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Couac politique au conseil régional Rhône-Alpes : Erai avec deux « i » attendra

Contre toute attente, la fusion entre Erai, le premier bras armé de la Région Rhône-Alpes à l’international et l’Ardi, le second, chargé, lui, d’apporter l’innovation aux entreprises, ne s’est pas déroulée comme prévu la semaine dernière.

Eraii, avec deux « i » : « Entreprise rhône-alpes international et innovation » attendra et c’est bien dommage. Et cela-pour des raisons uniquement politiques-rajoute de l’incertitude dans la machine à accompagner les entreprises, à une période économique où on n’en a pas vraiment besoin.

La délibération qui devait être adoptée en fin de semaine dernière lors de la session du Conseil régional Rhône-Alpes par la majorité, a prudemment été retirée de l’ordre du jour. Les seuls responsables : les Verts, adeptes de la godille politique et de l’incohérence.

L’essentiel préservé

Pour Jean-Jack Queyranne et Jean-François Debat vice-président chargé des Finances, il s’agissait de préserver l’essentiel, le vote du budget, le dernier de la mandature avant les élections régionales du mois de décembre et la création de la grande région Rhône-Alpes-Auvergne. Il fallait afficher une unité de façade.

Opération réussie sur ce plan du moins, mais dans une grande confusion du côté d’EELV (Europe Ecologie Les Verts) : un tiers des élus d’EELV ont voté contre, les deux tiers restants apportant leur soutien au budget 2015 (!), ce qui a permis de faire passer le budget primitif 2015.

L’essentiel pour l’exécutif était assuré, mais Eraii est resté en plan.

Le principal obstacle face à la fusion Erai/Ardi était le co-président d’EELV, Jean-Charles Kohlhaas pour qui parler d’Erai est comme agiter un chiffon rouge.

 Pour lui, tout simplement, cette délibération était l’occasion parfaite de mettre Erai en liquidation judiciaire !

 Pas d’autre chose à faire, selon lui, au vu des chiffres : « La Région a versé une avance remboursable de 2 millions en 2011, elle a repris un crédit de 2,5millions en 2014 et elle paie la moitié du bail du pavillon de Shanghai à hauteur de 250 000 euros. Chaque année, elle accorde une subvention de plus de 6 millions d’euros à Erai. Au total, on estime son passif à 5 millions d’euros minimum, entre 7 et 8 millions plus probablement.

À propos du pavillon de Rhône-Alpes à Shanghai, l’élu écologiste est tout aussi tranchant : « Il a coûté 11 millions d’euros à la Région. »

 Un trou de 3,5 millions, selon Jean-Louis Gagnaire

 Des chiffres contestés au sein même de son parti par Fatia Benahmed, qui siège au conseil d’administration d’Erai et plus encore par Jean-Louis Gagnaire, le vice-président en charge de l’économie pour qui la charge des Verts s’apparente à une « véritable campagne de désinformation » sur Erai. Pour lui, le trou est de 3,5 millions, dont 1,5 million de provisions, point barre.

 Que va-t-il se passer maintenant ? Jean-Louis Gagnaire propose la création d’un comité de pilotage réunissant des représentants de tous les groupes, pour mettre enfin en œuvre la fusion d’Erai et et de l’Ardi lors de la prochaine session du Conseil régional, en mars : « Ce dossier mérite le consensus » a-t-il insisté pour justifier ce recul qui a fait ricaner l’opposition.

 Finalement, aux forceps, une subvention de 1,5 million d’euros a été votée, ce qui va permettre au moins de payer les salariés d’Erai au cours des mois à venir…

 Et si en mars, le même psychodrame se déroulait ? Pour Jean-Louis Gagnaire pas de doute, il faudrait alors reprendre tout le processus de fusion à zéro, consultation des personnels comprise, soit 170 personnes dans les deux agences, ce qui serait une énorme perte de temps et de facto d’argent. « Notre région a besoin d’une Agence opérationnelle d’ici l’été », assure-t-il.

Les deux directeurs sur le départ

D’autant que le processus de fusion est lancé sur le plan de l’organigramme, du moins. Les deux directeurs d’Erai et de l’Ardi sont sur le départ. Une procédure d’embauche a été lancée pour rechercher l’homme qui prendra la tête de la future structure unique.

Dans le même temps, on apprenait que Daniel Gouffé, le controversé président du conseil d’administration d’Erai pour qui « le mot démission ne fait pas partie de son vocabulaire » a annoncé vendredi à Lyon qu’il avait décidé de « de quitter Erai conformément aux échanges qu’il a eus avec Jean-Jack Queyranne en octobre 2014 lors de la mission en République populaire de Chine et au courrier qu’il lui a adressé ce matin ».

Un nouveau président devrait être désigné en principe vendredi 6 février par le conseil d’administration.

Un chiffon rouge de moins. Ce départ voulu par l’exécutif de la bête noire des Verts va-t-il calmer le jeu ? Il faut l’espérer.