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Daniel Gouffé, son président, sur le départ : retour sur terre pour Erai

Erai (Entreprise Rhône-Alpes International) a été créé il y a 27 ans par un chef d’entreprise et non des moindres : Alain Mérieux. Son ambition était de créer le bras armé du Conseil régional à l’export.

 Ce dernier s’était alors investi en politique au sein du Conseil régional. Depuis, Erai, Agence autonome vivant fortement des subventions du Conseil régional a pris une grande ampleur.

 L’arrivée de Daniel Gouffé à sa tête, réélu récemment à 73 ans, pour un quatrième mandat qui ne devrait pas dépasser quelques mois, a marqué il y a dix ans à la fois une forte personnalisation du pouvoir avec valse des directeurs à la clef et un développement important de cette structure.

 Erai compte désormais une équipe de 150 collaborateurs en Rhône-Alpes et à l’étranger pour accompagner les entreprises rhônalpines, les Clusters et Pôles de compétitivité dans leur développement international, mais aussi les entreprises internationales dans leurs projets d’implantation en région.

 Le bras armé de la Région à l’international est sur tous les continents ou presque avec 27 implantations dans 21 pays et autour de cinq métiers : Erai Clusters et Pôles, Erai Invest, Erai Export, Erai Financements Internationaux, Erai Coopérations & Relations Internationales.

Mais l’une de ses actions d’Erai les plus critiquées est le pavillon Rhône-Alpes à Shanghai qui a coûté cher.

 Financement « démesuré » du pavillon Rhône-Alpes

 C’est l’un des axes d’attaque des élus Verts d’EELV qui ont organisé une conférence de presse pour dénoncer le financement «démesuré » de ce pavillon Rhône-Alpes tout en demandant des comptes à la Région sur « le bilan financier et commercial » de l’opération.  Les Verts annoncent en outre qu’ils mettent le dossier Erai dans les mains de la Cour des Comptes Rhône-Alpes/Auvergne.

 Plus grave encore,  ils dénoncent… « des jeux d’écriture suspects ».

 Pour Jean-Louis Gagnaire, vice-président chargé de l’Economie de la Région Rhône-Alpes et qui siège au conseil d’administration d’Erai, mais ne vote pas, les Verts vont, là, trop loin. Il s’insurge : « Erai a un commissaire aux comptes et a pour trésorier le directeur de la Coface : pensez-vous qu’ils s’amuseraient à valider des comptes qu’ils ne comprendraient pas ! » .

 Il est vrai cependant que le pavillon de Rhône-Alpes à Shanghai est la pierre d’achoppement des critiques. Le déficit a été tel que la région a dû reprendre à son compte l’emprunt émis par Erai pour financer l’opération.

 Pour Jean-Louis Gagnaire qui reconnaît que Shanghai a coûté cher, la raison en incombe au fait que « la crise est passée par là et que les entreprises qui devaient pour une part financer le projet ne l’ont pas au final soutenu ».

 Réélu à quatre reprises, Daniel Gouffé semblait avoir le soutien indéfectible de l’exécutif du Conseil régional. Mais ce temps paraît terminé. Il est sur le départ.

 Fusion annoncée entre Erai et l’Ardi

 Une fusion entre Erai et l’Ardi (l’Agence régionale du développement et de l’innovation) a été annoncée. Elle est déjà effective sur le plan des locaux qui sont désormais communs aux deux Agences, au sein de l’immeuble « Empreinte » de la Confluence à Lyon, à deux pas de la CCI Rhône-Alpes.

 Le processus qui va se traduire à l’automne par la nomination d’un seul président pour les deux entités, a été enclenché. Ce ne sera pas Daniel Gouffé. «  L’on peut, en revanche, imaginer deux directeurs délégués pour les deux organismes», précise Jean-Louis Gagnaire.

 De même, Erai qui a reçu en 2013, 7,4 millions d’euros de subventions de la Région, pour un chiffre d’affaires de 11,5 d’euros, est au régime sec.

 Sa subvention a baissé de 5 % cette année. « Elle baissera encore de 5 % en 2015 », précise Jean-Louis Gagnaire. Les études pour que les fonctions supports entre Erai et l’Ardi soient communes sont en cours. Il ne devrait pas y avoir de licenciements, on devrait s’appuyer sur le jeu des départs naturels. « La voilure d’Erai va être réduite », confirme le vice-président à l’Economie.

 Un troisième partenaire, la BPI

 Un troisième partenaire devrait en outre s’inviter au conseil d’administration des deux agences réunifiées : la Banque Publique d’Investissement (BPI). « Nous aurons alors rassemblé les trois « i » qui permettent aux entreprises de se développer au sein d’une même structure : l’international, l’innovation et l’investissement », se félicite le vice-président de la Région chargé de l’Economie.

 Bref, après avoir connu une large phase d’autonomie, une certaine opacité et une très faible aptitude à communiquer, surprenante de la part d’un quasi-service public, Erai redescend sur terre. Une bonne chose, à vrai dire.