Une nouvelle liaison ferroviaire entre Lyon et la Belgique sur les bons rails
Les flux concernés seraient supérieurs à 500 000 tonnes par an, soit un train de marchandises partant tous les jours de la semaine du port Edouard Herriot pour une destination belge. Le Cluster Logistique Rhône-Alpes, à l’origine du projet, lancé en 2010, avance désormais à une allure plus vive. Un appel à Consortium vient d’être lancé. Si celui-ci aboutit, les premiers trains pourraient circuler dès le premier trimestre 2014.
Nous entrons dans la phase cruciale. Si nous réussissons à faire passer un nombre suffisant d’acteurs de la phase des études à celui de l’engagement ferme, les premiers trains pourraient circuler au début de l’année 2014 », lance Pierre-Luc Jacquot, délégué général du Cluster Logistique Rhône-Alpes.
L’histoire n’est pas nouvelle. Ce dernier a en effet lancé en juin 2010, le projet de création d’un service de transport combiné (caisses mobiles, conteneurs semi rail-route), entre Lyon et la Belgique.
La grande majorité des étapes nécessaires pour arriver au bout du projet ont, depuis, été franchies. Sept-cents entreprises rhônalpines ont été contactées pour évaluer le volume moyen annuel des flux susceptibles de transiter par cette future ligne.
Le résultat de cette étude a dépassé les premières estimations : les flux concernés devraient dépasser les 500 000 tonnes. Ce qui permettrait de mettre en place des trains quotidiens avec un départ tard dans la journée le jour A, pour une arrivée tôt le lendemain le jour B.
Restait ensuite à définir le point d’arrivée en Belgique en fonction de l’importance des destinations des flux. Quatre sites pourraient faire l’affaire, selon les études qui ont été menées : Gand, Rekkem, La Louvière et Liège. « Nous voulons créer en fait une plateforme d’éclatement multimodale qui permettrait par exemple d’utiliser l’autoroute maritime qui part de Gand et se dirige vers les pays scandinaves : outre la Belgique, c’est toute l’Europe du Nord que nous visons aussi », précise Pierre-Luc Jacquot.
En bonne logique, le point de départ serait le Port Edouard Herriot à Lyon, riche en terminaux à conteneurs. Le port lyonnais accueille déjà cinquante-quatre trains par semaine dont certains sont longs de 650 mètres. Sur six de ses treize voies, il peut même accueillir des trains de 750 mètres de longueur.Et grand avantage il héberge déjà tous les opérateurs ferroviaires, tels que Fret SNCF, VFLI, ECR ou Europorte, par exemple.
Restait avant de lancer définitivement le projet sur ses rails à étudier la faisabilité économique de ce projet, sachant que le coût du transport ferroviaire est encore supérieur de près de 15 % à celui de la route. « Toutes les projections montrent que les deux courbes de coût se croiseront en 2015/2016. Il s’agit d’être précurseurs », glisse le délégué général du cluster logistique.
La ligne ferroviaire Lyon/Belgique risque donc d’être déficitaire pendant ses trois premières années d’existence. Les promoteurs du projet comptent donc se tourner alors vers la seule subvention publique potentielle actuelle pour ce type de projet : le programme européen Marco Polo de l’Union Européenne. Son budget est de 450 millions d’euros pour la période 2007-2013.
Si le projet est sélectionné, la subvention attribuée pourra courir sur trois ans. Dès maintenant et à l’issue d’un déplacement à Bruxelles en juin 2012, les promoteurs du projet ont obtenu la confirmation de l’éligibilité de cette ligne ferroviaire.
Il ne reste donc plus qu’une dernière étape-cruciale- à franchir pour que le projet soit mis définitivement sur les rails : l’appel à création du Consortium chargé de prendre en charge le projet : il vient d’être lancé.
« Il est destiné à réunir des partenaires français et belges qui pourraient être idéalement des chargeurs en mesure de garantir des flux disponibles et des transporteurs capables d’amener de l’activité en tant que commissionnaires de transport : nous passons de la phase des études à celle des engagements fermes« , précise le délégué général du Cluster Logistique. Objectif : que près de 50 % de flux escomptés puissent être assurés dès le lancement. Ce qui n’apparaît pas insurmontable.
Une fois le Consortium installé, il ne suffira plus qu’à réserver des sillons ferroviaires à RFF (Réseau Ferré de France) et à lancer officiellement la demande de subventions auprès de Bruxelles.
Les premiers trains pourraient alors circuler dès le premier trimestre 2014 entre Lyon et la Belgique, limitant quelque peu le nombre de poids-lourds lancés sur les routes du Nord de l’Europe…
Photo (DR)–Conteneurs sur le port Edouard Herriot à Lyon.