Villeurbanne Saint-Jean : un projet d’aménagement à 150 M€ confié à la SPL MLAC

Le renouvellement urbain du quartier Saint-Jean Sud à Villeurbanne franchit un cap décisif avec l’attribution d’une concession de 15 ans à la SPL MLAC. Pour la Métropole de Lyon et la Ville de Villeurbanne, cette opération d’aménagement de plus de 150 millions d’euros marque une transformation majeure d’un territoire en demande de revalorisation depuis des années.
Un projet urbain ambitieux au service de la transition métropolitaine
Avec ses 30 hectares de superficie, la ZAC Saint-Jean Sud incarne les priorités contemporaines d’un urbanisme à la fois dense, durable et socialement équilibré. Le quartier, historiquement enclavé et aujourd’hui peu valorisé, se prépare à accueillir près de 1 800 nouveaux logements, 9 000 m² de locaux économiques, ainsi qu’un ensemble d’équipements publics structurants : école, crèche, pôle sportif, et pôle de santé.
La SPL MLAC, entité du Groupe SERL créée en 2023, devient officiellement l’aménageur de cette opération, avec une première mission de taille pour cette structure encore jeune. Cette désignation témoigne d’une confiance notable des collectivités envers ce nouvel acteur public local, qui fonctionne en quasi-régie.
Un levier économique pour les entreprises locales
Au-delà des objectifs d’aménagement, le projet représente aussi un enjeu économique BtoB majeur pour le tissu local. Les 140 000 m² de surfaces à construire et les 85 000 m² d’espaces publics à créer ou requalifier ouvriront un large panel de marchés publics et de consultations, dans les secteurs du BTP, du génie civil, du paysage, des services urbains et de l’ingénierie.
Le projet bénéficie d’un soutien financier conséquent : 59,8 M€ de participation d’équilibre de la Métropole, 7,4 M€ pour les équipements dépassant les besoins directs, 6,6 M€ de la Ville de Villeurbanne, sans oublier 3,5 M€ pour les parcs. Ces chiffres traduisent un engagement fort et surtout une volonté de créer un écosystème favorable à l’activité économique locale sur le long terme.
Une vision de la ville intégrée et résiliente
En intégrant les nouvelles mobilités, la gestion durable des ressources et la lutte contre les îlots de chaleur, le projet répond aux exigences d’un urbanisme moderne. Le désenclavement du quartier par la future ligne de tramway T9, en connexion avec les voies lyonnaises 1, 5 et 9, est un élément clé du dispositif.
Le développement d’un parc central de 1,6 hectare et d’un parc linéaire sur la digue Saint-Jean (dont les travaux débuteront en 2027), ainsi que l’intégration de la gestion de l’eau et de la biodiversité, illustrent cette volonté de faire coïncider développement urbain et transition écologique.
Par ailleurs, la SPL MLAC devra composer avec des ambitions environnementales fortes : réduction des émissions de CO₂, recours à la biomasse via le réseau de chaleur urbain, économie circulaire sur les matériaux et déblais… Autant de contraintes qui, si elles sont bien pilotées, peuvent devenir de vraies opportunités pour les entreprises innovantes du secteur.
Une gouvernance métropolitaine à l’épreuve du concret
Cette première concession confiée à la SPL MLAC représente aussi un test grandeur nature pour cette structure créée pour déployer, sans mise en concurrence, les politiques d’aménagement des collectivités actionnaires. La SPL interviendra ici en tant qu’outil opérationnel au service de la stratégie métropolitaine, sous pilotage direct.
Rappelons que la SPL MLAC est en mesure d’intervenir pour d’autres communes de la métropole (Chassieu, Genay, Rillieux-la-Pape, etc.) ou pour le compte de SYTRAL Mobilités. Ce projet fondateur pourrait donc servir de référence structurante pour de futurs projets urbains en Auvergne-Rhône-Alpes, sur la base d’un modèle public d’aménagement plus souple et plus proche des élus et des territoires.
Un signal fort pour le secteur de l’aménagement et de la construction
Si les enjeux sociaux sont au cœur de ce projet (logements accessibles, cadre de vie, concertation avec les habitants), il ne faut pas négliger la dimension économique du chantier. Les entreprises régionales du bâtiment et des services urbains seront au centre de la mise en œuvre opérationnelle dès les premières études jusqu’aux phases de chantier prévues à horizon 2027.
Le projet pourrait par ailleurs attirer l’attention d’investisseurs et de bailleurs (comme Action Logement ou Est Métropole Habitat, déjà engagés), pour consolider un modèle où les partenariats publics-privés devront jouer un rôle complémentaire. Le renouvellement de la Cité Saint-Jean (384 logements à réhabiliter) s’inscrit dans cette dynamique.
Un territoire en mutation : quelles perspectives pour les professionnels ?
La transformation de Saint-Jean Sud n’est pas un cas isolé, mais un maillon stratégique dans la recomposition des centralités métropolitaines, avec en toile de fond la volonté de rééquilibrer les dynamiques entre l’est et l’ouest de Lyon. L’implication de Villeurbanne dans ce projet donne un signal fort : la ville veut reprendre la main sur son développement urbain et sa capacité d’attractivité économique.
Pour les entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le message est clair : de nouveaux appels d’offres, de nouvelles consultations et de nouveaux besoins de sous-traitance verront le jour très prochainement. L’ensemble du projet est appelé à générer une activité continue pendant plus d’une décennie, offrant aux professionnels du territoire un cadre lisible et stable.