Auvergne-Rhône-Alpes reste la première région industrielle de France, mais les usines continuent à perdre des emplois…
A l’heure où le salon de l’Industrie s’apprête à ouvrir ses portes à Lyon-Eurexpo (du 4 au 7 avril) où en est justement l’industrie régionale ?
Une première constatation : elle ne se porte pas si mal. Troisième salon européen par sa taille, le salon de l’Industrie accueillera cette année pas loin d’un millier d’exposants.
Il illustrera la place forte que constitue l’industrie dans la région qui, sans conteste, reste la première région industrielle de France, devant l’Ile-de-France.
Mais derrière ce cocorico régional, une situation plus contrastée apparaît comme le montre l’étude que vient de mener l’Insee sur la mutation actuelle de l’industrie dans la région (*).
En 2007, juste avant la crise des subprimes, l’industrie régionale comptait 551 000 emplois. Six ans plus tard, en 2013, ce chiffre franchissait à la baisse la barre des 500 000 et tombait à 489 000. Au plus fort de la crise, en 20O9, 30 000 emplois étaient, en une seule année, rayés de la carte industrielle !
Depuis, le rythme s’est modéré, mais il perdure. L’industrie continue à perdre des emplois dans la région, de moins en moins, mais tout de même au rythme de près de 10 000 par an.
Aucune raison de battre des mains à cette évocation, mais cette baisse, négative, en apparence, recèle aussi un certain nombre de facteurs positifs.
Des gains de productivité de 3 % l’an
Le fait d’abord que contrairement à ce que l’on peut entendre ici ou là, l’industrie continue à réaliser des gains de productivité. Ils sont le d’ordre de 3 % l’an, ce qui est important. Ils galopent trois fois plus vite que dans les services marchands, ce qui peut expliquer des pertes d’emploi. Les usines produisent plus avec moins de salariés.
L’autre explication, statistique, celle-là est qu’un certain nombre d’usines sous-traitent une part de plus en plus importante de leurs services qui ne constituent pas leur cœur de métier : ils basculent alors dans le secteur des services et ne sont donc plus comptabilisés comme emplois industriels.
On a ainsi constaté qu’entre 2008 et 2013, l’emploi est, en contrepartie, en forte progression dans les secteurs du tertiaire tels que l’ingénierie, les études techniques, la R&D, le design l’entreposage, le stockage ou les activités de conditionnement.
Ainsi 15 500 emplois ont été créés sur cette période dans ces secteurs, ce qui est très important : une bonne partie de ceux-ci relève de l’externalisation industrielle.
Une perte de 10 % en volume
Reste tout de même que notre industrie régionale perd aussi en volume. Elle n’a pas encore rattrapé son niveau de 2009. Ledit volume a chuté de 10 % en huit ans. Là encore, ce sont des emplois en moins.
Ce recul de la production industrielle est due à la concurrence internationale et à notre perte d’influence sur les marchés internationaux.
Les délocalisations viennent aussi rapidement à l’esprit pour expliquer ces pertes d’emplois. Leur rôle ne serait pourtant pas si important selon l’Insee qui estime à 3 % seulement en France métropolitaine les pertes d’emplois dues aux délocalisations.
Quid alors de l’avenir de notre industrie ? On peut être raisonnablement optimiste (1).
Sans industrie, pas de tertiaire fort
Les hommes politiques ont enfin compris que sans industrie, pas de tertiaire fort. Gérard Collomb qui fait partie de l’équipe rapprochée d’Emmanuel Macron s’est depuis longtemps fait le chantre de l’industrie, fut-elle située en pleine Métropole lyonnaise à l’instar de la Vallée de la chimie qu’il défend bec et ongles.
Un langage que l’on entend désormais dans la plupart des camps. Fini le temps on l’on évoquait le mirage d’une économie « fabless » (sans usine).
Les nouvelles technologies, à travers le programme Industrie 4.0 pourraient sonner le retour de l’industrie à travers les importants gains de productivité et de compétitivité qu’il va générer et redonner du souffle à nos exportations. Voire même instiller un phénomène de relocalisation, d’autant que l’heure, effet Trump oblige, apparaît moins favorable au libre-échange.
Bref, à cet égard, la région Auvergne-Rhône-Alpes qui veut jouer à fond la carte du numérique et de sa connexion avec l’industrie a, là, une vraie carte à jouer. L’industrie pourrait bien à l’avenir, nous réserver quelques surprises…
(*) « Industrie : mutation des emplois et des territoires », Insee Analyses/Auvergne-Rhône-Alpes, n°34, mars 2017.
(1) Avec 136 nouvelles usines ouvertes en 2016, et autant de sites de production arrêtés, la France affiche un solde nul, selon l’Observatoire de l’investissement Trendeo. Une première depuis 2009.