 4 vols par semaine.
Wow Air : compagnie low cost islandaise : Reykjavik, 1 fois par semaine à partir du 10 juin.