« En Marche », majoritaire à l’assemblée : Bruno Bonnell, comme incarnation du renouveau ?
C’est son premier titre de gloire : Bruno Bonnell a fait mordre la poussière à l’ex-ministre de l’Education, l’une des rares icônes de la Hollandie : Najat Vallaud-Belkacem. Et ce dans un fief PS villeurbannais réputé imperdable. Le tout avec une avance de vingt points !
Bruno Bonnell qui n’a pas connu que des réussites dans sa vie professionnelle, même si à cet égard, elle fut toutefois généreuse, a bénéficié à plein de la vague Macron. Mais pas seulement, car ce novice en politique, ce très proche de Gérard Collomb, n’a pas hésité à mouiller sa chemise en faisant sur le terrain une campagne active, allant lui-même « tracter » sur les marchés.
Il a annoncé qu’il arrêtait ses différentes activités professionnelles et qu’il donnait les rênes de ses sociétés à ses collaborateurs pour se consacrer à plein temps à son nouveau job de député.
Ce qui n’est pas tout-à-fait surprenant quand on connaît le personnage qui a déjà connu plusieurs vies.
Contrairement à beaucoup de ces nouveaux députés de la République en Marche élus dimanche soir, Bruno Bonnell n’est à coup sûr, pas du tout un inconnu.
Leader mondial
On l’a oublié, mais Bruno Bonnell fut l’un des plus importants patrons français des jeux vidéos, créant Infogrames qui fut hier l’Ubisoft d’aujourd’hui, un des leaders mondiaux du secteur. Ce serait aujourd’hui probablement un Electronics Arts hexagonal si des choix financièrement quelque peu hasardeux et un trop fort endettement, n’avaient précipité la chute de l’entreprise et le départ forcé de son créateur.
Depuis, devenue Atari, repris par son ancien directeur financier, Infogrames existe toujours et aspire d’ailleurs à renaître, riche d’un catalogue de 200 jeux. Mais elle n’est plus qu’une TPE d’une dizaine de personnes, toujours cotée en Bourse…
Le gouvernement actuel est en train de concocter une loi donnant aux entrepreneurs, le droit à l’erreur. Bruno Bonnell est à cet égard un excellent exemple, car riche de cette expérience, il a comme pour les jeux vidéo, su préempter un autre phénomène alors naissant, celui des robots dits de service, pour créer à nouveau un autre leader français : Robopolis, puis Awabot, spécialisé dans les robots de téléprésence.
Il aime se mettre en danger
Cette réussite dans un secteur où la France ne brille pas, l’amène à être nommé chef de projet robotique auprès du ministère de l’économie. Il est aussi président de Syrobo, le syndicat professionnel de la robotique de service. Il a mis en marche la « robolution »…
Mais Bruno Bonnell adore aussi se mettre en danger. Il aime l’aventure : il a participé en 2015 à une émission de téléréalité diffusée sur M6. On l’ y verra endosser le rôle d’un manager qui met à l’épreuve ses futurs collaborateurs en quête d’ un job. Mais l’émission, un succès aux USA, sera vite déprogrammée, car, en France, le concept ne marche pas. L’émission fait même un bide …
Sur son blog, Bruno Bonnell se qualifie volontiers de « multi-entrepreneur robolutionnaire ».
On le voit à travers ce court portrait, le nouveau député de la 6ème circonscription du Rhône, s’il est comme la plupart des élus de la République en Marche, un novice en politique, a un vrai profil de serial entrepreneur, rebondissant là où on ne l’attend pas.
Peu de purs chefs d’entreprise
Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, si les cadres font une entrée en force puisque avec 180 représentants, ils détrônent désormais les fonctionnaires au sein de la nouvelle assemblée nationale, les purs chefs d’entreprises, actionnaires de leur entreprise, sont finalement très peu nombreux. Comme les ouvriers par ailleurs, eux, totalement absents. Ce qui pour l’un, comme pour l’autre est regrettable.
On peut donc compter sur Bruno Bonnell pour porter la parole entrepreneuriale au sein de l’assemblée. Et l’on peut imaginer que cet homme qui a su rebondir à plusieurs reprises au cours de sa vie professionnelle, pourrait vite devenir avec ses multiples bagages et son bagout, un maillon important de la macronie du Palais Bourbon… Un nième rebondissement, mais pour aller jusqu’où ?