Un chef d’entreprise lyonnais rachète les eaux de Sail-les-Bains, près de Roanne pour en faire une eau minérale haut-de-gamme, un “vrai trésor” selon lui
Actuellement à la tête d’Emosens, une entreprise lyonnaise de 15 salariés, spécialisée dans le marketing olfactif, Stéphane Arfi, a racheté à une holding qatari le domaine thermal de Sail-les-Bains dans la Loire. Il s’apprête à relancer rapidement son usine d’embouteillage. Son objectif est d’en faire une eau haut-de-gamme vendue en hôtellerie/restauration/cavistes, en s’appuyant sur ses qualités, puis une ligne de cosmétiques.
Stéphane Arfi, un chef d’entreprise lyonnais qui vient de racheter en Suisse à un holding quatari les eaux de Sals-les-Bains (à un prix non divulgué), n’aura sans doute pas de trop de difficultés à faire mieux que ces devanciers.
Les Thermes, en sommeil…
Le domaine thermal de Sail-les-Bains était en effet avant qu’il ne le rachète, la propriété de la société SAQR Qatar SA, du Cheikh Abdulaziz Al-Thani, membre de la famille royale du Qatar, également propriétaire du club de foot parisien, le PSG. Un domaine thermal que la famille quatari avait elle-même acquis auprès d’une société alsacienne.
Bref, il s’agit là d’une forme de relocalisation…
De 15 à 20 euros la bouteille
Y a-t-il eu côté qatari un engouement vite retombé ? Sans doute. En tout cas, pour des raisons inconnues, le Cheikh qui avait commencé à investir dans une chaîne d’embouteillage qui était passée du PET (plastique) au verre, n’a jamais effectué de véritables efforts pour vendre l’eau de Sail-les-Bains, pourtant produite dans de superbes flacons qui auraient été plus aptes à accompagner des parfums.
Aucun effort de vente ni de marketing, alors que l’eau était vendue entre… 15 et 20 euros la bouteille, et alors que près de 2,5 millions d’euros avaient été investis !
C’est donc une belle endormie qui ne demande qu’à revivre qu’a acquis Stéphane Arfi. Non seulement, il a acquis les six sources du domaine, l’usine d’embouteillage, mais encore les thermes laissés à l’abandon depuis des lustres, le tout se déployant dans un parc de 18 ha doté d’une piscine et de jolies cascades.
Stéfane Arfi qui vient d’investir 1,5 million d’euros pour relancer d’abord la production d’eaux minérales, estime qu’il s’agit là ”d’un véritable trésor”.
L’unité d’embouteillage
D’abord, explique-t-il du fait de la qualité de l’eau, “ provenant exclusivement d’eau de pluie tombée il y a 4 000 ans et qui ne rejaillit que maintenant après avoir traversé de nombreuses couches géologique, ce qui lui conférent une minéralité propre avec des bienfaits digestifs et dermatologiques “, décrit-il.
Autre trésor, celui de la légende de cette source qui devrait faciliter sa vente en faisant référence à Diane de Châteaumorand, héroïne de » L’Astrée », selon le roman pastoral d’ Honoré d’Urfé, publié de 1607 à 1627, œuvre littéraire majeure du XVII siècle et premier roman fleuve de la littérature française.
Or dans ce roman, la beauté légendaire de l’héroïne serait due aux sources de Sail-les-Bains.
Rien d’étonnant donc si Stéphane Arfi a décidé de baptiser son eau “Diane”. Une légende marketing potentiellement en or.
Une gamme de cosmétiques aussi
Le nouveau propriétaire de Sail-les-Bains s’apprête à produire une eau plate, ainsi qu’une eau regaziéfiée en bouteille de verre de 400 et 800 ml.
“Nous allons démarrer progressivement, avec une production qui ne dépassera pas la première année 500 000 bouteilles”, explique le patron d’Emosens.
La société qu’il dirige actuellement est spécialisée dans le marketing olfactif : elle travaille avec beaucoup d’acteurs économiques dont elle parfume l’environnement à l’aide des émetteurs de parfums et les parfums eux-même (5 000 au total) qu’elle fabrique elle-même.
Stéphane Arfi compte en effet s’adresser pour vendre ses bouteilles d’eau à une clientèle qu’il connaît fort bien : celle de l’hôtellerie haut-de-gamme.
“Pensez qu’un seul hôtel avec qui je travaille à Cannes consomme entre les restaurant et la plage, pas moins de 700 000 bouteilles d’eau par an”, s’exclame Stéphane Arfi.
Jusqu’à présent, une seule des six sources, celle dénommée “Diane” a été exploitée. La deuxième source, dite “des Romains”, approvisionnait les Thermes.
Or, vu son débit, la première source bénéficie d’un potentiel de… 40 millions de bouteilles.
Stéphane Arfi envisage assez rapidement de développer également une gamme de produits cosmétiques. Après ce sera la relance des Thermes et de l’hôtel attenant auquel il pourra s’atteler. Mais on y trouvait aussi dans le passé un casino et un golf !
Il faudra donc quelques années et beaucoup de capitaux pour réveiller la douce endormie. Pour aller plus vite, le chef d’entreprise espère une réponse des collectivités auxquelles il a demandé de l’aide.
Une dizaine d’emplois vont être créés dans une premier temps.
Photo-Stéphane Arfi