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Eric Galiègue, patron du cabinet d’études Valquant et membre du cercle des analystes indépendants (*) est bien connu de la place boursière et économique lyonnaise.

A l’invitation de Lyon Pôle Bourse, il apporte chaque mois, ses analyses, à la fois pertinentes et sans concessions.

Il répond cette fois à la question que tout le monde économique, balloté entre bonnes et mauvaises nouvelles (les plus nombreuses), se pose : de quoi l’année 2015 sera-t-elle faite ?

D’abord un petit tour d’horizon mondial : au sein des pays émergents, le moteur chinois baisse de régime : l’Empire du Milieu gère un atterrissage en douceur après une  période de croissance débridée et très longue.

Au Brésil, la baisse du prix des matières premières et le manque d’investissement public pèse aussi sur la croissance. En Russie, la récession est à l’ordre du jour. Seule l’Inde fait encore rêver (un peu) en raison de l’arrivée au pouvoir d’un premier ministre « pro business », Narendra Modi.

Les pays développés sont confrontés à une baisse tendancielle de la croissance économique, en volume et en prix. Aux USA, la croissance reste inférieure aux cycles antérieurs, notamment au niveau des prix et des salaires…

L’Europe, la grande inconnue de 2015

Reste l’Europe qui est la grande inconnue de 2015 : le redressement économique va-t-il vraiment pouvoir se déployer, alors que le Vieux Continent frôle la déflation ? Les toutes dernières statistiques soulignent plutôt le risque récessif, notamment en France et en Italie, qui sont aux prises avec des problèmes structurels…

Face à cette baisse tendancielle de la croissance, et au risque déflationniste global, les autorités monétaires hors-USA  se sont toutes converties à l’idée d’une création de monnaie « sans limite »,  tant que persiste le risque déflationniste.

Au moment où la Fed américaine a justement cessé d’augmenter la taille de son bilan, les Banques Centrales Japonaise et Européenne ont relancé la planche à billet, ou s’apprêtent à le faire.

La communication de tous les banquiers centraux reste résolument favorable à la croissance et aux marchés financiers en général.

Le niveau des taux, dans ce cadre général de croissance pour le moins bridée et de risque déflationniste, va rester probablement très bas pour au moins une année encore, voire plusieurs. De toute façon, les finances publiques des grands Etats ne supporteraient pas une forte hausse des taux…

Quant aux marchés d’actions, les perspectives semblent aussi favorables, tant que les  banques centrales fourniront toute la liquidité nécessaire, et offriront ainsi une « assurance tout risque » aux actionnaires…

Cette situation « confortable » peut-elle durer indéfiniment ?  Pour Eric Galiègue, « des taux quasiment nuls permettent de gagner du temps et de ne pas sanctionner les espoirs déçus », mais comment tout ceci pourrait-il se finir en 2015 ? 

« Tout ou rien »

Pour lui, il semble que l’année 2015 sera bien l’année du « tout ou rien »…

Pour lui, « Rien », c’est l’échec des banques centrales à relancer la croissance et lutter efficacement contre le risque déflationniste.

Les conséquences seraient dures, très dures : la rechute économique serait lourde… Dans ce cas de figure, les marchés d’actions peuvent baisser de 20 %, voire plus l’année prochaine.

« Tout », c’est la sortie par le haut, à savoir le recul très progressif du risque déflationniste, une poursuite du marché haussier des actions américaines, et une forte revalorisation des marchés d’actions européennes.

Les taux d’intérêt amorceraient une remontée extrêmement lente et progressive, et la hausse du cours des actifs financiers faciliterait l’accélération économique.

Les Banques centrales super stars ?

Les banques centrales seraient, alors, les vraies « super stars » : elles réussiraient à terrasser la déflation dans les années 2010… comme elles ont réussi à terrasser l’inflation dans les années 80.

Ouf ! Eric Galiègue accorde une probabilité de réalisation plus élevée au scénario « tout ».

Reste que bien évidemment, l’actualité des marchés pourra faire varier cette probabilité tout au long de l’année prochaine. Bref, 2015 sera à la fois l’année de tous les dangers, mais aussi de tous les espoirs. Attachez vos ceintures…

(*) Le Cercle des analystes indépendants est une association constituée entre une douzaine de bureaux indépendants à l’initiative de Valquant, la société d’analyse financière présidée par Eric Galiègue, pour promouvoir l’analyse indépendante.