Tourisme en Rhône-Alpes : pour les professionnels, la saison s’annonce franchement morose
Pour la première fois, en six années d’existence de l’Observatoire du tourisme Rhône-Alpes, jamais les opinions de professionnels sur les vacances à venir n’avaient été aussi pessimistes. La montagne devrait souffrir le plus. Le tourisme urbain, à commencer par celui concernant Lyon, destination en vogue, devrait être à peu près être le seul à tirer son épingle du jeu.
Les professionnels du tourisme s’attendent à vivre une saison estivale médiocre, voire même franchement mauvaise au regard de l’année dernière, par exemple. Depuis six ans qu’Ipsos sonde leurs prévisions pour Rhône-Alpes Tourisme (*), jamais ils ne s’étaient révélés aussi pessimistes.
Seuls 50 % d’entre eux sont confiants (6% très confiants et 43 %, assez confiants) dans la saison d’été à venir. Interrogés à la même période de 2012, ils étaient 70 % l’année dernière à exprimer leur confiance.
Les professionnels de la montagne les moins confiants
Les professionnels de la montagne sont les moins confiants (48 %), ceux du Rhône, bénéficiant d’un tourisme urbain boosté par Lyon classée depuis quinze ans au Patrimoine mondial de l’Unesco, peu impacté par les conditions climatiques, sont les plus confiants (54 %).
Pourquoi ces sombres perspectives ? Le mois de mai, plutôt catastrophique avec ses très mauvaises conditions climatiques, est passé par là. Interrogés sur le bilan de ce mois pourtant réputé pour ses « ponts » nombreux et fort longs cette année, les professionnels sont 33 % à constater une bonne fréquentation (contre 46 % l’année dernière). La encore c’est la montagne (23 % seulement de bonne fréquentation !) qui a le plus souffert.
Les professionnels du tourisme projettent donc sur l’été, le mois de mai qu’ils viennent de vivre, d’autant que le retour du beau temps qui n’est apparu que début juin est trop récent pour avoir précipité les touristes vers leur téléphone ou leur ordinateur pour réserver leur séjour en Rhône-Alpes.
Un niveau de réservations très bas
Seuls 46 % des professionnels du tourisme estiment « bon » le niveau actuel des réservations pour le mois de juillet, alors qu’ils étaient… 60 % l’année dernière. Un pourcentage qui vaut pour la clientèle française, mais aussi pour la clientèle étrangère, avec là encore un niveau de réservation extrêmement faible : 29 % seulement : La saison ne devrait pas être sauvée par la clientèle britannique ou chinoise.
Là encore, tourisme de montagne et tourisme urbain se distinguent aux deux extrémités du spectre : 39 % de bonnes réservations seulement pour le premier, 48 % pour le second.
Ces données engrangées entre le 3 et le 7 juin dernier méritent cependant quelques bémols. Si le temps se maintient au beau fixe, on peut assister à un regain des réservations de dernières minutes, une tendance lourde qui s’amplifie chaque année.
D’autant que les touristes rhônalpins, à 40 % à séjourner dans leur propre région, qui ont été échaudés par la météo en mai dernier, pourraient bien attendre avant de se décider, de voir comment le temps évolue.
Ces prévisions pessimistes peuvent donc évoluer de mauvais à simplement médiocre. Car, il est certain que vu la conjoncture économique, les ménages vont se restreindre à la fois sur la durée de leurs vanances et sur le budget qu’ils vont y consacrer.
Un signe fort
Bref, pour la première fois depuis 2008 et le déclenchement de la crise des subprimes, les vacances que les ménages avaient réussi bon an mal an à préserver, vont elles aussi subir le contrecoup de la crise. Un signe fort.
(*) L’enquête a été réalisée auprès de 604 professionnels du tourisme interrogés dans l’Ain, la Loire, le Rhône et les deux Savoies. L’enquête a été réalisée du 3 au 7 juin 2013, par téléphone par Ispos, selon la méthode des quotas
Photo (DR)–Le tourisme de montagne devrait être celui qui paiera, selon les professionnels le plus lourd tribut à la crise.