Une start-up grenobloise, Eléna Energie, révolutionne le marché de l’éolienne urbaine
Jusqu’à présent, malgré de nombreuses tentatives, le marché de l’éolienne urbaine n’avait pas réussi à décoller. Un ingénieur grenoblois, Frédéric Carré, est en passe de faire mentir le signe indien. Après cinq années de Recherche & Développement couronnées par plusieurs brevets, il a mis au point une « turbolienne », petite, entourée d’un carénage, totalement silencieuse et d’un bon rendement électrique. Deux d’entre elles sont actuellement testées, en collaboration avec la Ville de Paris dans le ciel de la capitale.
On constate que de plus en plus d’entreprises spécialisées désireuses de développer des éoliennes rencontrent des difficultés grandissantes. Elles sont bruyantes, ne s’insèrent pas toujours dans le paysage ; bref, elles se heurtent aux riverains qui ne veulent pas en entendre parler.
Que dire alors de leur insertion dans le ciel urbain ! Eh bien, grâce à l’innovation apportée par une start-up grenobloise, Eléna Energies, l’insertion des éoliennes pourrait peut-être bien mieux s’opérer en ville qu’à la campagne !
Si l’on en croit du moins l’expérience menée, après Grenoble, par cette start-up, en collaboration avec la Ville de Paris sur les toits de la « Maison de l’air », une structure municipale située au sein du parc de Belleville dans le 20ème arrondissement. Ces « turboliennes » selon leur nom de baptême ont été inaugurée le 1er avril dernier par Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris.
Elles ont été installées en concertation avec les riverains qui n’ont rien trouvé à redire et depuis, elles tournent à la satisfaction générale.
Il faut dire que ces « turboliennes » constituent un tout nouveau type d’éoliennes. Elles sont petites (1,60 mètre de diamètre), silencieuses, efficaces même par vent faible, adaptées au milieu urbain grâce à leur mat auto-directionnel.
Par quel miracle sont-elles silencieuses ? Parce qu’un carénage qui entoure les pales évite les deux causes de bruit des éoliennes : l’effet de masque de la pale en passant devant le pylône du fait de la compression de l’air et les perturbations en bout de pales. Les turbulences disparaissent.
.La « Turbolienne » dont le potentiel pour le modèle le plus puissant atteint 6,8 kw, est le fruit de cinq années de R&D menée par le créateur de l’entreprise, Frédéric Carré en collaboration avec deux laboratoires de recherche de l’Institut Polytechnique de Grenoble (*), le CEA et le CNRS dans le cadre du pôle de compétitivité rhônalpin Tennerdis dévolu aux énergies renouvelables.
La particularité de cet aérogénérateur est d’être adapté aux petits consommateurs d’énergies, particuliers, entreprises et collectivités, mais aussi de fonctionner même par vent faible : à partir de 11 km/h. C’est le modèle le plus puissant qui est testé à Paris, capable de produire jusqu’à 15 000 kWh/an ; or, une famille de quatre personnes consomme en moyenne 4 000 kWh/an d’électricité hors chauffage.
La société dirigée par Frédéric Carré n’a elle-même qu’une seule année d’existence, mais elle démarre très fort. « Nous prévoyons de vendre cette année 250 turboliennes, la demande émanant surtout pour l’instant des industriels, même si les particuliers commencent à s’y mettre », précise Yann Roye, responsable commercial.
Démarrant avec sept salariés, l’entreprise en compte déjà le double. « Pour la France, nous avons mis en place un réseau d’une vingtaine de revendeurs, mais la demande est très forte, en France comme à l’étranger, notamment en provenance des Etats-Unis et de l’Amérique latine. », explique-t-il. En fait, les « turboliennes » comblent un besoin qui n’avait jusqu’à présent pas trouvé de produit adapté.
Les retombées économiques locales ne sont pas négligeables : 80 % des pièces nécessaires à la fabrication d’une turbolienne émanent d’entreprises basées à et autour de Grenoble.
Le prix de l’Eléna 15 testée à Paris (photo) est de 19 000 euros, hors taxe. « Dans de bonnes conditions, le retour sur investissement est de 10 à 11 ans ; en moyenne, il oscille autour de 15 ans », précise Yann Roye qui n’a pas besoin de chercher des clients. Ils viennent d’eux-mêmes. Jusqu’à ce qu’un produit similaire voie le jour, mais d’ici là…
(*) Les labos G2Elab et le Legi de l’Institut Polytechnique de Grenoble.