Salon aéronautique du Bourget : la PME lyonnaise Sunaero en passe de signer un méga-contrat avec l’US Air Force
Faut-il posséder une taille critique pour engranger de gros contrats dans l’industrie aéronautique ? Sunaero, une PME de 20 personnes basée à Genay dans le Rhône vient de prouver que ce n’était pas nécessaire, à condition d’être très innovante et de consacrer une bonne part de son chiffre d’affaires à la R&D. Résultat, elle est en passe de finaliser un gros contrat avec l’armée de l’air américaine. En compagnie de 120 PME de la région Rhône-Alpes, Sunaero était présente au Salon du Bourget, dont 80 l’étaient sous la bannière du Cluster Aerospace. Un bilan aux excellentes retombées cette année de l’avis des participants. Ce qui va permettre à la filière aéronautique rhônalpine de maintenir le cap d’une croissance annuelle de 5 à 7 %.
Vous aurez beau insister, Thierry Regond, Pdg de Sunaero, une PME de vingt personnes et de 6 millions d’euros de chiffre d’affaires basée à Genay dans la banlieue de Lyon, ne vous citera pas le chiffre d’affaires du contrat qu’il est actuellement en train de finaliser avec l’US Air Force. « Il n’est pas encore définitivement signé, l’armée américaine peut encore tout stopper si elle le souhaite et enfin, elle n’aime pas la publicité autour de ses contrats, d’autant que nous sommes une entreprise française », explique-t-il.
Ce contrat concerne un marché de maintenance de près de cinq mille avions !
Une prudence compréhensible, d’autant que cet accord commercial espéré est le fruit de plusieurs années d’effort pour cette PME qui consacre 15 % de son chiffre d’affaires à la Recherche & Développement, laquelle accapare onze des vingt salariés de l’entreprise.
Pour s’installer sur l’incontournable marché américain de l’aéronautique qui représente 70 % du marché mondial, il a fallu que le Pdg, Thierry Regond, crée une filiale à majorité américaine pour produire aux normes US avec 65 % de composants made in USA. « En 2010, le manuel de maintenance de tous les avions de l’armée de l’air américaine a intégré notre produit dans la procédure de contrôle de l’étanchéité», se félicite le Pdg de Sunaero. Il ne reste plus qu’à obtenir le contrat de déploiement du procédé français devenu américain sur les bases de l’US Air Force réparties dans le monde entier…
Cette société est installée sur un marché de niche. Elle a mis au point un ensemble de techniques qui permettent de faire passer le temps d’immobilisation d’un avion de 72 h à 6/7 h, donc une économie substantielle pour les compagnies aériennes. Son créneau ? «Le cœur de notre métier est le contrôle d’étanchéité et la réparation. Il s’agit de détecter toute fuite de carburant en contrôlant la voilure de l’avion où est stocké le kérosène et de réparer. Et, cela sans toucher à la structure et sans démonter les pièces. Notre technologie s’applique aussi bien aux avions civils que militaires», précise Thierry Regond. L’innovation déployée a séduit tous les grands constructeurs aéronautiques à commencer par Airbus, son premier client qui a crédibilisé son savoir-faire, puis Boeing, le Brésilien Embraer, ainsi que de nombreuses compagnies aériennes et plusieurs armées de l’air.
Sunaero figurait parmi les 80 PME de la région Rhône-Alpes réunies sur 900 m2 de stands sous la bannière du cluster rhônalpin Aerospace, lors du salon du Bourget, cette grand messe du marché aéronautique qui se déroule tous les deux ans, qui vient de se terminer.
Une moisson exceptionnelle cette année pour lui et ses confrères, se félicite le Pdg de Sunaero : « Le bilan du salon est extrêmement positif en termes de contacts. Il nous a demandé six mois de préparation de très haut niveau du fait du degré de maturité de nos produits. L’investissement est rentable : il nous a permis d’économiser l’équivalent de deux années de déplacements ! »
Même son de cloche pour le vice-président du cluster Aerospace, Christophe Ulrich, Pdg de la société AVNIR Ingineering : « Toutes les entreprises présentes au salon sont satisfaites. Entre le mardi et le jeudi, nous avons eu, soit confirmation de commande, soit de nombreux contacts sur des sujets concrets qui s’annoncent fructueux : ce fut un excellent salon. »
Au total, sur le salon du Bourget, la région Rhône-Alpes a déployé 120 PME, 40 d’entre elles exposant hors de l’espace dévolu au cluster rhônalpin.
Sachant qu’un total de 400 PME hexagonales exposaient sur le salon, cela signifie que la participation régionale représentait le quart de celui dévolu à la France. Une belle présence pour une région qui n’est pas réputée, comme l’Aquitaine ou Midi-Pyrénées, être une région aéronautique. « Avec un total de 250 entreprises sur ce secteur, soit 16 000 emplois pour un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros, nous sommes devenus une région aéronautique à part entière », rétorque Frédéric Antras, secrétaire général du cluster régional.
Avec un chiffre d’affaires du secteur en croissance de 5 à 7 % l’an, Rhône-Alpes a bien su prendre le sillage d’un marché en expansion. Les atouts de la région : ils sont bien évidemment technologiques avec trois domaines prédominants : les composites (Ain et Rhône), l’électronique embarquée (région grenobloise, Rhône et Drôme), l’usinage et les métaux (Savoie), ainsi que les systèmes de carburants (Loire).
Cette visibilité régionale a permis au cluster de nouer des liens plus ténus encore avec EADS, la maison-mère d’Airbus : « EADS nous a identifiés sur nos thématiques et a exprimé le souhait que Rhône-Alpes devienne une force de propositions sur les technologies d’avenir », se félicite le vice-président du cluster. Prometteur.
Photo (Jean-Claude Pennec)-Le cluster Aerospace a rassemblé lors du salon du Bourget près de 80 entreprises rhônalpines réunies sur un stand commun de 900 m2.