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Il va nous falloir vivre avec le terrorisme : la guerre se joue aussi sur le terrain économique

Horreur absolue, douleurs inextinguibles, sidération, larmes. Ce sont bien des scènes de guerre que l’on a pu voir à Paris, lors des attentats du 13 novembre à l’intérieur du Bataclan et dans les rues de la capitale.

Si la France est l’une des cibles privilégiées de Daesch, c’est qu’au Mali notamment avec l’opération Barkhane, la France joue un rôle essentiel en tentant d’empêcher tous les trafics qui nourrissent le terrorisme. L’armée française présente sur place constitue un maillon essentiel visant à le confiner.

Le problème avec la pieuvre Daesch, organisation la plus riche de toute l’Histoire, c’est qu’elle possède d’importants moyens financiers. Les millions de dollars coulent à flot, permettant de rémunérer ses 50 000 combattants.

Selon les estimations des services de renseignement américains, Daesch engrangerait jusqu’à trois millions de dollars par jour.

 Ce proto-Etat s’en sert pour armer et nourrir ses brigades, leur verser une solde. Il donne également une pension aux familles des militants tués, et doit trouver les moyens d’administrer le territoire qu’il a envahi.

 Premier revenu : le pétrole

 Sa première source de revenu est le pétrole. Les militants extraient du brut dans une douzaine de champs de pétrole dont ils se sont emparés en Syrie et en Irak.

 Ils l’exportent directement ou l’envoient dans de petites raffineries, avant de l’acheminer par d’anciens chemins de contrebande dans les pays voisins, où il est vendu à bas prix au marché noir en Turquie et, en plus petites quantités, au régime syrien.

 Selon certaines estimations Daesch produirait entre 25 000 et 40 000 barils par jour, ce qui lui rapporterait plus d’un million de dollars par jour au marché noir.

 C’est d’ailleurs dans le but de les pénaliser financièrement que les Etats-Unis ont développé les frappes en Syrie, visant notamment des raffineries contrôlées par Daesh.

 Les entreprises ponctionnées

L’autre grande source est constituée par tout un système de taxes et d’impôts dans les territoires qu’il occupe. Le « Council on Foreign Relations » estime que les entreprises, petites et grandes, y contribuent déjà à hauteur de plus de huit millions de dollars par mois, avant même que la deuxième plus grande ville du pays, Mossoul, ne tombe dans ses mains. Daesch contrôlerait ainsi un territoire équivalent à la Grande-Bretagne.

 Il faut y ajouter des millions de dollars grâce au commerce illégal d’antiquités.

 Selon le quotidien britannique le « Guardian », Daesch aurait empoché au moins trente-six millions de dollars dans une seule province syrienne en vendant des objets vieux de parfois huit mille ans.

 Des militants profiteraient principalement de cette manne en autorisant les habitants à creuser sur les sites archéologiques, avant de prélever une taxe sur les sommes récoltées.

 Plus sinistre encore, au rang des ressources, il faut y ajouter les millions récoltés grâce au trafic d’être humains et aux rançons.

 L’inconscience de la communauté internationale

 Lutter contre Daesch va plus que jamais nécessiter de tarir ces différentes sources de financement, à commencer par les puits de pétrole.

 C’est la raison pour laquelle la prochaine bataille, menée par les Kurdes irakiens, qui s’annonce, celle de Mossoul rendue possible par la prise de Sinjar, un verrou essentiel entre l’Irak et la Syrie, va s’avérer essentielle.

 Cette ville qui est aux mains de Daesch regorge de pétrole.

 Au vu de ce qui précède, on se rend compte de l’inconscience de la communauté internationale qui a laissé se développer ce monstre ou qui n’a pas agi suffisamment tôt pour lutter contre lui.

 Une prise de conscience s’est enfin établie. La France se trouve désormais parmi les Etats placés au premier rang de cette lutte. Elle en a tragiquement payé le prix.