ViaRhôna, du Léman à la Méditerranée : à quand enfin la construction du chaînon manquant, la traversée de Lyon ?
À l’instar de ses confrères situés le long du Rhône, Olivier Sanejouand, le directeur de l’Office du Tourisme de Vienne a constaté cette année une forte hausse des cyclistes au long court venant parfois de très loin, d’Allemagne ou des Pays-Bas utilisant la ViaRhôna, la grande voie vélo qui va du Léman en Suisse à la Méditerranée en longeant la Vallée du Rhône. Une Véloroute qui devrait prodiguer à la région des touristes à deux roues en nombre…
Certains pronostiquent le même succès à cette ViaRhôna que celle qui longe la Loire “La Loire à Vélo” qui a déjà dépassé le million de cyclistes chaque année.
Seule problème toujours pas résolu : pour que cet essor touristique annoncé se concrétise véritablement, il faudrait que l’ensemble de la ViaRhôna, soit 815 km soit intégralement terminée. C’est quasiment partout le cas, sauf à Lyon !
En effet, depuis vingt ans de discussions entre les collectivités et l’Etat, la traversée de Lyon et notamment de l’incontournable Vallée de la chimie, certes, pas le plus glamour du parcours, mais un passage obligé, soit 18 petits kilomètres n’a toujours pas vu le jour.
Les contraintes techniques et de sécurité sont réelles, mais pas seulement car les collectivités se sont passé le mistigri.
Patatras !
On a bien cru, en 2019, qu’une solution avait été trouvée via un accord sur le tracé entre la Région, l’Etat et la Métropole alors gérée par David Kimelfeld.
C’était être trop optimiste. Suite à une concertation, la Région, en tant que maître d’ouvrage, avait proposé un tracé longeant par la rive droite, les lônes du Rhône entre Pierre-Bénite et Givors, ce qui amenait la traversée d’espaces naturels protégés.
Patatras ! Fin 2021 une enquête d’utilité publique avait rendu un avis défavorable à ce tracé pour manque d’informations de la part de la Région (sur l’inondabilité, les méthodes d’évaluations et l’absence d’étude d’impact sur l’environnement) et les éventuels dégâts d’une voie cyclable touristique sur la faune et la flore.
La Région vient de tirer les conséquences de ce désaveu.
Elle va annoncer se retirer du projet du tronçon au sud de Lyon de la ViaRhôna, et laisser la Métropole proposer son propre tracé avec ses propres financements. Un courrier devrait être envoyé à la Métropole en ce sens. C’est ce qu’annonce notre confrère Lyon Capitale qui s’est procuré cette missive de Laurent Wauquiez, le président de la Région à Bruno Bernard, celui de la Métropole lyonnaise.
“La maîtrise d’ouvrage vous revient…”
« En raison du changement de position et de posture de la Métropole de Lyon, je vais réaffecter les budgets et ressources humaines à d’autres projets où nous sommes attendus. La maîtrise d’ouvrage de ce projet et son financement vous reviennent donc. Je vous précise que ce projet reste éligible au soutien régional à la hauteur de 20 % des travaux, sous réserve que le projet respecte les cahiers des charges du schéma national des véloroutes voies vertes et Eurovélo, notamment en termes de pente, et qu’il garde l’objectif de longer effectivement le Rhône, pour faire partie de Ia ViaRhôna ».
On n’imagine évidemment pas la Métropole qui a fait du vélo son principal cheval de bataille se défausser sur cette affaire.
Reste à savoir quel tracé elle va choisir et avec quels délais ?
Il est vrai que la Métropole qui suit de près depuis le début cet axe emblématique européen pour le vélo, une véritable vélo autoroute a déjà planché sur d’autres tracés.
Une des hypothèses voudrait que l’un des projets “d’autoroute à vélo” projetée par la Métropole, baptisé “ Voie lyonnaise 3” pourrait se fondre dans la ViaRhôna entre Lyon et Givors, ce qui résoudrait enfin le projet de ce chaînon manquant de la ViaRhôna pour la construction duquel on a vraiment perdu trop de temps.
Cette ligne 3, qui ira de Quincieux à Givors, sera la plus longue des douze lignes des Voies lyonnaises et s’étendra sur 55 kilomètres.
Cette liaison passerait par les communes de Saint-Germain-au-Mont d’Or, Genay, Neuville-sur-Saône, Albigny, favorisant ainsi l’intermodalité vélo-TER pour l’ensemble des usagers du Val de Saône. Depuis Lyon, cette ligne traverserait La Mulatière, Oullins, Pierre-Bénite, Irigny, Millery, Grigny et Givors, où elle pourrait se connecter à la ViaRhôna existante.
Cela signifierait également, outre le fort intérêt pour l’économie du tourisme, que les habitants de Grigny de Givors, voire même de Vienne et des communes de la rive droite du Rhône pourraient se rendre à Lyon à vélo, offrant une nouvelle alternative en matière de mobilité après le train et la voiture.
Selon la Métropole l’ensemble du réseau devrait être terminé en 2030, les premières lignes voyant le jour dès 2026.
Restera à fixer des priorités. Désormais la question est de savoir si la traversée de Lyon de la ViaRhôna en sera une. Déjà 100 millions d’euros ont été débloqués pour lancer les Voies Lyonnaises…