Terres rares : la start-up MagREEsource ne recyclera pas les aimants en Chine, mais à Grenoble, avec de l’hydrogène
Le phénomène de relocalisation engagé suite à la pandémie de Covid-19 progresse pas à pas. Et ce, d’une certaine manière, grâce à la start-up grenobloise MagREEsource qui va installer une unité de recyclage pour aimants près de Grenoble d’ici 2025, permettant de recréer une filière qui jusqu’à présent passait prioritairement par la Chine.
Créée par Erick Petit et Sophie Rivoirard, ses deux cofondateurs, la startup MagREEsource est une spin-off (retombée d’un ou de plusieurs brevets de recherche) du CNRS de Grenoble. Elle a été créée tout juste il y a un an.
Son métier : les aimants à base de terres rares, indispensables pour des technologies de l’énergie plus propres (éoliennes, e-mobility, véhicules électriques, …).
Elle a mis au point des technologies pour valoriser les aimants en fin de vie, en produisant de nouveaux aimants à destination des fabricants européens de moteurs, capteurs et actionneurs ; ce qui permet de favoriser le circuit le plus court possible entre l’approvisionnement et le client.
“Notre procédé est durable, n’utilise pas de produits chimiques, est créateur d’emploi non délocalisable et s’insère dans une filière européenne de recycleurs, intégrant des acteurs du démantèlement de l’économie sociale et solidaire », fait savoir la cofondatrice de la start-up , la chercheuse Sophie Rivoirard.
Un réacteur alimenté en hydrogène
En tant que chercheuse, elle travaillait sur les matériaux magnétiques et leur réaction à l’hydrogène. Ce qui lui a permis de mettre au point une technologie qui, grâce à un réacteur alimenté en hydrogène, se charge de séparer l’acier des terres rares composant les aimants.
Un procédé qui, en générant une poudre métallique (photo), peut ensuite servir à produire de nouveaux aimants en s’appuyant sur le principe du “frittage”, lequel consiste à chauffer une poudre sans la mener jusqu’à la fusion afin de solidifier une pièce.
Ce qui va permettre à la France de disposer d’une technologie de pointe sans susciter de pollution, et de facto, de réduire sa dépendance aux matériaux chinois.
Objectif : lever 3,5 millions d’euros
L’objectif de la jeune entreprise est de lever dans un premier temps 3,5 millions d’euros afin de produire 50 à 60 tonnes dès la fin de l’année ; puis progressivement de monter à 500 tonnes, d’ici 2025. L’ambition de sa start-up qui est lauréate du Plan de Relance est de capter jusqu’à 30 % de la demande de recyclage des aimants en Europe.
Pour Sophie Rivoirard, la co-fondatrice en charge de la technologie et des produits, interviewée par “la Fabrique Aviva”, “ces aimants sont à 85 % produits en Chine avec un minerai de Terres Rares (Nd) exploités dans des conditions environnementales et sociales déplorables. La question de souveraineté économique, de diversité d’approvisionnement et de durabilité se pose aujourd’hui aux industriels européens.”
Pour la chercheuse, le terrain de la société qu’elle co-dirige est vierge : “Le recyclage des aimants à base de terres rares en est à ses débuts. Il n’existe pas encore en Europe de filière de fabrication d’aimants recyclés. Il n’existe même pas de filière de collecte et les aimants sont valorisés comme l’acier, en sidérurgie alors qu’ils contiennent des matériaux stratégiques !”
Photo (MagREEsource) : poudre d’aimants