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Auvergne-Rhône-Alpes, championne de l’hydrogène, est-elle en train de se faire doubler par d’autres régions ?

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie veut accélérer le plan hydrogène pour lequel la région Auvergne-Rhône-Alpes nourrit de grandes ambitions, mais pour l’heure, ce sont le Territoire de Belfort et la Normandie avec d’importants sites qui émergeront les premiers du plan national de 7,2 milliards d’euros. La région sera-t-elle qualifiée lors d’un second round doté d’une quinzaine de projets d’ici la fin de l’année ?

Laurent Wauquiez l’a répété à maintes reprises, il veut faire de la région Auvergne-Rhône-Alpes la première région hydrogène de France, voire même d’Europe ; et ce, en s’appuyant sur le grand nombre d’acteurs de cette nouvelle frontière énergétique présents dans la région.

Le problème est que la Région n’est pas le seul chef d’orchestre dans cette grande affaire industrielle : il y a aussi l’Etat qui a dévoilé il y a un an un plan hydrogène à… 7,2 milliards d’euros.

Et quand om voit où sont flèchés les premiers investissements, on peut craindre que les financements et les grands projets en gestation soient surtout captés par d’autres régions.

Ainsi, jeudi 30 septembre, le ministre de l’Economie a mis la pression sur les professionnels de l’hydrogène réunis à Bercy. « Il faut aller vite » a insisté Bruno Le Maire face aux industriels réunis au ministère lors du Conseil national de l’hydrogène. Et “vite” a-t-il fait savoir ne doit pas se compter en années !

« Nous devons développer nos sites industriels à échéance de semaines ou de mois », a ainsi insisté le ministre de l’Economie.

Et de lancer : “ Les Français veulent voir les usines et les emplois. Il faut être dans la réalité. Je dis au Conseil : on doit voir dans les mois qui viennent des usines qui sortent de terre », a lancé de manière très cash le ministre aux industriels.

Selon Bercy, 300 millions d’euros d’investissement public ont déjà été engagés, et un milliard le sera dans les prochains mois sur les technologies hydrogène. Une quinzaine de projets vont de la sorte bénéficier en fin d’année de l’IPCEI (important projet d’intérêt commun) dédié au secteur.

Quinze projets dans les cartons

Les échanges techniques entre les filières industrielles et les services de l’État ont débuté dès septembre 2020 afin d’organiser la présentation des dossiers des candidats à cette quinzaine de projets accompagnés par l’Etat qui doivent être présentés d’ici la fin 2021.

« L’hydrogène est la filière industrielle sur laquelle l’Etat a le plus investi », insiste Bruno Le Maire, qui promet que le dossier sera encore au cœur du futur Plan d’investissement France 2030.

Or que voit-on actuellement poindre comme grands spots hydrogène en France ? Non pas Auvergne-Rhône-Alpes, mais deux principaux écosystèmes qui doivent émerger pour incarner l’ambition française qui sont situés, selon le ministre de l’Economie, pour l’un dans le territoire de Belfort où est prévue la méga-usine d’électrolyseurs de McPhy, pourtant société Iséroise, mais encore la Normandie avec Air Liquide, l’un des principaux acteurs de la filière.

Dans de nombreuses régions c’est en effet la course à l’échalote au développement de l’hydrogène. Les régions font concurrence entre elles pour annoncer les plus importants projets.

Hydrogène vert à partir d’éoliennes en Pays de Loire

On a déjà entendu cela quelque part : “Nous voulons faire des Pays de la Loire la première région de l’hydrogène en France “, a ainsi lancé la semaine dernière Christelle Morançais, présidente (LR) du conseil régional de cette région lors de l’inauguration de la première usine en France par la start-up nantaise Lhyfe.

Cette dernière produit de l’hydrogène vert à partir d’eau de mer en s’appuyant sur la production d’électricité de six éoliennes. L’entreprise a d’ailleurs une soixantaine de projets similaires dans ses cartons…

Pour l’heure en Auvergne-Rhône-Alpes, le seul grand projet en matière d’hydrogène hormis la vitrine “Zero Emission Valley” qui vise la création de 20 stations hydrogène dans la région pour 1 000 véhicules, est la construction à Saint-Fons dans la vallée de la chimie de l’usine Symbio visant à produire en série, dès la fin 2023, 20 000 systèmes à hydrogène par an, avant de monter rapidement en capacité pour atteindre les 50 000 unités.

Dans ce monde rêvé de l’hydrogène, la région va t elle devoir se contenter d’un second rôle ? Il faut souhaiter que non. Mais les grands projets tardent à se concrétiser dans la région.

Bruno Le Maire en est persuadé : la France, avec son électricité nucléaire décarbonée, ses spécialistes industriels, ses industries s avec Airbus et son projet d’avion hydrogène et ferroviaire avec Alstom en pointe sur le sujet, peut devenir le numéro un mondial dans l’hydrogène vert, en mettant en place un écosystème complet et intégré. Il ne s’agit pas de rater ce train là. Il est encore temps de raccrocher les wagons…