Traitements contre le Covid-19 : Lyon, épicentre d’un projet de recherche européen
Lyon constitue toujours un phare au niveau européen en matière de Santé. Pour ceux qui en doutaient encore, la crise du Coronavirus Covid-19, l’illustre amplement.
C’est en effet de Lyon qu’est piloté le projet Discovery animé par toute une équipe dirigée par Florence Ader, professeur de maladies infectieuses au CHU de Lyon (hôpital de la Croix Rousse), en charge du recrutement des patients pour cet essai, et de Bruno Lina, virologue lyonnais et membre du comité scientifique mis en place par Emmanuel Macron pour gérer la crise du coronavirus.
Ce projet a été lancé dimanche 22 mars : dans ce cadre, quatre traitements vont être évalués, avec de premiers résultats attendus dans les toutes prochaines semaines. On devrait déjà y voir plus clair d’ici une quinzaine de jours.
Pour ce faire, 800 patients français, atteints par le coronavirus et hospitalisés avec déjà des signes de gravité, vont être intégrés dans cette étude européenne.
Coordonné par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), ce projet de recherche été mis en place en quelques semaines seulement, suite à la mobilisation de chercheurs et spécialistes des maladies infectieuses.
« C’est un exploit absolu d’avoir réussi à monter aussi vite un projet d’une telle ampleur. L’Inserm a fait un travail remarquable ! », se félicite Florence Ader.
Quatre traitements expérimentés…au départ
Quatre traitements thérapeutiques vont être étudiés :
Il s’agit du remdesivir, « un antiviral conçu pour lutter contre le virus Ebola, mais qui a un spectre plus large et est capable de bloquer d’autres virus », souligne le professeur Lina.
Le lopinavir, molécule utilisée contre le VIH, sera évalué en combinaison avec le ritonavir. Ce traitement sera expérimenté en étant ou non associé avec l’interféron bêta.
Enfin, l’hydroxichloroquine, rendue célèbre par le professeur Raoult de Marseille a été promue in extremis dans ce projet européen à la demande de l’Etat français.
« Nous allons comparer ces molécules pour voir si elles sont efficaces et bien tolérées », décrit Florence Ader, insistant sur le caractère « évolutif » de ce projet Discovery.
« Cet essai s’adapte à la situation. Au fur et à mesure des résultats, nous allons nous adapter. Si une molécule apparaît peu efficace, on arrêtera de l’évaluer et on basculera vers d’autres molécules candidates ».
Ce projet européen va inclure des patients de Belgique, de Hollande, d’Allemagne, d’Espagne et sans doute du Royaume-Uni.
« Nous ouvrirons d’autres centres pour arriver au moins à une vingtaine d’établissements participants », ajoute le professeur Lina.
En France, 800 patients doivent participer à l’essai clinique. « Les malades éligibles pour participer à l’étude doivent être hospitalisés et présenter des difficultés respiratoires liées à la maladie. »
Cinq hôpitaux sont pour l’heure concernés : l’hôpital Bichat à Paris, et les CHU de Lille, Nantes, Strasbourg et Lyon. Depuis le 22 mars, l’essai clinique a débuté dans les hôpitaux Bichat à Paris et au CHU de Lyon.
Les premiers résultats devraient être rendus publics d’ici à une quinzaine de jours pour les premiers patients de cet essai.
« Rapidement abandonnés si nécessaires… »
D’autant que les résultats seront recueillis quasiment en temps réel, « avec un recueil extrêmement exhaustif des données au jour le jour ».
Ce qui permettra à ce que, « très rapidement, les traitements expérimentaux inefficaces pourront être abandonnés et remplacés par d’autres molécules qui émergeront de la recherche », décrit Florence Ader.
Mais pour qu’ils soient analysés avec suffisamment de données, il faudra néanmoins attendre un peu plus.
Mais déjà, en ce qui concerne la fameuse, hydroxichloroquine, on devrait déjà y voir plus clair et savoir si ce médicament promu par Donald Trump lui-même répond aux grands espoirs mis en lui…