Souveraineté alimentaire, la France importe la 1/2 de ses volailles : pour le spécialiste Marc Saulnier « les consommateurs doivent prendre leur part »
Les volailles fermières d’Auvergne aimeraient bien reconquérir le marché hexagonal. La fusion de l’Auvergne avec la région Rhône-Alpes a amené une concurrente de poids à la Volaille de Bresse qui régnait sans partage : celle des volailles fermières d’Auvergne label Rouge et IGP. Certes, cette dernière n’est pas auréolée du prestigieux concours des Glorieuses de Bresse et elle a les pieds dans la glaise, mais c’est cette simplicité et des prix plus doux qui font qu’elle gagne du terrain. Jusqu’à reconquérir une partie du terrain perdu ? Les agriculteurs en colère ont remis en lumière la question de notre souveraineté alimentaire. On a ainsi appris à cette occasion que la moitié des volailles française proviennent de l’étranger. Comment reconquérir ces parts de marché ?
Pour Marc Saulnier, président des « Volailles Fermières d’Auvergne » troisième bassin en termes de volailles de label rouge en France, c’est d’abord une question de prix et d’information des consommateurs…
Le potentiel de développement en matière de production de volailles est là, notamment chez lui en Auvergne. « Actuellement, faute de demande suffisante, nous sommes obligés de brider notre offre. Nous ne travaillons pas à 100 % en termes de production et de capacité d’abattage », explique ce spécialiste de la volaille qui connaît tous les rouages de la filière.
Pourtant les « volailles fermières d’Auvergne » label rouge et IGP pèsent déjà bon poids : le Syvofa (*) que Marc Saulnier préside compte à la fois 370 éleveurs de volailles, 7 accouveurs (qui font éclore les œufs), 3 fabriquant d’aliments, 3 organismes de production et enfin 4 abattoirs régionaux ; bref, une vraie filière de production intégrée. Et de facto, efficace.
Pour Marc Saunier, la mise à mal de notre souveraineté alimentaire est d’abord une question de prix. « Il faut le rappeler : la volaille est d’abord la viande la moins chère de toutes. Nous la produisons en Auvergne à 6,50 euros le kilo », explique t il. Or les importations non labellisées sont vendues aux alentours de 3,50 euros », explique-t-il.
Et d’ajouter : « Ces importations qui proviennent d’Europe de l’Est, du Brésil, d’Amérique du Sud ou encore de Thaïlande n’apparaissent nulle part, dans la mesure où elles sont utilisées dans des produits élaborés, comme les jambons de volaille, par exemple, mais aussi dans les cantines publiques ou scolaires. Elles sont donc utilisées en produits transformés. Aldi ou Lidl en sont les premiers utilisateurs »
Et d’ajouter : « Il faudrait se poser la questions de la restauration commerciale ! »
Pour lui, « si le consommateur était attentif, cela changerait beaucoup de choses. «
Et d’ajouter : « j’attends une réaction des consommateurs? c’est ce qui pourrait faire la différence »
Cette crise agricole va-t-elle changer la donne ? « La situation que je décris est celle qui se maintient malgré tous nos efforts », se plaint Marc Saulnier.
Pour le président du Syvofa, « si la demande augmentait encore, nous pourrions produire mieux et moins cher ; et ce, si nous utilisons nos capacités de production et d’abattage à 100 %, ce qui n’est pas le cas ». Bref, c’est l’histoire de la poule et de l’œuf…
Reste que pour lui, « s’il veut de la qualité et la reconquête de notre souveraineté alimentaire, le consommateur devra accepter de payer un peu plus cher son poulet pour faire tourner l’économie française ! »
C’est donc aussi, une question d’information auprès des consommateurs. Les membres de la filière des volailles fermières d’Auvergne, entendent bien s’y atteler. Or, actuellement, suite à la crise actuelle, ils sont audibles…
(*) Syvofa : Syndicat de défense des volailles fermières d’Auvergne.
Photo : Marc Saulnier