Victime du Photovoltaïque : Stéphane Maureau, Pdg d’Evasol obligé de placer sa société en redressement judiciaire
Comme Photowatt qui a récemment fait l’actualité, l’entreprise lyonnaise Evasol, un des pionniers français du photovoltaïque est obligée de se mettre sous la protection de la justice. Stéphane Maureau, le créateur de l’entreprise a demandé jeudi 29 mars sa mise en redressement judiciaire au tribunal de commerce de Lyon. Le moratoire décrété par le gouvernement, puis les nouveaux tarifs d’électricité photovoltaïque à la baisse ont plombé les comptes de celui qui était encore le leader tricolore des installations solaires clef en main. Il a dû faire évoluer sa société, mais cette reconversion à marche forcée n’a pu être suffisamment rapide…
Il y a deux mois, lundi 30 janvier, Stéphane Maureau, le créateur de la société Evasol grimpait avec un large sourire les marches menant à la scène du Double Mixte à Villeurbanne pour recevoir sous les projecteurs le trophée de patron rhônalpin de l’année décerné par la CGPME. Et ce, devant près de trois mille entrepreneurs.
Il déclarait alors au micro, rappelant l’histoire de sa société : « Evasol a dû brusquement virer de bord à toute vitesse, mais nous n’avons pas chaviré ! »
Or, de son propre chef, en difficulté, il vient de demander au tribunal de commerce de Lyon d’être placé en redressement judiciaire. Un administrateur judiciaire a été nommé pour accompagner l’entreprise : Bruno Sapin. Qu’est-il donc arrivé à cet ingénieur Ecam Lyon de 42 ans pour qu’il se mette sous la protection de la justice consulaire, contredisant ses propos d’il y a deux mois ?
«Nous avions déjà engagé la reconversion de la société vers les économies renouvelables. Les commerciaux que nous avions embauchés réalisaient de bons chiffres. Mais nous avons été trop ambitieux », explique Stéphane Maureau. Il précise : « Nous voulions engager vingt nouveaux commerciaux par mois. Or, on a beaucoup de mal à trouver de bons commerciaux pour ce métier, même si nous recevons chaque mois 3 000 CV ! Nous n’arrivons pas à en embaucher plus de trois ou quatre par mois, ce qui nous a freiné. Cette mise en redressement judiciaire avec période d’observation de six mois est pour nous un moyen de repartir de l’avant. C’est un acte de gestion. »
Après avoir culminé à quatre cents salariés, l’entreprise n’en compte actuellement plus que deux cents. Elle en aura prochanement encore moins. L’autre décision prise par le Tribunal a été la liquidation judiciaire d’une des filiales, basée à Epinal : Evasolpose (21 salariés) qui installait chez les particuliers les panneaux photovoltaïques. Elle réalisait 20 % des installations de l’entreprise, les 80 % restants étant sous-traités.
Composé de 80 personnes, le siège de l’entreprise et le bureau d’études, installés à Limonest devront aussi voir leurs effectifs diminuer. « Je ne peux pas encore dire avec quelle amplitude-déplore le Pdg-, mais il faut bien comprendre que nous sommes passés d’une chiffre d’affaires de 75 millions d’euros lors de l’exercice 2010/2011 (clos à fin mars), à 20 millions d’euros lors de l’exercice qui vient de se terminer. Nous avons trop de frais de structure. »
Avant la mise en redressement juidiciaire, Stéphane Maureau a prévenu ses banques « qui ont bien compris le problème et continuent à nous soutenir. »
Pour sortir de cette passe difficile, le Pdg entend, parallèlement au photovoltaïque-il vient d’engranger un marché de 38 000 m2 pour les toits de Palexpo à Genève- développer le marché des économies d’énergie, sous la forme d’une offre globale : pompes à chaleur, poëles à bois, etc. « Nous avons pour objectif d’embaucher un total de 60 commerciaux pour tenir nos objectifs », explique-t-il.
Et d’ajouter : « Lorsque cette reconversion sera terminée, nous pourrons marcher sur deux jambes et repartir de l’avant. La clef, c’est notre force de vente !» Il table cette année sur un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros.
Le temps de passer cette mauvaise passe conjoncturelle dû au moratoire photovoltaïque du gouvernement qui du jour au lendemain lui a fait perdre 30 millions d’euros, provoquant aussi la chute de Photowatt à Bourgoin-Jallieu, avant que la société ne soit reprise par EDF.
Pour autant, Stéphane Maureau en est persuadé : le marché du photovoltaïque n’est pas mort. Selon lui, il est au contraire, promis à un avenir extraordinaire. « En Espagne ou en Italie, le tarif photovoltaïque équivaut déjà à celui de l’électricité classique. Ce sera le cas d’ici cinq ans en France. La production photovoltaïque n’aura alors plus besoin d’être subventionnée. Le pays va alors se couvrir de panneaux solaires, à terme ce sera l’électricité la moins onéreuse », assure-t-il. Il lui faut tenir jusque là…
Photo (DL)–Stéphane Maureau Pdg et créateur d’Evasol, recevant le 30 janvier dernier au Double Mixte à Villeurbanne le trophée de chef d’entreprise de l’année.