La bataille du bus longue distance a déjà commencé
Neuf destinations proposées d’un seul coup, sept autobus ralliant une base située à Belleville-sur-Saône où travaillent 35 personnes, des billets ayant pour premier prix…1 euro. L’arrivée de l’Ecossais Megabus, filiale du géant Stagecoach, à Lyon n’est pas passée inaperçue la semaine dernière.
L’Easyjet du transport par autocar, la plus grosse entreprise de transport par bus en Europe qui a adopté le modèle low cost, n’a pas attendu que les décrets de la libéralisation en France du transport par bus soient ratifiés pour commencer à prendre des positions. Elle a commencé ses opérations le 3 juin.
Le premier sur ce nouveau marché a été Starshipper qui a d’abord mis en place un Lyon-Chambéry-Turin, puis un Lyon-Barcelone, a été suivi par iDBus, la filiale autocar de la SNCF qui a le plus à perdre dans cette bataille qui s’annonce.
Fin mai, le leader allemand FlixBus a annoncé sa venue sur ce nouveau marché.
Le groupement Eurolines (groupe Transdev) n’entend pas rester non plus les bras croisés. La filiale de la Caisse des Dépôts et de Véolia a claironné l’ouverture de pas moins de dix-sept lignes de cars, dès le début du mois de juillet.
Une compétition qui s’annonce très féroce
Tout ceci illustre une compétition qui s’annonce féroce, très féroce. Selon le comparateur en ligne Go Euro, près de cinq compagnies s’apprêteraient à s’installer sur ce marché dès la signature des décrets et près de vingt-cinq ensuite !
Selon «Le Monde », « pas moins de dix-lignes seront proposées de Paris-Lille-Calais à Rennes-Lyon en passant par Nice-Bordeaux ou Strasbourg-Lyon » ! Lyon devrait avoir en effet, sur la carte des destinations, un rôle central.
Rappelons le cadre de la bataille qui s’engage. Elle provient de la très controversée loi Macron qui va autoriser les dessertes entre villes françaises distantes d’au moins 200 km…
Une possibilité interdite jusqu’à présent dans le but de protéger le monopole de la SNCF. Seules les destinations internationales, déjà très disputées, étaient pour l’heure autorisées.
Ce nouveau marché est susceptible de créer avaient affirmé les professionnels à l’occasion de la discussion de la loi au Parlement, près de 20 000 emplois en France. Au vu de cette effervescence peut-être n’exagèrent-ils pas. On verra…
Le problème des gares de bus à Lyon
Ces perspectives posent une question : où tous ses bus vont-ils pouvoir se garer de manière confortable pour récupérer leurs voyageurs : que ce soit à la Part-Dieu où la gare des bus n’est qu’un simple parking derrière la gare ou au centre d’échanges de Perrache, les infrastructures risquent de se révéler largement insuffisantes, vu cet afflux d’opérateurs annoncé.
Cela va faire du monde sur le quai : Emmanuel Macron estime à 5 millions de personnes, le potentiel de clients de ce nouveau service pour la France, mais ce pourrait être plus.
Une certitude : cette lutte au couteau qui s’annonce va demander aux opérateurs de lourds capitaux avant de rentrer dans leurs frais. La guerre des tarifs par laquelle les hostilités vont commencer n’est pas bonne pour l’équilibre des comptes.
L’autre victime risque d’être la SNCF qui devrait voir s’évaporer une partie de sa clientèle.
Ainsi, le groupe Deutsche Bahn, la SNCF allemande a perdu près de 120 millions de chiffre d’affaires suite à la libéralisation en Allemagne qui s’est déroulée l’année dernière, avec une année d’avance vis-à-vis de la France…