Sites Seveso : quelles mesures pour prévenir les risques industriels dans la Métropole ?
L’industrie de la chimie et ses sites seveso
Ces sites sont identifiés par une réglementation européenne de 1982 : la directive Seveso. Cette dernière fait suite à un évènement tragique de 1976 : une catastrophe écologique et sanitaire due à un incident dans une usine chimique de la commune italienne de Seveso. En découle donc cette directive européenne, créée pour renforcer le contrôle des pouvoirs publics sur les activités industrielles à risques. Elle indique que les Etats membres de l’Europe sont contraints d’identifier leurs sites industriels présentant des risques majeurs.
Les établissements sont dorénavant classés en “seuil bas” ou “seuil haut” selon leur activité : plus la quantité de matières dangereuses est importante sur les sites et plus les exigences réglementaires sont élevées. Il y a 705 sites Seveso classés seuil haut et 607 sites Seveso classés seuil bas en France.
L’Auvergne-Rhône-Alpes en détient le nombre le plus élevé (186), dont 22 “seuils hauts” rien que dans la Métropole de Lyon. Au sud de la ville se trouve en effet la Vallée de la chimie, zone industrielle intercommunale comportant une grande concentration d’industries chimiques dont la plupart sont classées Seveso 2.
Les mesures de prévention mises en place
La deuxième version de la directive SEVESO tendait vers plus de transparence auprès du grand public sur les activités industrielles du secteur. Parallèlement, une réglementation nationale, la loi “Risques” du 30 juillet 2003 (promulguée suite à l’explosion de l’usine chimique AZF de Toulouse en septembre 2001), a créé les PPRT (Plans de Prévention des Risques Technologiques). Ces derniers ont pour but d’encadrer la cohabitation entre les sites à risques et les zones riveraines.
Selon ces différentes directives de l’Etat, les entreprises Seveso doivent mettre en place des dispositifs pour prévenir les risques technologiques :
- contrôler le risque à la source de l’activité
- maîtriser l’urbanisation en éloignant les populations du danger
- organiser les moyens de secours
- informer le grand public.
Les PPRT sont établis entre les différentes parties prenantes, à savoir les industriels à l’origine du risque, les entreprises voisines, les riverains, les élus du territoire et les services de l’Etat.
Outre le fait de prévenir les accidents, les sites Seveso ont l’obligation d’établir un plan interne et externe pour limiter les conséquences des accidents industriels. Les riverains doivent être informés des risques industriels, mais également des effets potentiels sur la santé. L’avancée technologique des outils liés à la sécurité tels que la modélisation d’accidents en 3D permet aujourd’hui d’avoir des données les plus précises possibles.
Suite à l’explosion meurtrière en 1966 de la raffinerie de pétrole située à Feyzin, dans la Vallée de la chimie, une collaboration inédite est née en 2007. Cette démarche unique en France porte le nom de “Conférences riveraines” et réunit les industriels, les habitants de proximité, les élus, un groupement d’intérêt scientifique et des chercheurs, dans l’objectif de créer ensemble des actions concrètes visant à maîtriser les conséquences du risque et le respect de l’environnement.
La même année, sous l’impulsion de la Métropole du Grand Lyon et en partenariat avec les communes (comme Feyzin, Pierre-Bénite, Saint Fons,…) et les entreprises du territoire (comme Arkema Centre de Recherche Rhône-Alpes (CRRA), Axel’One, Elkem, IFP Energie Nouvelles (IFPEN), Solvay Saint-Fons Spécialités,…), est aussi née l’ADDVC (Association pour le Développement Durable de la Vallée de la Chimie). Son objectif est de renforcer les synergies, de valoriser les actions, de les coordonner et aussi d’améliorer l’image de la Vallée de la Chimie. Elle vise un développement plus durable du territoire dans le domaine économique, environnemental et sociétal.
Depuis la décision gouvernementale de renforcer les démarches par la directive Seveso 3 (2015), la prévention des risques industriels majeurs en Europe et la protection renforcée des citoyens et de l’environnement sont devenues une priorité. Pour honorer cet engagement, les sites industriels se sont fortement impliqués dans la mise en œuvre d’une démarche RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale) prenant ainsi également en compte les enjeux sociétaux du pays tout en accélérant ses démarches industrielles innovantes.
Afin de relever le défi de taille qu’est l’acceptabilité sociale, le secteur de l’industrie doit faire perdurer la mise en place de nouveaux outils de dialogue avec la population, trouver des terrains d’entente et prouver qu’une cohabitation est possible.