Des microalgues pour capter ses émissions de CO2 : le pari du cimentier Vicat
Le CO2 du cimentier Vicat pour produire des microalgues
« Les microalgues consomment cinq à dix fois plus de CO2 au m² que les plantes terrestres. » C’est partant de ce constat que le cimentier Vicat, basé à Montalieu-Vercieu dans le Nord-Isère, a décidé de se lancer dans cette production révolutionnaire. Une première en France. En association avec la startup AlgoSource Technologies, TotalEnergies et l’Université de nantes, le producteur de ciment a accéléré son projet de recherche industrielle CimentAlgue.
Son but ? Créer un cercle résolument vertueux. Grâce au soutien financier de l’Agence de la transition écologique (ADEME), l’entreprise va installer sur sa cimenterie iséroise un démonstrateur. Cet outil doit utiliser la chaleur fatale et le CO2 issus de la production de ciment de Vicat pour produire des microalgues.
Le résultat obtenu derrière sera double pour le cimentier. D’un côté, il valorisera l’effluent industriel en matières premières essentiel au développement des organismes. De l’autre, ces mêmes microalgues vont réduire par absorption les émissions de Co2 dans l’atmosphère.
Comment ça marche ?
Le démonstrateur fonctionnera en circuit fermé sur une surface de 800 m². Vicat développera les cultures sous une serre. Cela permettra de les protéger de toute altération extérieur et de réguler leur température. La chaleur fatale captée sur le four de la cimenterie sera elle utilisée pour produire une eau chaude alimentant le chauffage des bassins. Le système permettra de prélever le CO2 au niveau de la cheminée du procédé cimentier.
Pour ce faire, Vicat compte utiliser plusieurs technologies différentes. L’entreprise utilisera des bassins ouverts et clos de type « raceway » (construit hors sol, linéaire et tout en longueur et avec un taux de renouvellement de l’eau est très élevé), un photobioréacteur tubulaire et un autre sur couche mince « AlgoFilm ».
Ainsi, Vicat testera plusieurs souches de microalgues. C’est le cas de la spiruline qui permettra de développer des produits vers des marchés adaptés à l’échelle industrielle des cimenteries. La valorisation de ces algues passe aussi par l’extraction de lipides, protéines ou suces utilisés en ingrédients alimentaires pour animaux. Ils peuvent aussi servir comme biostimulants végétaux ou réaliser des matériaux biosourcés. La production de biocarburants de troisième génération fait aussi partie des possibilités offertes par l’utilisation de souches oléagineuses à fort potentiel de croissance.
2 millions d’euros de financement et 1 tonne de production par an
Le projet aura évidemment un coût. Celui-ci se chiffre à deux millions d’euros dont une partie financée par l’Ademe. La culture de la spiruline a débuté cet été.
Vicat l’expérimentera pendant deux ans afin de recueillir des données de volume et de qualité avant de valider le projet. Le cimentier vise une production d’une tonne par an. Pour ce qui est de la suite à donner, l’entreprise a un plan : soit quelqu’un d’autre reprendra l’exploitation, soit elle s’arrêtera. Il ne faudra pas s’attendre en tout cas à décarboner entièrement la cimenterie, les volumes étant trop faibles. L’industriel vise avant tout la valorisation de l’activité locale.
Vicat prévoit également de cultiver une deuxième souche, la nannochloropsis. Cette microalgue lipidique peut servir pour concevoir des biocarburants.