Economie : pour son 2ème mandat, Emmanuel Macron va devoir naviguer d’emblée par temps difficile
Fini le “quoiqu’il en coûte” et l’argent public facile !
Comme l’a illustré la soirée du 2ème tour au Champ de Mars à Paris, marqué par une modestie assumée, un discours fort court, contrairement à ses habitudes, Emmanuel Macron sait que les semaines, les mois qui l’attendent vont être très difficiles sur le plan économique.
L’argent public facile permis par une Banque Centrale Européenne qui rachetait de la dette par dizaine de milliards d’euros, c’est fini. Plus de politique accommodante : la BCE va cesser d’acheter des obligations publiques dès cet été. Les taux d’intérêt vont remonter. La dette va coûter plus cher.
Freinage de l’économie
Ce qui ne va pas faciliter les choses, c’est que l’économie de la France qui avait été exceptionnellement dopée en sortie de Covid est en train de freiner à tout crin.
Elle avait rebondi de 7 % en 2021, un record depuis les Trente Glorieuses ; il s’agissait, il est vrai d’un rattrapage de la période la plus dure de la pandémie.
Avec l’inflation, avec l’Ukraine, la croissance a été abaissée à 0,50 %, à 0,25 % pour le 1er trimestre 2022 par la Banque de France. Au 2ème trimestre, ce petit capital de croissance pourrait encore fondre, voire même marquer une récession, alors que ces derniers mois, les embauches caracolaient. C’est encore le cas maintenant. Mais pour combien de temps encore ?
Et ce, alors que le président sortant a beaucoup promis lors de cette élection : un point d’indice aux fonctionnaires, un coup de pouce aux retraites une fois entérinée la réforme à 65 (ou 64 ans, ce n’est pas encore très clair) qu’il ne va pas être facile de mettre en œuvre, une augmentation du salaire des enseignants, etc… Des largesses qui apparaissent à contre-cycle , mais qui lui faudra bien concrétiser, sinon…
…Sinon, le terrain social déjà tendu pourrait bien devenir de plus en plus difficile, voire explosif.
Pour répondre au “ce vote m’oblige” qu’il a prononcé au Champ de Mars, Emmanuel Macron va-t-il suivre les conseils de Laurent Berger, le leader de la CFDT qui propose sans tarder “un grand rendez-vous social” ? Ce qui il est vrai constituerait un signal fort de début de quinquennat.
Avec une inflation record de l’ordre de 5 % désormais en France, une hausse continue du prix de l’essence et du gaz qui ne s’arrêtera qu’avec la fin de la Guerre en Ukraine, et des augmentations de salaires qui ne suivent pas, on pourrait bien s’attendre à un retour des grèves dès la rentrée.
Tout ceci bien sûr, si Emmanuel Macron retrouve une majorité à l’assemblée nationale, ce qui est tout-à-fait possible, mais loin d’être certain.
A cet égard, le choix du premier ou de la première ministre choisi(e) d’ici quelques jours qui aura pour charge de mener les troupes de la Macronie élargie à la bataille des Législatives, sera sans doute crucial si le choix opéré constitue là encore un signal fort…
Ne plus affronter les crises, mais les anticiper…
Ce qui est sûr, c’est qu’avec tous ces nuages qui s’amoncellent, Emmanuel Macron va devoir faire bouger les lignes de sa gouvernance. Ce qu’il a promis et ce qu’il lui reste à concrétiser.
Au cours de son premier mandat, le président s’est révélé plutôt doué pour affronter les crises (gilets jaunes, Covid, maintenant l’Ukraine).
Il se doit désormais de les anticiper !