Un Polytechnicien pour sauver la chaudière révolutionnaire lyonnaise Boostheat
Il s’appelle Eric Lambert, 53 ans, est riche d’un passé industriel, il est à la fois diplômé de Polytechnique et ingénieur des Ponts et Chaussées. C’est lui que le conseil d’administration de la société lyonnaise Boostheat a choisi pour remplacer Luc Jacquet, le créateur de l’entreprise, mis de côté pour sauver et relancer la chaudière révolutionnaire qui a connu de sérieux ratés à l’allumage et un joli plongeon en Bourse.
A l’ouverture de la Bourse, lundi 3 mai, le cours de la société lyonnaise Boostheat qui avait été suspendu, affichait un nouveau recul de près de 5 %, à 2,50 euros, soit – 72 % sur un an…
La sanction d’un parcours cahotique pour cette société créée il y a dix ans par Luc Jacquet et qui, installée au sein des anciennes usines Bosch de Vénissieux, devait révolutionner le monde du chauffage des particuliers, mais aussi du chauffage collectif, grâce à l’adjonction de pompes à chaleur.
Malheureusement les chaudières fabriquées sur la ligne de production venissiane et installées par des artisans ne se sont pas révélées aussi efficace, loin s’en faut que le prototype qui avait fait l’admiration de tous, et notamment de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie qui était venu sur place féliciter le créateur, Luc Jacquet et les salariés, lors d’une inauguration fort médiatisée.
Quarante postes supprimés
L’entreprise a dû alors cesser la vente de son modèle Boostheat 2.0 pour proposer une nouvelle version plus performante, puis avait annoncé la suppression d’une quarantaine de postes sur un total de 89.
L’entreprise avait par ailleurs décidé de réorienter sa stratégie commerciale, en privilégiant les grands installateurs plutôt que le grand public. Ce qui avait entraîné le licenciement de neuf commerciaux en France.
Avec donc pour conséquence une forte chute en Bourse où cette entreprise est cotée depuis octobre 2019.
L’annonce de l’arrivée d’Eric Lambert comme nouveau patron de Boostheat, en remplacement de Luc Jacquet, n’a pas enrayé pour l’heure la chute de l’action.
Le rôle du nouveau directeur général, assigné par le conseil d’administration de Boostheat : la relance de l’entreprise.
Il s’agit pour lui désormais, selon Luc Reginster, le président du conseil d’administration “de répondre aux enjeux industriels et commerciaux qui attendent Boostheat. Eric Lambert a assurément le leadership et l’expérience opérationnelle indispensables à la réussite de l’entreprise.”
Il a en tout cas un très beau CV en tant qu’X et ingérieur des Ponts-et-Chaussées et quinze ans de parcours dans l’industrie.
Il a notamment dirigé des sites de production chez Renault, en pilotant des projets d’innovations technologiques et en coordonnant le lancement de nouveaux véhicules.
Un redresseur
Il a aussi démontré dans le passé sa capacité à redresser des sites de production comme celui d’Areva TD en 2009 à Aix-les-Bains dont il fut directeur général et qu’il avait ramené à la profitabilité.
De 2017 à 2020, il a été directeur général adjoint du fabricant lyonnais de raquettes de tennis et d’équipements de sport, Babolat.
Le nouveau boss de Boostheat connaît la difficulté de la tâche qui l’attend : “La société fait face à des enjeux importants et je suis impatient de les relever avec les équipes”, a-t-il assuré lors de sa nomination.
Et d’ajouter qu’il se sentait à la hauteur de l’enjeu : “ J’ai relevé de nombreux challenges au cours de ma carrière, tant humains que techniques ou économiques…”
Il présentera sa feuille de route “après une phase indispensable d’analyse et d’échange avec les équipes.”
Labellisée Entreprise Innovante (Bpi France) et French Fab, Boostheat est donc désormais dans l’attente du nouveau projet industriel destiné à faire rebondir une entreprise vécue comme fort prometteuse à ses débuts et qui a accumulé les déconvenues.
« Nous sommes capables ici de fabriquer 1 600 chaudières, puis de monter notre capacité sur ce site à 20 000 chaudières, puis, si nécessaire à 50 000”, avait déclaré Luc Jacquet lors de la venue de Bruno Le Maire sur le site. Or, pour l’heure, seule quelques centaines de chaudières sont sorties des chaînes…