Le poker menteur du Musée des Tissus
Le psychodrame en cours autour du musée des Tissus de Lyon recèle au moins une vertu. Tout le monde, à commencer par l’Etat et le Louvre reconnaissent qu’il contient un patrimoine exceptionnel qu’il serait impardonnable de laisser filer, en Chine par exemple !
Petit rappel des dessous de cette affaire qui fait grand bruit à Lyon et a amené la signature d’une pétition par 81 948 personnes au dernier pointage. La CCI de Lyon devenue CCI Métropolitaine qui a vu ses ressources fondre comme neige au soleil n’a plus les moyens de dépenser chaque année 1,7 million d’euros : sa subvention d’équilibre qui permet chaque année d’éponger le déficit du musée lyonnais. Elle a lancé un appel à l’Etat.
D’où l’organisation, vendredi 22 janvier, à la préfecture du Rhône d’une réunion dite de la « dernière chance ».
Celle-ci a permis à l’Etat par la bouche du préfet, Michel Delpuech et d’Isabelle Maréchal, inspectrice du Patrimoine au ministère de la Culture de dire tout le bien qu’ils pensaient de ce musée.
Le Musée des Tissus : un joyau
Une étude a été commandée par le ministère de la Culture qui confirme -ce que les Lyonnais savent bien- qu’ils ont un joyau dans leur main. Par la richesse de ses collections, le musée des Tissus est unique au monde. Seul hic : la chose était jusqu’à présent plus connue en Asie qu’en France.
A telle enseigne que Laurent Wauquiez, peu après cette réunion, lors de ses vœux à la Région a fait état de l’intérêt des Chinois pour le musée.
Autre conséquence de cette réunion de la dernière chance : le cercle des sauveteurs du musée s’est élargi. Outre la CCI, propriétaire du musée, on trouve désormais les professionnels du Textile réunis au sein d’Unitex, la Métropole, la Ville de Lyon, la Région représentée par sa nouvelle vice-présidente à la Culture, Florence Verney-Carron, ainsi que les musées du Louvre et des Arts Décoratifs à Paris. Sans oublier l’Etat bien entendu, à la manœuvre comme Samu.
Peu de concret est sorti de cette réunion, chacun des participants, apparemment se refusant à étaler son jeu, en l’occurrence à dire ce qu’il entend mettre au pot chaque année pour sauver ce musée.
Seuls deux participants ont en revanche annoncé qu’il entendait participer financièrement, mais sans citer de chiffres précis : Laurent Wauquiez, un peu plus tard, lors de ses vœux au Conseil régional : «Je ne veux pas d’une région qui soit passive. En ce ce qui concerne le Musée des Tissus, la Région est prête à y aller, elle est prête à investir… », a-t-il assuré .
Unitex veut créer une Fondation
Autre partenaire qui s’est dit prêt à mettre au pot : les professionnels du textile réunis sous la bannière Unitex qui ont annoncé la création d’une Fondation.
Une prochaine réunion doit avoir lieu d’ici deux à trois semaines pour entrer enfin dans le concret : pour savoir qui met quoi sur la table. Et définir la future gouvernance du musée.
Ce serait tout-de même le diable si ces partenaires ne trouvaient pas un accord pour mettre sur la table 1,7 million d’euros, somme tout de même modique au regard de l’enjeu.
Ou plus, car pour Michel Delpuech, préfet du Rhône, il s’agit en fait de donner plus de moyens au musée à l’avenir pour qu’il rayonne encore plus, conformément à la richesse de ses collections. Si c’est in fine le cas, la crise en cours aura été salutaire, mais il va falloir vite entrer dans le dur…