Via un partenariat avec EDF et une capture de CO2, le cimentier isérois Vicat va produire du méthanol décarboné
Très utilisé comme carburant, dans la chimie ou la construction, la production de méthanol est fortement consommatrice de CO2. Or grâce à la capture de ce même CO2 au sein de l’usine iséroise de Vicat et de l’adjonction d’hydrogène bas carbone, le cimentier annonce qu’il va produire du méthanol. Et ce, en collaboration avec une filiale d’EDF.
Depuis que Lafarge est devenu suisse, suite à son rachat par Holcim, le groupe isérois Vicat est désormais l’unique cimentier français.
Produire du ciment n’est pas particulièrement une entreprise écologique.
Pourtant les responsables de la société familiale Vicat se sont voulu, depuis plusieurs années, en pointe en matière d’écologie adaptée à leur métier. Et ce hors volonté de jouer la carte du “greenwasching”.
La dernière initiative en date dans ce domaine rassemble Vicat et Hynamics, une filiale du Groupe EDF spécialisée dans la production d’hydrogène.
Tous deux annoncent leur alliance pour développer une solution intégrée de capture de CO2 pour produire du méthanol décarboné.
Le projet qui porte le nom Hynovi a pour but de créer tout bonnement la première filière de production de méthanol décarboné en France.
“Nous nous inscrivons dans les objectifs du gouvernement français en matière de décarbonation de l’industrie et d’indépendance énergétique, dont les carburants de synthèse constituent l’un des principaux leviers”, expliquent d’une même voix Vicat et EDF.
Rien d’étonnant donc si, sans le cadre de l’appel à projets « Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC/IPCEI) », ce projet qui a été baptisé Hynovi a été pré-notifié par l’État français et est en cours d’instruction par la Commission européenne. Il devrait donc bénéficier de subventions.
40 % du CO2 de la cimenterie capturé
Concrètement ce projet auralpin cherche à capter 40 % du CO2 émis par la cimenterie Vicat de la commune iséroise de Montalieu-Vercieu.
Le carbone produit par la cimenterie sera récupéré et combiné à l’hydrogène bas carbone de Hynamics pour ainsi fabriquer du méthanol décarboné.
“Un enjeu de taille car en dix ans, la consommation mondiale de méthanol a doublé et connaîtra une croissance soutenue d’ici à 2050, pour répondre aux nouveaux besoins liés à la mobilité et la chimie décarbonée”, détaille-t-on chez Vicat.
Une forme de relocalisation : très largement importé en France et produit à 99 % à partir d’énergies fossiles, le méthanol est utilisé par de nombreuses industries telles que le transport, la chimie et la construction.
Il peut également servir de carburant de synthèse pour les bateaux. Au regard de l’urgence climatique, “le projet Hynovi devrait ainsi éviter l’émission d’un demi-million de tonnes de CO2 chaque année”, selon Vicat et EDF.
Objectif : 200 000 tonnes de méthanol par an : ¼ de la demande française
Ainsi, grâce à l’installation d’un électrolyseur d’une puissance de 330 MW d’ici 2025 sur le site de la cimenterie, grâce aussi au captage des émissions de CO2 à la sortie du four et à l’utilisation de l’oxygène pour faire de l’oxy-combustion, Hynamics et Vicat comptent produire plus de 200 000 tonnes de méthanol par an.
Un projet donc d’importance : cela représente le quart de la consommation totale de la France. Et permettre à Vicat d’ entreprendre une diversification en lui permettant de devenir aussi chimiste.
“Ce projet ambitieux pourra ensuite être dupliqué dans d’autres industries européennes et dans le monde”, précise Vicat.
Le groupe cimentier qui est présent dans douze pays emploie près de 9 900 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 2,8 milliards d’euros en 2020.
A travers ce projet, Vicat compte avancer vers l’objectif qu’il s’est fixé : celui de la neutralité carbone sur sa chaîne de valeur, d’ici 2050.