Tout le méthanol français était importé : sa version verte va être fabriquée par une PME au Sud de Lyon
Le méthanol ou alcool méthylique (c’est le plus simple des alcools) est un produit de base beaucoup utilisé dans l’industrie chimique française.
Le problème est que sa production classique est fort consommatrice d’énergie et donc productrice de CO2. Pas bon pour la planète.
Beaucoup d’entreprises chimiques cherchent donc à produire un méthanol bas carbone, peu ou pas producteur de CO2.
Or, c’est une telle production en Auvergne-Rhône-Alpes que vient d’annoncer la PME Elyse sur la plateforme chimique des Roches Roussillon au Sud de Vienne.
Ce méthanol sera en effet fabriqué à partir d’hydrogène vert qui sera produit sur place.
Elle utilisera aussi pour sa production du C02, lui aussi nécessaire, capté non loin de là, à 100 km précisément, dans les fumées de l’usine de la cimenterie Lafarge du Teil en Ardèche. Le CO2 sera transporté par train.
Pour propulser aussi de plus en plus les navires
Le méthanol produit par Elyse sera destiné à l’industrie, comme matière première pour la cosmétique, l’alimentation pour animaux, le plastique, la peinture, etc.
Mais aussi comme substitut au fuel lourd pour le transport maritime comme alternative aux carburants fossiles : actuellement près de 200 navires propulsés au méthanol sont en construction dans les chantiers navals du monde entier.
L’enjeu affiché par cette unité de production de méthanol est double : décarboner cette molécule, mais aussi renforcer la souveraineté française puisque la quasi-totalité de la consommation actuelle est importée !
La plateforme les Roches-Roussillon où sera implantée cette usine accueille une quinzaine d’entreprises de la chimie, dont des leaders mondiaux comme Elkem, Adisseo, Hexcel, Seqens ou encore Suez.
Or, certaines sur place sont justement de fortes consommatrices de méthanol importé jusqu’à présent. Mieux même : d’après la direction d’Elyse, cette plateforme chimique est l’un des principaux pôle de consommation de méthanol en France. Cette implantation apparaît donc d’une logique implacable.
Un investissement de 700 M€
Sélectionné par le Fonds européen pour l’innovation car il permettra d’éviter des importations, le projet qui représente un investissement global d’environ 700 millions d’euros, permettra de relocaliser la production de près de 150 000 tonnes de méthanol renouvelable et d’éviter de la sorte l’émission de 207 000 tonnes par an de CO2.
Ce projet nécessitera de produire 29 000 tonnes d’hydrogène et de capter 213 000 tonnes de CO2 par an.
Cette usine de production de méthanol « vert » a été baptisée « eM-Rhône ». Mais avant qu’elle ne soit construite, une concertation sera engagée avec la population locale à travers le Commission Nationale du Débat Public.
Le démarrage de cette concertation préalable est programmée pour début 2024.
Actuellement dans le monde, on compte pas moins de soixante projets de production de méthanol « vert » ou e-méthanol. La production qui monte aux côtés de l’hydrogène, comme source d’énergie renouvelable.