Visio Avocats : la legaltech lyonnaise qui veut enfin mettre les avocats à l’heure du numérique
Est-on en train d’assister à la naissance à Lyon d’un « Doctissimo » du droit ? La profession d’avocats est l’une des moins réceptives aux nouvelles technologies. Songez que seuls 15 pour cent des cabinets ont un site web ! Questionnez un avocat, même jeune, et demandez lui de citer une legaltech, ces start-up qui veulent marier nouvelles technologies et droit, dans la majorité des cas, il sera incapable de vous répondre !
C’est sur ce terreau pas très favorable qu’est née en septembre dernier la legaltech lyonnaise « Visio Avocats » qui, est soutenue à la fois par la Bpi (Banque Publique d’investissement) et le Barreau de Lyon.
Car, comme le précise Me Vincent Durant, avocat au Barreau de Lyon depuis 1995, l’un des trois créateurs de Visio Avocats, avec Xavier de Contencin et Guilhem Bertholet pour la partie technique « Nous ne sommes pas comme les braconniers du droit qui font mal à la profession, notre objectif est contraire, avec les outils du Web, de mettre plus facilement en contact les particuliers avec les avocats. »
Clair et bien balisé
Le système de visioconférence qu’ils ont développé est aussi une manière de dédramatiser le premier rendez-vous avec un avocat, toujours complexe à la fois pour ce dernier et son client. Il répond notamment à l’une des questions qui se pose en général : faut-il faire payer ou non ce premier contact. Là, les choses sont claires et bien balisées.
En fait, Visio Avocats est une plateforme qui met en contact les entreprises ou les particuliers avec un avocat spécialisé dans l’un des très nombreux domaines du droit.
Comment ça marche ?
Vous allez sur la plateforme, vous sélectionnez un avocat par sa localisation (proximité) et sa spécialisation juridique et vous lui proposez trois plages horaires possibles. Il vous répond par mail ou SMS. Vous calez une date de rendez-vous. Vous réglez la consultation à distance (chaque avocat est libre de fixer ses honoraires, plutôt doux lors d’une première rencontre, en général autour de 90 euros).
Il ne vous reste alors plus qu’à attendre la consultation en visioconférence calibrée pour durer 30 minutes. « Aucun risque concernant la confidentialité : toutes les conversations son cryptées », précise Me Durand.
Après, c’est à vous de décider si vous poursuivez ou non de collaborer avec l’avocat avec qui vous avez échangé, s’il s’agit d’un dossier qui s’étale sur le temps, selon des modalités que vous aurez défini entre vous.
Une centaine d’avocats pour l’heure
Pour l’heure, la plateforme rassemble une centaine d’avocats avec grosso mode une moitié à Lyon et l’autre à Paris. Ce chiffre devrait rapidement croître à Lyon d’abord, puis à Paris, où se concentre le plus grand nombre d’avocats, avant d’essaimer dans toute la France.
La plate-forme est actuellement en mode freemium pour assurer un développement que ses promoteurs veulent le plus rapide possible.
Cela signifie que volontairement, elle ne se rémunère pas. Du moins pas pour l’instant…
Mais dès le mois de septembre Visio Avocats demandera un abonnement de 89 euros par mois aux avocats présents sur la plate-forme, le tout accompagné du versement de 5 euros à chaque consultation. Tel est modèle économique.
On l’aura constaté, une Legatech est en train de naître à Lyon : elle pourrait bien croître rapidement et faire évoluer l’image du droit et des relations avec les avocats.
Cette start-up peut constituer aussi l’occasion pour les professionnels du droit d’élargir leur clientèle, en leur apportant de la visibilité et donc des clients : ils sont 3 558 à Lyon et un certain nombre d’entre eux dégage à peine le smic…
« Visio Avocats veut gommer les a priori. Les avocats ont la réputation d’être inaccessibles et chers : notre ambition est de casser cette image qui ne correspond pas à la réalité », conclut Me Vincent Durand.