Sur le point de trouver l’équilibre économique, Autolib’ sort du tunnel
Si vous êtes Lyonnais; vous avez l’habitude de voir les voitures siglées « Autolib’ » garées dans l’attente de leurs abonnés, bien à l’ombre, dans les parkings de Lyon Parc Auto. Ces véhicules en auto-partage vont aussi être présents sur la voie publique : d’ici quelques semaines, quatorze nouvelles stations de plein air vont voir le jour dans le Grand Lyon. Une concurrence pour le concept Car2go, présenté la même semaine ? Non, assurent dans un même élan, élus et responsables de LPA, la société d ‘économie mixte, propriétaire d’Autolib’ depuis quatre ans : les deux dispositifs d’auto-partage sont complémentaires. L’un est tarifé à la minute, Autolib’ à l’heure. Et surtout, avec ce dernier, on peut bénéficier pour un coût modique, de tous types de véhicules, utilitaires compris.
Un débat parisien vous a peut-être échappé. Il concerne Autolib’, nom généreusement et gracieusement prêté par Lyon Parc Auto à la mairie de Paris pour sa méga-expérience de véhicules électriques en auto-partage actuellement en cours en collaboration avec l’industriel Vincent Bolloré. Beaucoup d’observateurs craignent que ce très lourd investissement ne soit jamais rentable.
Ce n’est pas le cas à Lyon, où le concept a été initié il y a dix ans, avant d’être repris par la capitale. Lancé en 2000 par une association, puis repris par la SEM (Société d’économie mixte) Lyon Parc Auto qui gère la grande majorité des parkings du Grand Lyon, Autolib’, version gones, est quasi-rentable. « Avec 1 500 abonnés et un chiffre d’affaires de 850 000 euros, nous n’avons perdu l’année dernière que 50 000 euros. Nous aurions gagné de l’argent cette année si nous n’avions pas investi autant en 2011», explique François Gindre, directeur de Lyon Parc Auto.
Surfant sur ce succès qui s’est néanmoins fait attendre, Lyon Parc Auto a décidé de passer à la vitesse supérieure. De conserver des Autolib ‘ dans les parkings pour ses abonnés. Mais aussi de les exploiter sur la voirie, pour en accroître la visibilité et l’accessibilité. Ainsi, quatorze stations vont être installées au cours des semaines à venir, bien en évidence avec le panneau et le logo sur la voiture. Un investissement de 243 000 euros, financé pour une part par l’Ademe permettant d’offrir désormais une centaine de véhicules à la disposition des abonnés.
Cette annonce intervient au moment où survient un concurrent : Car2go (lire ci-contre). « En fait, il ne s’agit pas de concurrence-corrige Jean-Louis Touraine, président de Lyon Parc Auto-. Autolib ‘ ne correspond pas aux mêmes besoins. Le concept, tarifé à l’heure est destiné à des utilisations de plus longues distances et de plus longue durée. »
C’est la raison pour laquelle, ce ne sont pas contrairement à Paris des voitures électriques qui, pour l’heure, sont proposées. Autre différence : contrairement à Car2go qui ne propose que des Smarts à deux places, Autolib’ offre à ses abonnés, tous types de véhicules : de la petite ou moyenne voiture urbaine (73 ), au monospace (4), en passant par les utilitaires (19) ou les voitures hybrides, en l’occurrence des Prius (4).
Si Lyon Parc Auto passe à la vitesse supérieur, la raison tient à l’attrait que le concept a progressivement suscité : sur les 1 500 abonnés, on compte 20 % de professionnels pour 80 % de particuliers. Sur ce total, 53 % sont des abonnés actifs,. L’utilisation moyenne de l’abonné est de trois locations par mois : 83 % d’entre eux ne possède pas de voiture. La moyenne d’utilisation est de 4 h pour une trentaine de kilomètres parcourus.
Les tarifs ? A partir de 2,10 euros l’heure, auxquels il faut ajouter 0,36 euros par kilomètre. Soit pour un aller et retour destiné à transporter, par exemple, un meuble Ikea acheté à Bron avec retour sur la Presqu’île : une quinzaine d’euros. « Si vous roulez moins de 12 000 km par an, Autolib’ est beaucoup plus économique que de posséder sa propre voiture », assure Jean-Louis Touraine.
Velov’, Autolib ‘, Car2go, développement du tramway : pour le » même Jean-Louis Touraine, « cette politique mise en œuvre depuis dix ans nous a permis de diminuer de 20 % la circulation automobile dans Lyon, sans utiliser des moyens coercitifs, comme à Londres, où il faut payer pour accéder au centre-ville. Nous entendons bien poursuivre dans cette voie. »
Pour parachever la complémentarité des modes de transports verts, l’objectif des élus est désormais celui-ci : réussir à faire en sorte que la carte Autolib’ qui permet d’ouvrir le véhicule et de le démarrer, soit aussi compatible avec le Velo’v, voire même avec le réseau TCL. Mais on n’en est pas encore là…
Photo (DL) : Une des premières des quatorze stations Autolib’ disséminées sur la voirie du Grand Lyon.