Vidéo : Les « jeux sérieux » ont créé 400 emplois en quatre ans en Rhône-Alpes
Il y a quatre ans, une petite poignée d’entreprises lyonnaises ou rhônalpines œuvrait dans le domaine des serious games. Elles sont aujourd’hui vingt, créant au passage 400 emplois. Le pendant « sérieux » des jeux vidéos, axé sur la formation et la sensibilisation du grand public est en plein boom. Et Rhône-Alnpes où se conçoit la moitié des « serious game » français est au cœur de cette lame de fond qui pèse déjà 1,5 milliard d’euros à l’échelon hexagonal. Avec un nombre record d’exposants et une forte partie business, le Serious Game Expo qui vient de se dérouler à Lyon a confirmé la tendance.
Le leader mondial des jeux vidéo Electronics Arts licencie 1 500 salariés, tandis que le leader français Ubisoft dévisse en Bourse : le marché des jeux vidéos est en pleine recomposition. Les consoles des « gamers » sont en perte de vitesse au profit du grand public ou des jeux en ligne (MMO) sur Internet.
Dans ce monde du jeu vidéo en plein bouleversement, il existe au moins un segment de marché qui ne connaît pas la crise : les serious games. On estime qu’au cours des trois ans à venir, ce marché va croître de près de 50 %. Au niveau mondial, il pèse déjà 50 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros pour la France). Sous ce vocable se cachent les jeux vidéo qui utilisent les ressorts des jeux ludiques (le graphisme, l’humour), dans des buts qui s’élargissent de plus en plus : la santé, l’enseignement et la formation, l’information et la communication, la défense et la sécurité civile ou encore la sensibilisation à de grandes causes. Pas encore très cher : le prix d’un serious game oscille entre 50 000 et 500 000 euros pour les plus sophistiqués.
Né il y a quelques années seulement, ce marché des Serious Games qui a d’abord séduit les entreprises, se développe actuellement en direction des collectivités, du grand public, des seniors. Il adopte un nombre grandissant de supports, outre l’ordinateur, les smart-phones et autres i.phones, i.Pad et des tablettes de toutes sortes.
Trente projets de « jeux sérieux » ont été présentés lors du Serious Game Expo qui, organisé par le Pôle de compétitivité Imaginove, vient de se dérouler à la Cité internationale de Lyon. Un exemple parmi d’autres : pour promouvoir l’intérêt des jeunes pour les métiers de la plasturgie, la société Qovéo a conçu un serious game « Mission Plastechnologies » qui propose aux jeunes de manière ludique de découvrir les métiers, plutôt délaissés, de la plasturgie.
Autre exemple : la société Daesign (Pringy en Haute-Savoie) qui vient de recevoir le prix Technology Fast de Deloitte pour sa croissance fulgurante, propose de simuler sur votre iPhone un entretien d’embauche. Attention aux questions piège ! Cette même société a aussi créé un jeu destiné à la formation des commerciaux du constructeur Renault.
Ces quelques exemples illustrent la vitalité du Serious Game en Rhône Alpes. « La région rassemble près de la moitié des entreprises françaises du secteur, soit une vingtaine de sociétés qui sont en train de se développer à l’international », précise Ludovic Noël, le directeur d’Imaginove. Qui précise : « Il y a quatre ans, nous ne comptions pratiquement aucune entreprise. Le secteur représente désormais près de quatre cents emplois. »
Tous ces acteurs sont en train de négocier la seconde génération de serious game demandée par la marché, avec plus de technologie, de relief, mais aussi plus de simplicité pour aller vers ces nouvelles cibles.
Pourquoi le secteur des Serious Game se plaît-il en Rhône-Alpes ? Né dans la foulée du succès des jeux vidéos qui se sont développés dans un excellent ecosystème, il a su se structurer : en cluster d’abord, en pôle de compétitivité ensuite. Le travail en réseau s’est révélé payant.
Les collectivités mettent également la main à la pâte en lançant et finançant des appels à projet : « serious game et nouveaux usages ». La Région a ainsi recherché une société pour créer un serious game qui a pour but d’apprendre aux lycéens de devenir éco-responsables. Le Grand Lyon a de son côté commandé à la société villeurbannaise « Les Tanukis » et au laboratoire LIRIS un autre serious game intiluté « VisTaVille » particulièrement original : il permet, grâce à la technologie de la réalité augmentée, de taguer (virtuellement) les immeubles lyonnais !
Enfin, l’appel à projets national « serious game », lancé en mai 2009 a vu pas moins de huit projets rhônalpins retenus. Au total, une vitalité qui a alimenté les affaires du millier de visiteurs professionnels de ce salon-business qu’est devenu le Serious Game Expo. Avec des retombées concrètes régionales.