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Ce Fonds Régional d’Investissement qui devrait servir d’exemple

« Nous avons rencontré des interlocuteurs bienveillants… » Ce type de propos fait dresser l’oreille, s’agissant de…financiers !

 Tels sont pourtant les termes employés par Bruno Moine, le patron d’une holding gérant deux sociétés dans un secteur pour le moins difficile : les Travaux Publics, 220 salariés.

 Ces deux sociétés, Petavit et Socafl ont été mises en vente alors qu’elles appartenaenit au géant du BTP, Spie Batignoles. Elles perdaient alors près de 10 millions d’euros.

 Bruno Moine qui dirigeait alors cette holding propose de reprendre lui même la société, en compagnie de trois membres de l’équipe dirigeante.

 Spie-Batignoles accepte, à condition que la holding puisse s’adosser à un partenaire financier. Mais qui aurait été assez fou dans ces conditions pour accompagner une aventure en apparence un peu folle ? Le Fonds Régional d’Investissement (FRI)…

 « Ils se sont surtout intéressé aux hommes et à notre projet… »

 « Ils se sont surtout intéressé aux hommes et à notre projet. Et y ont cru. Ils nous ont fait confiance. On a signé… », conclut Bruno Moine. FRI dont la signature a permis un effet de levier, a apporté 250 000 euros. Au total, Socavit a pu lever 1,5 million d’euros.

 Tel est le miracle du Fonds Régional d’Investissement qui a une particularité. Il a été créé par la Région Rhône-Alpes qui a mis 15 millions d’euros au pot. D’autres acteurs aussi divers que le syndicat de salariés CFDT (2 millions), l’UNIMM, une des branches les plus actives du Medef (autour de 2 millions aussi) ont également mis de l’argent, ainsi que la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes, Apicil (9 millions d’euros), etc.

 Le tout est géré dans une totale indépendance par une société de capital-investissement tout ce qu’il y a de plus privée : la Lyonnaise Siparex.

 Il existe pléthore de fonds en Rhône-Alpes. Mais tous les financiers vous le diront : ils vont vers des secteurs ou des entreprises en bonne santé, réalisant de belles marges.

 Ce FRI, lui, a pour but d’accompagner des entreprises en général industrielles qui connaissent des freins ou des difficultés momentanées, mais qui sont économiquement viables. Celles-là, aucune banque ou aucun financier ne vient les solliciter.

Résultat : 1 300 emplois ont été probablement sauvés à travers dix-huit PME réalisant un total de 205 millions d’euros de chiffre d’affaires cumulés, accompagnées par le FRI.

Les syndicats de salariés présents au conseil d’administration

 Dix-huit dossiers choisis parmi deux-cent-quarante candidatures. « Il ne s’agit pas de canards boiteux, mais de belles PME en transformation qui avaient besoin de capitaux patients et pas obligatoirement très rémunérateurs », résume Bertrand Rambaud, le patron de Siparex qui gère ce fonds après avoir répondu à l’appel à candidature de la Région.

Dernière originalité : des syndicats de salariés, à commencer par la CFDT sont présents à son conseil d’administration, tandis que le conseil de surveillance est présidé par un grand patron lyonnais, guère suspect de gauchisme, Pierre de Limairac, président de Descours & Cabaud.

 Comme disent de manière imagée les financiers, il s’agissait là « de combler le trou dans la raquette ». Traduisez : de répondre à un besoin auquel aucun dispositif purement privé ne s’adresse.

La « raquette » recèle d’autres trous

 Or, la « raquette » recèle d’autres trous. On pense aux TPE industrielles qui a l’instar des PME ont également besoin de conforter leurs fonds propres et d’accompagner leur développement. Ceci pour de petits montants.

 Mais on pense aussi pour de plus gros montants, aux start-up du numérique qui arrivent encore, non sans difficulté à trouver des financements dans la région et en France jusqu’à un million d’euros, mais qui sont souvent obligées de se tourner vers les USA, au-delà, avec le risque de perdre le contrôle de leur capital.

 Ce Fonds Régional d’Investissement qui fête ses trois années d’existence fera-t-il des émules ? Assurément, une bonne idée à dupliquer…