Un chantier ferroviaire rhônalpin d’une ampleur inégalée en 2013 : plus de 500 millions d’euros
Comme pour la dette du pays, l’Etat qui a d’abord investi dans les TGV, a laissé se dégrader le réseau ferré de la région Rhône-Alpes, à l’instar du reste de l’Hexagone par ailleurs. D’où la nécessité de travaux de remise à niveau d’une ampleur inégalée à effectuer d’un bloc et qui représenteront un budget l’année prochaine de près de 500 millions d’euros, avec fermeture de lignes pendant plusieurs semaines à la clef.
Guillaume Pepy, le président de la SNCF a rencontré le vendredi 6 juin à Lyon les élus de Rhône-Alpes dont Jean-Jack Queyranne, le président de la Région pour leur annoncer une nouvelle pas trop réjouissante.
Il leur a confirmé que les Rhônalpins allaient être confrontés à des fermetures de lignes ferroviaires d’ampleur en 2013, pour cause de travaux, ce qui va amener beaucoup de désagréments.
Certaines lignes seront carrément fermées pendant deux mois, d’autres lignes coupées seulement durant la la nuit seulement, ce qui nécessitera une importante logistique en matière de transports de remplacement par autobus.
Le coût de ces travaux à venir est à l’aune des retards accumulés : près de 500 millions d’euros pour la seule année 2013 !
« Fragilité, saturation » : tels sont les deux mots-clés utilisés par le président de la SNCF pour qualifier les problèmes rencontrés sur le réseau de Rhône-Alpes. « On a négligé pendant des années le réseau classique au profit du TGV », reconnaît Guillaume Pépy.
Au total, le coût de cette session de rattrapage devrait représenter près de 15 milliards d’euros investis d’ici 2015 par RFF (Réseau Ferré de France), mais aussi d’autres contributeurs dont les collectivités.
Outre les travaux engagés pour résoudre le problème de saturation du fameux nœud lyonnais destinés à durer jusqu’en 2016, trois grands chantiers vont être engagés l’année prochaine.
« Une véritable opération de corps d’armée : on électrifie, on modernise », précise Guillaume Pepy. Ainsi, 73 millions d’euros seront investis l’année prochaine pour refaire à neuf la ligne Grenoble-Valence (9 000 passagers/jour) : des travaux progammés du 9 décembre 2012 au 8 décembre 2013.
Deuxième travaux d’Hercule ferroviaires : la ligne Lyon-Saint-André-le-Gaz : « Une opération de renouvellement massif des voies et du ballast », résume Guillaume Pepy. Et ce, cette fois pour 75 millions d’euros.
Un chantier spectaculaire : un véritable « train usine », unique en France sera à l’œuvre toutes les nuits pendant 7 h 30 : il ingérera les anciennes voies, ballast, rails et traverses compris en remettant de nouvelles, au rythme d’un kilomètre par jour. Les rails neufs posés seront beaucoup plus longs que les précédents, supprimant la traditionnelle petite musique ferroviaire, due à l’espacement entre deux rails.
Le troisième grand chantier sera constitué par la poursuite de la modernisation du Nord du Sillon alpin. Pour ce faire, la ligne sera carrément fermée en juillet et août 2013. L’investissement à réaliser en fera le premier chantier TER de France : au total 575 millions d’euros dont près de la moitié dépensée en 2013.
A l’arrivée, ce retard dans la modernisation des lignes SNCF se traduit par des investissements plutôt bons pour la région Rhône-Alpes, alors que l’investissement de manière générale est plutôt atone.
Il ne manque désormais, en sus de ces travaux, que le feu vert financier de Bruxelles pour le TGV Lyon-Turin dans le cadre de l’initiative de croissance européenne (?), pour que les travaux ferroviaire aient un effet d’entraînement sur l’économie régionale. On estime que le TGV transalpin serait susceptible de créer près de dix mille emplois sur plusieurs années. Plutôt bienvenu dans la conjoncture actuelle !
Photo (DL)–Guillaume Pepy, le président de la SNCF au côté de Josyane Beaud, directrice régionale Rhône-Alpes.