Sur cent laboratoires d’excellence universitaire sélectionnés en France, seize sont rhônalpins
Le nom des lauréats a été dévoilé le 25 mars dernier par le Premier ministre, François Fillon. Il s’agit de cent laboratoires d’excellence universitaire sélectionnés sur deux-cent quarante candidatures. La région Rhône-Alpes est bien dotée : elle s’octroie seize labos, Lyon et Grenoble étant à parité avec chacun huit labos d’excellence sélectionnés. Les programmes de recherche engagés sont très variés : de la biologie aux matériaux, en passant par les nanosciences ou les sciences de l’environnement, voire le langage.
A la clef, près d’un milliard d’euros à se partager entre ces programmes de recherche ainsi placés sous les projecteurs.
Après les pôles de compétitivité, les clusters, les idex, il va falloir que vous intégriez encore une nouvelle terminologie : les « labex » ! En l’occurrence les « laboratoires d’excellence » inventés par les promoteurs du Grand Emprunt qui continuent de déverser leur manne financière sur les projets censés préparer l’avenir de notre pays.
L’objectif de la désignation de ces « labex », explique la préfecture de la région Rhône-Alpes est de « sélectionner des projets de création de laboratoires ambitieux, rassemblant des équipes reconnues d’excellence internationale. » Et d’ajouter qu’il s’agit « de les doter de moyens significatifs pour leur permettre de construire une France de la connaissance scientifique mondialement compétitive, d’attirer des chercheurs et des enseignants-chercheurs de haut niveau et de haut potentiel et de construire une politique intégrée de recherche, de formation et de valorisation de haut niveau. »
Au départ une cinquantaine seulement de « labex » devait être désignée. Finalement après un repêchage, et apparemment sous la pression d’universitaires et d’élus et à l’issue de discussions très animées, semble-t-il, ce panel s’est élargie à cent labos.
Et parmi ceux-ci, seize correspondent dans la région Rhône-Alpes à cette définition : soit huit « labex » pour Lyon (et Saint-Etienne) et huit autres pour Grenoble.
L’Université de Lyon a réussi à placer les deux-tiers des laboratoires qu’elle avait présentés lors de l’Appel à candidature. Ces labos œuvrent dans trois principaux domaines : les sciences dites dures, les sciences de la santé et les sciences de l’homme et de la société.
On y trouve cinq laboratoires d’excellence touchant aux disciplines scientifiques de base : mathématiques et informatique fondamentales (MILYON), physique, chimie, ingénierie (IMUST), physique des particules, astrophysique, géosciences (LIO) et ingénierie des surfaces et interfaces (SISE), acoustique et nuisances (CELyA).
Les sciences humaines et sociales ne sont pas oubliées : la sélection du jury consacre le projet d’études avancées sur le langage et la communication (ASLAN) et le projet d’institut des mondes urbains (IMU) qui devrait ouvrir de nouvelles voies d’approches pluridisciplinaires autour des problèmes environnementaux et sociétaux.
Enfin, les sciences de la santé et de recherche médicale se retrouvent dans le projet DEVWECAN relatif aux recherches sur le cancer et les thérapies ciblées.
Même variété des sujets de recherche à Grenoble où six projets sont portés par l’Université.
Il s’agit des matériaux à travers le programme CEMAM (centre d’excellence en matériaux architecturés multifonctionnels) ; de la biologie, avec GRAL (alliance grenobloise pour la biologie structurale et cellulaire intégrées) ; du programme ITEM (innovation et territoires de montagne).
Deux concernent l’infiniment petit avec un programme sur les nanosciences piloté par le LANEF (laboratoire d’alliances nanosciences – énergies du futur) et MINOS (laboratoire de Minatec sur la miniaturisation des dispositifs innovants de la nanoélectronique) ; s’ajoute enfin un thème autour des sciences de l’environnement, avec OSUG@2020 (stratégies innovantes pour l’observation et modélisation des systèmes naturels).
Un projet sur le même thème est porté par l’école nationale supérieure d’architecture de Grenoble : AECC (valorisation des cultures constructives pour le développement durable). On y trouve aussi comme à Lyon des mathématiques, mais cette fois l’Université de Grenoble qui fait partie du projet de réseau AMIES (agence pour les mathématiques en interaction avec l’entreprise et la société), n’est pas seule et est associée à l’Ile-de-France.
« Le jury international a privilégié le projet scientifique innovant à la reconnaissance des forces existantes », assure-t-on au Commissariat général à l’investissement. Si c’est exact, ce choix constituerait un bon indicateur de la qualité, mais aussi de la variété, de la recherche régionale qui va pouvoir bénéficier de ressources supplémentaires. Reste à connaître les modalités précises de cette distribution de nouveaux crédits de recherche que n’a pas évoquées François Fillon…