Chloroquine : Famar Lyon peut produire « immédiatement » en cas de demande
Seule usine française habilitée à produire de la chloroquine, Famar, près de Lyon, est sous le feu des projecteurs. En redressement judiciaire depuis juin 2019, le laboratoire fait l’objet d’un soutien communiqué par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. La direction s’estime prête à pouvoir répondre en cas de demande massive. Mais elle souhaite un soutien plus politique que financier…
Près de Lyon, Famar peut produire de la chloroquine
Chez Famar, on s’y attendait. Mercredi, tous les projecteurs se sont braqués sur l’usine pharmaceutique de Saint-Genis-Laval, près de Lyon. En cause, un communiqué de la Région Auvergne-Rhône-Alpes appelant à soutenir cette entreprise. C’est en effet la « seule habilitée à produire de la chloroquine en France », et elle se trouve en redressement judiciaire depuis juin 2019.
Il faut dire que le médicament déchaîne les passions. Présenté par le professeur Raoult comme un traitement efficace contre le Covid-19, il n’a pour l’heure pas été approuvé comme tel par les instances sanitaires du pays. Les essais cliniques sont encore en cours, même si des médecins commencent déjà à en prescrire.
Dans ce contexte, la production de chloroquine devient un enjeu majeur dans la lutte contre le virus, et Famar Lyon, un lieu stratégique. « On n’est pas pas surpris du gros intérêt que l’on nous porte compte tenu du contexte », avoue-t-on à la direction de l’usine.
« Nous sommes en redressement judiciaire depuis le 24 juin dernier. La situation de Famar est connue par les élus locaux, régionaux et nationaux », ajoute la direction.
Famar Lyon a l’autorisation « immédiate » de produire 1 million de boîtes de chloroquine
Une situation contractée à une époque où le laboratoire recherchait un partenaire industriel alors que le groupe Famar rencontrait des difficultés. « Dans ce contexte économique, il n’a pas été possible de nous accompagner dans cette recherche, d’où la procédure », explique l’encadrement de l’usine.
Reste que l’entreprise de 250 salariés aujourd’hui pourrait répondre à une demande. Mais sous conditions. « Nous ne sommes pas propriétaires de la molécule. C’est un laboratoire qui nous la confie et à partir de là, on fabrique », détaille la direction. A noter que l’entreprise est habilitée à produire aussi de l’azithromycine, associée par le professeur Raoult à l’hydroxychloroquine dans son traitement.
« Malgré les difficultés, le personnel a toujours eu à coeur de répondre aux besoins des patients. Il suffit qu’on nous confie les volumes à produire, et on répondra à la demande », renchérit l’état-major du site.
Autrement, c’est au bon vouloir de Sanofi que la production se lancera… et en fonction des stocks. « La chloroquine est un principe actif qui est la base du médicament Nivaquine. Un médicament qui appartient à Sanofi et le fait fabriquer auprès d’un prestataire en Inde », développe la direction.
D’après le syndicat CGT de l’entreprise, qui a répondu à Usine Nouvelle, cette production venue d’Inde pourrait mettre deux mois à arriver. Mais dans le cas où les volumes seraient disponibles dès lundi, le laboratoire pharmaceutique s’estime capable de délivrer ses premiers lots en un mois.
« Avec notre ligne de production, nous pouvons produire un million de boîtes de 20 comprimés sur 21 à 28 jours », précise-t-on chez Famar. Et ce en vertu d’une autorisation de mise sur le marché que l’usine possède déjà. Un avantage certain, sachant que celle-ci met 12 à 18 mois à s’obtenir en temps normal.
Pénalisé par sa dépendance, Famar réclame un soutien « politique »
« Cette production de masse immédiate, ça démontre tout l’intérêt de sauvegarder Famar », assure la gouvernance de l’usine. Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a bien perçu cet intérêt. Il se dit prêt à « mobiliser des aides régionales sous forme de prêts ».
Pour autant, la direction estime que l’appui nécessaire n’est pas vraiment financier. « Nous ne voyons pas de difficultés aujourd’hui pour être rentables économiquement et avoir des coûts compétitifs », affirme l’encadrement.
« Ce dont nous avons besoin, c’est d’un partenaire industriel pharmaceutique et du soutien de l’Etat pour cela », détaille l’encadrement. « Il faut un soutien politique en termes d’orientation stratégique pour recentrer à la production en France. On voit bien que si la Chine est à l’arrêt on ne peut plus alimenter le marché. On espère qu’à travers ce mouvement de crise on va se rendre compte qu’on a les sites de production prêts à répondre. Mais il faut les alimenter », conclut la direction.
La production pourrait très rapidement être lancée. Le ministre de la Santé Olivier Véran a, dès mercredi, fait un pas en direction du professeur Raoult. Le gouvernement a publié un décret encadrant la délivrance de Plaquénil (chloroquine) par les médecins pour traiter le coronavirus.