« Seuls une vingtaine d’hôtels restent ouverts dans le Rhône et encore ils sont presque vides… »
Dans le cadre du confinement, les hôtels ne font pas, comme les établissements de restauration ou les bars et cafés, l’objet d’une obligation de fermeture. Mais combien restent ouverts ? Selon Laurent Duc, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), le département du Rhône compte 220 hôtels au total et… 200 sont fermés. Sauf que les rares hôtels ouverts sont vides ou presque. Quelques restaurants font de la vente à emporter, mais ils sont de moins en moins nombreux. Interview.
Où en est l’hôtellerie dans le Rhône, sachant que ces établissements n’ont pas, contrairement au café bars et restaurants, obligation de baisser le rideau ?
Laurent Duc-D’après l’enquête que nous avons menée, sur les 220 hôtels que compte le département du Rhône, à peine une vingtaine sont ouverts. Ils étaient seize au dernier décompte. Et encore, il s’agit en général de petits établissements qui comptent en moyenne une vingtaine de chambres qui peuvent être tenus par les propriétaires en couple. Tous les grands hôtels sont fermés.
Et votre propre établissement, l’Ariana à Villeurbanne ?
Je réponds au téléphone, mais il est fermé. Mon personnel a été mis en chômage partiel. Pour que je conserve du personnel au travail, il faudrait que la moitié de la centaine de chambres de l’hôtel soient louées. C’est très loin d’être le cas.
Les rares hôtels ouverts ne louent d’ailleurs que quelques chambres, soit à des professionnels qui travaillent encore, soit aux personnels soignants des hôpitaux.
Quelles sont les mesures sanitaires qui sont prises, d’une part dans les hôtels qui restent ouverts et d’autre part dans la perspective d’une réouverture, après le confinement ?
Nous sommes en train de mettre en place, à l’échelon national une procédure des bonnes pratiques sanitaires dans les établissements hôteliers, avec le ministère : elle devrait être prête d’ici une semaine.
Est-ce que les mesures gouvernementales d’accompagnement vous semblent suffisantes ?
Nous avons réussi à obtenir pour le chômage partiel que l’indemnisation ne porte pas sur 35 heures, mais sur 39 h, horaires en vigueur dans l’hôtellerie et c’est une bonne chose car ça limite la perte pour nos personnels. Mais à ce rythme, je ne sais pas pendant combien de temps l’Etat va être capable de payer tout çà…
Quels retours du côté de la restauration dans le Rhône ?
Sachant qu’ils n’ont pas le droit d’ouvrir, les perspectives sont encore pires, d’autant que les tentatives de ventes à emporter ne rencontrent pas une grande réussite, le plus souvent faute d’identification.
Sur les 2 500 restaurants répertoriés dans le Rhône, il y en avait une centaine qui les deux premières semaines ont essayé de développer de la vente à emporter, ce qui leur a notamment permis d’écouler leurs stocks. Désormais, ce nombre est réduit à une cinquantaine.
A combien estimez-vous les risques de dépôts de bilan ?
Les hôtels et restaurants les plus récents et aussi ceux qui étaient déjà fragilisés ont de vrais risques de mettre la clef sous la porte, faute de trésorerie. Il va y avoir des dégâts.
Comment voyez-vous le redémarrage ?
Il va être obligatoirement lent. Il serait bien à cet égard que le bâtiment reprenne.
D’abord, les frontières vont rester fermées encore un bout de temps et notre meilleure clientèle, question pouvoir d’achat est étrangère.
Les scolaires et les étudiants ne rentreront sans doute pas avant septembre/octobre.
De toute façon, on ne fera rien d’ici le 1er mai ; après, en juillet/août on devrait voir revenir les touristes français, car ceux qui ont travaillé pendant le confinement vont à juste titre vouloir prendre des vacances.
En tout cas, je vois devant nous un tunnel touristique d’au minimum six mois…